




« Libres expressions » : l’œil de Jean-Claude Gautrand en 350 photos sur près de 60 ans.
Il y a quelques semaines, nous vous parlions de l’exposition d’Albert Latour « Regard sur la forme », qui se tient au musée Réattu d’Arles jusqu’au 6 octobre prochain, (TS&L Week-end du 12 mai 2024). Le musée Réattu , premier musée en France a avoir accueilli des œuvres photographiques dès 1963, rend cette fois-ci hommage à Jean-Claude Gautrand à travers une nouvelle et superbe exposition : « Libres expressions », qui déploie de 1957 à 2010, une œuvre photographique en noir et blanc impressionnante de force et de justesse, tant par les thèmes traités que par l’extrême qualité des tirages présentés.
La puissance de l’image restituée par l’œil de ce grand photographe parle davantage que bien des discours, et nous éclaire sur ce qu’il veut nous dire des époques traversées, que son regard soit poétique (séries « Rythmes », « Reflets », « Paysages », « Les grotesques », « Paris la ville », « Paris parcs et jardins » …) historique (« L’assassinat de Baltard », « Metalopolis », « La mine », « Les boues rouges », « Les murs de mai 1968 », « Mémoire des temps » avec « Oradour-sur-Glane » ou encore « Le camp de Natzweiler-Struthof »…) et parfois mélancolique (« Le jardin de mon père »).
Photographe, journaliste, écrivain, commissaire d’exposition, collectionneur, historien de la photographie française, Jean-Claude Gautrand, né dans le Pas-de-Calais en décembre 1932 et mort à Paris en 2019, se passionne pour la photographie ; il découvre l’œuvre d’Otto Steinert (photographie subjective) qui inspire sa propre « écriture » graphique et poétique.
En 1963, date de sa première exposition, il fonde le groupe Gamma en réaction au conformisme pictural, et cofonde le groupe d’avant-garde « Libre-expression » avec Jean Dieuzaide, Pierre Riehl, Georges Guilpin, André Bilet, André Senil …
En 1964, il adhère au club photographique de Paris, groupe des 30 X 40, et publie son premier livre en 1968 (rejoint au fil des années par nombre d’ouvrages et de monographies de référence).
En 1970 c’est le « temps des copains » comme il aimait à le rappeler, avec la première édition des « Rencontres de la photographie » à Arles, qui réunit pères fondateurs (le photographe arlésien Lucien Clergue, l’écrivain Michel Tournier et le conservateur du musée Réattu Jean-Maurice Rouquette), et amis de la première heure (lui-même, Denis Brihat, Jean-Pierre Sudre, Jean-Philippe Charbonnier, Bernard Perrine, Jean Dieuzaide), qui ne se lasseront jamais d’animer et porter au plus haut ces Rencontres, lesquelles accueilleront au fur et à mesure des éditions successives, de célèbres photographes étrangers, en particulier américains, parfois inconnus en France.
Cette manifestation révèlera au grand public et aux medias ce qu’est la création photographique à une période où elle était parfaitement ignorée, faisant d’Arles ce qu’elle est aujourd’hui : la capitale de la photographie mondiale.
Artiste-photographe, inlassable observateur d’époques qu’il marque de puissants témoignages visuels ou écrits, Jean-Claude Gautrand est et restera l’un de ceux qui aura œuvré à la reconnaissance de la photographie en tant qu’expression artistique à part entière. Une exposition à ne manquer sous aucun prétexte !
L’exposition « Libres expressions » fait partie de la séquence « Arles Associé » des rencontres d’Arles, et se tient jusqu’au 6 octobre 2024.
Musée Réattu – 10 rue du Grand Prieuré – Arles – http://www.museereattu.arles.fr/







