Au climat tropical des Caraïbes et au mont Pelée, un volcan actif par intermittence, la Martinique doit une végétation luxuriante. A découvrir dans toute sa mesure en poussant un peu à l’intérieur des terres.
Sur cette terre de France éloignée que les créoles ont nommée l’île aux fleurs, le vert domine. Ce vert des fougères arboricoles au nord, de la forêt tropicale et des plantations au sud, tranche avec le bleu azur des deux mers qui baignent l’île.Ici, tout pousse. Seules les contraintes des marchés économiques auront, avec le temps, décidé de la prédominance actuelle de la canne à sucre et du bananier sur le cacao. Voilà pour les stars de l’agriculture martiniquaise.
A leurs côtés, on trouve facilement sur les étals des marchés, mangues, ananas et autres fruits tropicaux, légumes variés et fleurs aux couleurs chatoyantes, cultivées ou sauvages.
Riche, l’agriculture martiniquaise doit toutefois s’accommoder d’un terrain accidenté. Sur les collines qui prédominent dans le sud, les travaux agraires sont affaire de main d’œuvre et d’entre-aide. Nous avons pu en juger, à l’occasion d’une journée « festive » de labourage organisée près du village de Fonds-Saint-Denis.Labourage en fête
8 heures : aux participants courageux, un petit déjeuner traditionnel copieux avait été préparé. Eau de coco, jus de fruits frais, café, chocolat « première communion » des plus épais, madou – une boisson à base de plantes généralement réservées aux lendemains de fête…- et ti-nain morue, plat cuit qui accommode le poisson à l’une des nombreuses variétés de bananes martiniquaises, figuraient à ce menu d’exception.
Sur ce terrain pentu, le labour se fera obligatoirement à la main. Face à nous, une vingtaine d’hommes et de femmes armées de bêches. En avant-garde, un groupe entaille en rythme la terre sèche. A l’arrière, un second casse les mottes et aplani minutieusement les sillons.En haut du champ, un orchestre dépêché par une association locale donne le tempo de cette journée, à la fois si singulière pour le visiteur et si traditionnelle pour l’agriculteur contraint depuis toujours de composer avec le relief accidenté de ses champs.
Au moment du déjeuner sur place, le rythme soutenu des laboureurs encouragés par les musiciens, aura permis de retourner la moitié du champ, mètre après mètre. Avec le soleil au zénith, les mouvements se font plus lents, pour s’interrompre quelques heures plus tard. Une seconde journée sera nécessaire pour terminer le travail.
La canne à sucre, du champ à l’alambic
merck propecia.
Egalement coupée à la main pour 30% de sa production, la canne à sucre est largement réservée aux sept producteurs de rhum martiniquais. Les marques Dillon, La Mauny, Clément, Le Simon, Saint James figurent parmi les appellations martiniquaises qui garnissent nos rayons de vins et spiritueux sur la métropole.
Cette petite production insulaire – 2 millions de litres par an face aux 3 milliards produits dans le monde – bénéficie depuis quelques années de l’appellation « rhum agricole » garante d’un procédé de fabrication homogène et du respect de normes de qualité. Une visite du domaine de La Mauny, l’une des sept distilleries martiniquaises, est l’occasion de découvrir un procédé de fabrication bien rôdé.
Coupée, broyée, mélangée à de l’eau pour former un jus, la canne à sucre est ensuite fermentée 24 à 36 heures dans des alambics géants de cuivre ou d’inox. Un séjour en tonneaux, d’une durée laissée à l’appréciation du maître de chais, donnera à chaque rhum sa saveur particulière.
Spécialités antillaises à la fraîche
En accompagnement d’une dégustation de la production de la distillerie, Prisca nous fait déguster en fin de journée quelques-unes de ses spécialités. En véritable cordon bleu et spécialiste de la cuisine antillaise, elle nous fait déguster une sélection de trois ou quatre recettes, parmi la centaine qu’elle présente sur son site.
Mais finalement, rien ne vaut la pratique pour découvrir vraiment les secrets de la cuisine locale.Ce soir, un atelier de confection d’accras de morue est improvisé. Verdict à la dégustation, après quelques minutes de « labeur » culinaire.Une façon agréable de clore activement une journée, au cours de laquelle la fougue des rayons solaires invite plus volontiers au repos et à la baignade.
Un jardin extraordinaire
A quelques kilomètres de Fort de France et de la mer, le décor paradisiaque du jardin de Balata invite à la poésie et à la détente. Entre les hibiscus et les palmiers, nichés dans des buissons d’anthuriums, à l’ombre d’une rose de porcelaine ou d’un héliconias, petits lézards et colibris se font discrets à l’approche des visiteurs.
Au détour des sentiers, quelques ponts suspendus permettent de prendre de la hauteur de vue sur cet ensemble botanique d’exception.
Imaginé et réalisé en quatre ans par l’horticulteur paysagiste Jean-Philippe Thoze, le jardin de Balata est, depuis son ouverture en 1986, une des merveilles de la Martinique à ne pas manquer. Moyennant un droit d’entrée de 12,5 € par adulte et 7 € par enfant.
Textes et photos Eric Hiller