On est en plein Luberon, sur la départementale qui mène de Lourmarin à Cucuron. Somptueux décor pour des balades nez au vent, idéalement dans une décapotable. Et bientôt, sur la droite, presqu’à l’entrée de Cucuron, un grand bâtiment contemporain, rectangulaire tout en longueur, presqu’incongru par sa monumentalité luxueuse dans ce paysage de vignes, La Cavale, le chai du dernier rêve de Paul Dubrule, l’un des deux fondateurs du groupe hôtelier Accor, un palais pour son vignoble du Luberon. Arrêt obligatoire. Vaut même le détour.
Décidé en février 2013, livré au printemps 2017, ce chai monumental est signé Jean-Michel Wilmotte. L’architecte est réputé, auteur notamment d’un autre presqu’aussi monumental chai au Château Thuerry à Villecroze et des aménagements hôteliers du Château Menthone dans le haut Var, de la cathédrale orthodoxe russe sur les bords de Seine à Paris et surtout de nombreux immeubles de bureaux. L’imagination n’est pas vraiment au pouvoir mais c’est toujours très soigné, très bon chic ,bon genre. Propre et consensuel. Le chai de La Cavale n’échappe pas à cette règle. Un long mur de 80 m de long par 8 m de hauteur avec l’entrée des visiteurs et une rampe d’accès pour les véhicules chargés de raisins qui sont déversés depuis la terrasse au niveau 1 à l’arrière du bâtiment sur un tapis de triage et dans les cuves. On est dans le Parc national du Luberon et il a fallu respecter ses contraintes. Challenge brillamment remporté par Wilmotte et Paul Dubrule qui ont utilisé pour ce long mur et l’entrée cathédrale de la pierre du Luberon, chacune d’elle ayant été taillée à la main pour un savant appareillage.
Les salles d’accueil des visiteurs et de dégustation des vins sont un écrin très haut de gamme pour les vins de la propriété dans les trois couleurs, une production que Paul Dubrule a entrepris de hisser vers le haut. On y trouve aussi une sélection de producteurs locaux de truffes, de miel de lavande, d’huile d’olive et d’art de la table.
Parmi les huit cépages du domaine, grenache rouge et blanc, syrah, clairette, ugni-bland et vermentino, cinsault, il y a aussi le vieux carignan de la parcelle de Garrigue, sur des cailloux, des galets roulés de la Durance qui emmagasinent la chaleur le jour et la restituent la nuit. Il entre dans l’assemblage de La Cavale rouge, une cuvée puissante à près de 20 € la bouteille. Avec les « Petite » Cavale » dans les trois couleurs d’entrée de gamme à 11,50 €, La Cavale en rouge et en blanc, et la Grande Cavale, seulement en rouge les années d’exception, 2012, 2015… à 40 €, le domaine de Paul Dubrule est passé en quelques années d’une production axée sur le volume de qualité médiocre où il perdait 50% sur chaque bouteille, à une production plus réduite et de qualité. Les 60 ha, puis 53 ha de 2010 sont devenus 40 ha recentrés sur les meilleurs terrains avec une conversion vers le bio qui sera achevée l’an prochain. Une démarche conduite par son maître de chai Jean Paul Aubert aidé par un vigneron très réputé dans le Rhône, un « sorcier » du Crozes-Hermitage, Alain Graillot dont le vin a été trois fois classé parmi les 10 meilleurs du monde par la revue de référence Wine Spectator.
Avec lui, c’est un retour aux fondamentaux. Les « bas fonds », ces sols saturés d’argile sont abandonnés. Seuls sont conservés les sols caillouteux de graves alluvionnaires. Une philosophie assez simple mais radicale. » Tant qu’il y a des désherbants, on ne peut pas produire de grands vins de terroir ».
La vinification se fait désormais par gravité dans le nouveau chai, les raisins étant déversés depuis le toit-terrasse dans le conquet, puis le pressoir avant l’élevage dans des foudres de 30 hectolitres, choisis car avec eux c’est » le bois sans le bois » affirme Alain Graillot qui estime que c’est la contenance idéale pour les vins du sud.
La métamorphose du domaine est faite en trois ans.
La Cavale, comme le voulait Paul Dubrule, c’est maintenant un haut lieu de l’oenotourisme des vins du Luberon avec ce spectaculaire chai et des vins parfaitement à leur place dans ce décor très haut de gamme. Plus sensible au blanc et au cépage vermentino appelé aussi rolle en Provence, qu’aux rosés et aux rouges du sud, j’ai trouvé que celui de La Cavale était très réussi. Le lieu, très accueillant et reposant, peut être l’occasion d’un bon moment de dégustation. De nombreuses formules sont proposées. Et les terrasses, face aux vignes ou sur le toit, sont de jolis endroits.
Photos©Dominique Bouchet et DR.
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