Le meilleur spot au monde pour assister à la danse nuptiale des baleines à bosse.
Les consignes sont répétées en anglais, espagnols et français. Kim Beddall, fondatrice du Whale Watching dans la baie de Samana, rappellent les règles : pas question de s’approcher à moins de 80 mètres s’il s’agit d’une mère et son petit, de naviguer à plus de 5 noeuds. L’observation est limitée à 20 minutes au plus. Et inutile de rêver de se jeter à l’eau pour tenter de nager au milieu de ces sympathiques mastodontes.Kim Beddall prévient enfi n, elle ne peut jurer que les baleines à bosse se montreront.Elles devraient être pourtant nombreuses.Nous sommes début février, à la bonne période. Les scientifiques estiment que 250 spécimens au moins sont présents autour de la péninsule de Samana à la mi-février pendant la période la plus intensive. Au total 1 000 d’entre elles croiseraient, ici, le long des côtes dominicaines de janvier à Mars.
Elles ont achevé leur long chemin depuis l’Atlantique Nord pour venir se réchauffer et se reproduire sur le littoral des Antilles notamment à Samana. Il y a donc une bonne chance d’apercevoir au moins le dos, les nasaux et les nageoires d’une ou deux Jubarte. Patience, patience, la nature décide…
En fait, après un petit temps de navigation nous serons comblés. Là-bas au loin, deux formes se dessinent. Kim les a déjà cataloguées : « une baleine et son baleineau probablement ».
Le bateau vire et prend la direction indiquée. La tension monte. Jumelles et appareils guettent.Les deux baleines ont très vite replongé. Kim calcule : « dans trois ou sept minutes, elles remonteront pour respirer ». Juste. Le baleineau revient, caracole comme un dauphin. Le museau de sa mère puis une impressionnante nageoire pectorale émerge.
Les deux sont maintenant proches, comme prêts à jouer avec nous. Elles plongent à nouveau, refont surface à un autre endroit. Cette fois la mère se dresse davantage, le baleineau paraît s’enhardir. Ce cache-cache se renouvellera cinq fois.
Chanceux, bouche bée, nous aurons droit au clou du spectacle : un saut complet hors de l’eau avec une retombée spectaculaire dans une gerbe d’eau. Spectacle émouvant, car on s’imagine brusquement à l’aube du monde, à un temps où la planète n’était que mers et terres infinies.
Un monde où des centaines de ces géants des océans, longs de plus de 15 mètres pour les plus petits, de 36 mètres et de 60 tonnes pour les plus gros, envahissaient la baie pour se livrer à leurs mystérieux et intangibles rituels amoureux.
Inquiétudes
« Les baleines Jubartes sont toujours joyeuses durant l’époque de reproduction. Elles sont également d’incroyables voyageuses. Entre les côtes de la Nouvelle Angleterre, Terre-Neuve, le Groenland et l’Islande, où elles se nourrissent l’été, et Samana, les Bahamas, le Venezuela, où elles viennent procréer et allaiter les nouveaux-nés, les distances sont de 2 100 km à 5 500 km.
Ce qui est inadmissible, c’est qu’elles soient toujours autant pourchassées et menacées » explique à bord un spécialiste qui assiste Kim Beddall. Luxembourgeois, vétérinaire spécialiste des mammifères marins, Pierre Gallego représente son pays à la Commission Baleinière Internationale.
« 88 pays y adhèrent mais certains veulent encore chasser la baleine. Il y a même des demandes pour entamer de nouvelles chasses commerciales, notamment le Japon qui continue à tuer 1 500 baleines chaque année (dont 1 000 dans le sanctuaire international de l’Antarctique) sous le couvert d’une chasse soit disant « scientifique ». La Norvège et l’Islande chassent également la baleine » explique Pierre Gallego.
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La grand-mère Salt
L’expert dénonce l’ambiguïté de la convention internationale qui a réussi à imposer un moratoire pour la chasse commerciale en 1982 mais permet à chaque pays de fixer ses propres quotas quand il s’agit de chasses à « but scientifique ».
Ce moratoire, reconnaît-il, a toutefois permis à certaines espèces de baleines de se remettre doucement.
« La baleine à bosse est un bon exemple. La population est en train de se reconstruire. Pour d’autres espèces qui ont été chassées presque jusqu’à l’extinction, on ne dispose pas d’informations suffisantes. C’est le cas de la baleine bleue. Aujourd’hui on ne sait même pas où elle se reproduit » rapporte Pierre Gallego.
La ténacité des Whale Watching à travers le monde reste donc importante pour sensibiliser et mobiliser chacun.
Elle permet surtout de rassembler des données précieuses. Sur les 15 000 à 16 000 baleines à bosse de l’Atlantique Nord, 5 000 ont été photographiées et identifiées. Salt est la plus connue. Répertoriée pour la première fois en 1975, et photographiée régulièrement dans le golf du Maine ou à Samana, elle a eu douze baleineaux.
Parmi eux, Thalassa née en 1985, a été la première femelle de Salt à mettre bas en1992. Salt porte donc depuis cette année là le titre de première grand-mère baleine à bosse del’Atlantique Nord.