Une A�chappA�e dans le temps. Bienvenue au SiA?cle des LumiA?res dans la��oeuvre maA�tresse de son architecte visionnaire, Claude-Nicolas Ledoux, pour un week-end trA?s patrimoine, belles pierres, musA�es, expositionsa��Mais pas quea�� La rA�gion a aussi de belles ressources gastronomiques et vinicoles.
Cap A� la��est. Direction la Franche-ComtA�, aux marches du pays, face A� la Suisse, dans ce Jura qui dans mon souvenir da��A�colier est juste un grand croissant sur la carte, sous la grosse tA?che qui reprA�sente les Vosges.where can i buy diprolene . Avouons-le, sauf A� A?tre amateur de ski de fond, oA? A� faire partie de la confrA�rie des amis du vin jaune que certains ne se contentent pas da��utiliser en cuisine mais dA�gustent avec un grand plaisir, on ne pense pas spontanA�ment A� en faire une destination de week-end.
Que les Franc-comtois nous pardonne ce prA�jugA� de Parisien snob. Ce na��est qua��A� nous qua��il fait du mal. Et cette A�chappA�e pour dA�couvrir, enfin, la Saline Royale da��Arc et Senans a bien remis les choses A� leur juste place.
Y compris da��ailleurs pour le vin jaune au goA�t si particulier mais dont on commence maintenant A� comprendre la haute rA�putation aprA?s une initiation sur le terrain oA? la��on a appris A� apprA�cier ses saveurs minA�rales.
La Saline Royale. Le nom fait rA?ver. Il pose la��endroit comme un lieu prestigieux. Un de ces lieux de mA�moire de la gloire passA�e. La��un des 1001 lieux qua��il faut avoir vu dans sa vie. Elle est da��ailleurs classA�e au patrimoine mondial de la��Unesco depuis 1982. Ca��est dire que nous avons quand mA?me perdu beaucoup de temps pour aller la dA�couvrir.
Quoiqua��il soit possible qua��on ait eu raison da��attendre un peu vu tout le travail qua��a fait le dA�partement du Doubs pour la rA�habiliter et y implanter notamment une trA?s belle musA�ographie. Et des chambres da��hA?tes, rA�cemment rA�amA�nagA�es par la��architecte Jean-Michel Wilmotte.
Pourquoi tant de colonnesa��
DA�couvrant ce monument de style nA�o-classique, un peu solennel avec ses hautes colonnades, son plan demi-circulaire symA�trique, on ne rA�alise pas bien qua��il sa��agit en fait da��une architecture industrielle. Ca��est A� la��origine une simple usine A� fabriquer du sel construite par la volontA� du roi Louis XV entre 1775 et 1779.
Un monopole royal, source du principal impA?t, la gabelle. Et la Franche-ComtA� est une grande rA�gion de salines avec les nombreux gisements de sel gemme du Jura qui transforment en saumure le rA�seau hydraulique souterrain.
Salins les Bains, A� quelques kilomA?tres A� la��est da��Arc et Senans, est depuis le Moyen-Age, le grand centre de production du sel. Mais ce centre sa��A�puise.
La saumure est moins salA�e et les forA?ts proches sont exsangues. La technique de chauffage de la saumure consomme A�normA�ment de bois. La construction de la nouvelle usine est confiA�e A� la��architecte Claude-Nicolas Ledoux.
La��homme est brillant et mondain. Il a 37 ans et a ses entrA�es A� la Cour. Il a dA�jA� beaucoup construit, dont un A�utileA� pavillon de Louveciennes pour la du Barry, maA�tresse du roi. Il se rA�clame de Palladio, la��architecte italien qualifiA� de nA�o-classique parce qua��il mettait des colonnes partout dans ses superbes villas de VA�nA�tie.
Claude-Nicolas Ledoux fait de mA?me et surprendra jusqua��au roi en proposant des plans qui abondent en colonnades. Une vision architecturale esthA�tique et grandiose qui apparaA�t A� la��A�poque dA�calA�e pour des bA?timents industriels. Le roi se demande: A�pourquoi tant de colonnes, elles ne conviennent qua��aux temples et aux palais des roisA�.
Ca��est justement lA� que Ledoux est exceptionnel et visionnaire.Avec ses colonnes, il anticipe. Demain, le peuple aussi aura droit aux colonnades. On est 10 ans avant la rA�volution. Et aprA?s-demain, les usines seront les nouveaux temples de la rA�volution industrielle.Mais sans doute devons-nous au roi, qui a retoquA� les premiers plans et A�liminA� quelques colonnades, da��avoir aujourda��hui sous nos yeux un ensemble magnifiquement A�quilibrA� de bA?timents disposA�s en arc de cercle face A� la Maison du Directeur, seule, avec le bA?timents des gardes de la��entrA�e principale, A� avoir conservA� une puissante colonnade en ordre dorique.
Elle est flanquA�e de part et da��autre des corps des bernes, les bA?timents oA? le sel est produit A� partir de la��A�vaporation dans da��immenses poA?les de la saumure
acheminA�e depuis Salins par un antique pipe-line fait de troncs da��arbres A�vidA�s.
MusA�es et expositions
Ca��est dans le pavillon A� la��est que logeaient les gabelous chargA�s de taxer le sel. Les plus belles chambres da��hA?te y sont aujourda��hui implantA�es. La Maison du Directeur est devenue un musA�e trA?s bien fait sur cette histoire du sel en Franche-ComtA� et A� la Saline Royale.
De trA?s belles salles voutA�es dans les caves abritent aussi des expositions temporaires, A�Jean-Jacques Rousseau et les jardinsA� au cours de notre visite. Et un autre bA?timent, la tonnellerie, est devenu le musA�e Claude-Nicolas Ledoux, un passionnant parcours dans cette architecture utopique.
Une exposition permanente dans un bA?timents des berniers retrace la��histoire da��Arc et Senans. Les berniers A�taient les ouvriers du chauffage qui logeaient lA� avec leurs familles de mA?me que les saulniers, les ouvriers producteurs du sel. Ajoutez A� cela un festival de jardins implantA� tout le long de la��arc de cercle.
Beau programme pour le week-end. A dA�rouler lentement, en prenant le temps de se promener sur cette prairie en demi-cercle da��oA? les perspectives sur les bA?timents sont multiples et donnent une sensation de perfection.
La nuit tombA�e, une mise en lumiA?re, A�SynoptiqueA�, rA�alisA�e par la��artiste A�clairagiste Michel Verjux, souligne da��autres rythmes et fixe de nouvelles images des bA?timents sur lesquels on peut se projeter en ombres gA�antes.
Et avant de partir A� la dA�couverte da��Arbois, capitale du vin du Jura et adresse da��un fameux 2 A�toiles, on aura une pensA�e A�mue pour ces A�lus du Doubs qui ont su sauver cette merveille en la faisant racheter par le dA�partement en 1927 alors qua��elle sa��autodA�truisait inA�luctablement depuis la��arrA?t de la production de sel en 1895, passant de mains en mains jusqua��A� servir de cantonnement A� la��armA�e allemande en 1940.
Textes & Photos Dominique Bouchet