Minuscule pays d’exception au large de la côte Est de Grande-Terre, La Désirade déploie ses charmes, après près de 500 ans de vie autarcique pour quelques centaines de Robinsons.
A l’ombre de Marie-Galante et des Saintes, îles sud de l’archipel guadeloupéen, la petite Désirade, terre avancée sur la côte Atlantique, ne manque pas d’attraits !Elle a eu le charme, 500 ans plus tôt, d’une halte tant attendue par les marins de Christophe Colomb, après une traversée interminable de 45 jours et 45 nuits. Depuis, l’île qu’ils baptisèrent Deseada (« la Désirée »), est devenue La Désirade pour quelques familles françaises qui l’ont rapidement adoptée comme terre d’élection.
Emigrés volontaires pour certains, exilés de force pour d’autres durant le 18ème siècle, les Babin, Dolomie, Nacréon, Robin, Villeneuve, Mirre, Pic ou Saint Auret sont aujourd’hui les maîtres des lieux. Au total, 36 familles désiradiennes ont fondé cette communauté autarcique de 1700 habitants environ où blancs, métisses, noirs et indiens s’y côtoient de longue date sur un pied d’égalité.
Le bout du monde
Port de Saint-François, 8h00 : départ vers la Désirade de la première des deux seules navettes de la journée. Passée la Pointe des Châteaux de Grande-Terre et après une heure de traversée, le petit port de pêche de Beau Séjour apparaît comme une terre promise. Le tourisme est la seconde ressource de l’île.
A deux pas des quais, l’Office renseigne les hôtes de la journée sur les bons coins de l’île, les vues imprenables à ne pas manquer et le chemin pour rallier les merveilleuses anses de sable blanc plantées de cocotiers qui bordent une large part du littoral.
Pour découvrir l’île dans toute sa splendeur, suivre la départementale 207, seule route de l’île, et cap vers la pointe des colibris, la côte Nord et ses falaises abruptes ou encore la pointe Est, bout du monde des Amériques face à l’Europe.
A pied, la vue au sommet de la « grande montagne » de l’île (237 mètres) se mérite ! La fraîcheur d’une petite chapelle plantée au sommet, un tour d’horizon à 360 degrés du village, des plages, du sommet du Morne Souffleur (207 mètres) et de la canopée alentour, est la récompense de cette ascension.
Développement raisonné
Petite, d’une superficie de 11 kilomètres de long sur 2 de large, l’île ne peut guère accueillir chaque jour plus de 100 à 150 touristes, même si un projet en cours de troisième navette quotidienne est finalement mené à terme !
L’île ne compte guère que deux hôtels en tout et pour tout, d’une capacité totale de 20 chambres. Et si les formules de gîtes et de chambres d’hôtes sont nombreuses par ailleurs, la capacité d’accueil de l’île n’excède pas 250 personnes.
Pas de risque donc de voir ici la population doubler en pleine saison !Accueillants, chaleureux, les désiradiens sont toutefois des iliens dans l’âme et des pêcheurs avant tout. Les 60 bateaux de l’île et leurs 390 marins réalisent 45% de la pêche totale en Guadeloupe.Une bonne adresse donc pour apprécier les produits de la mer, même si une large part de la pêche quotidienne, alimente le jour même les marchés de Basse-Terre et de Grande-Terre.
C’est attablé à la « Payotte » sur la baie Mahault ou à l’un des six autres restaurants de l’île que vous dégusterez un blaff – un court-bouillon de poissons locaux – ou quelques crabes farcis.
Avec un peu de chance, une succulente mais rare langouste royale, un « touffé de requin » ou même une aussi surprenante que délicieuse préparation de l’étrange poisson coffre, seront au menu.
Paysages exceptionnels, cuisine savoureuse et diététique, rencontres enrichissantes forment une recette réussie pour cette destination faite de terres sauvages et de grands espaces bordés de bleus.
Textes Eric Hiller, photos Michel Renaudeau
Fêtes à la DésiradeSi une grande fête en l’honneur du cabri est organisée chaque mois d’avril, si la plupart des fêtes chrétiennes sont célébrées par les désiradiens et que la fête de la musique y résonne également à chaque solstice d’été le 21 juin, le grand rendez-vous de l’année est ici la fête patronale ! Elle est organisée du 14 au 17 août sur la plage à « Fifi » .
Rencontres sportives, élection de miss Désirade, retraite au flambeau, tournois de basket ou de belote, figurent notamment au menu de cette fête continue sur quatre jours. Pour se clore les 16 et 17 août, avec la fête des marins et, le lendemain, par un souvenir aux disparus en mer de cette île de marins.