
La balade sur les pentes, autrement dit du plateau de la Croix Rousse à la place des Terreaux à la fameuse fontaine équestre monumentale de Bartholdi, entourée de la mairie et du musée des Beaux Arts, marquée au sol par les rayures blanches et noires et les minis jets d’eau de Buren, cette balade donc est l’une des curiosités de Lyon. A faire plutôt dans le sens de la descente le regard attentif sur les murs, supports « officiels » d’un Street Art quasi institutionnel pour les uns ou réceptacles d’oeuvres sauvages d’artistes de plus en plus reconnus.
Sur le plateau de la Croix Rousse, à la station de métro Hénon, le célèbre Mur des Canuts dans sa version actuelle. Les versions antérieures du Mur des Canuts, reproduites à côté de la version actuelle. Détail du Mur des Canuts
Le célèbre Mur des Canuts sur le plateau de la Crois Rousse, point de départ de cette balade à faire l’oeil aux aguets et plutôt en l’air, a cette particularité qu’on n’y voit quasiment pas de canuts, à l’exception dans sa version actuelle d’une boutique « Rêve de soie » au niveau de la rue. Il montre en revanche d’authentiques habitants de la Croix Rousse qui pour beaucoup d’entre eux habitent dans les anciens appartements ateliers des canuts aux plafonds très hauts pour accueillir les métiers à tisser. Avec ses 1200 m2 de surface, cette fresque revendique être la plus grande d’Europe. Sa première version date de 1987, réalisée par une coopérative d’artistes lyonnais créée en 1978, CitéCréation. On peut découvrir les versions antérieures de 1997, 2002 et 2013 et celle d’origine reproduites en miniatures sous le porche à gauche.
Comme beaucoup de murs peints de Lyon, quelques 65 sur les 150 recensés, le Mur des Canuts appartient à la ville qui a fait du Street Art un art quasi officiel avec avec un large consensus des Lyonnais. Ces fresques sont respectées même par les taggeurs les plus « anars » qui par ailleurs se déchaînent sur les pentes. Les oeuvres de ces derniers sont éphémères ou pas, les propriétaires ayant la possibilité de passer des conventions » façade nette » avec la mairie.
Une céramique d’Invaders Le fameux escalier bleu du passage Mermet signé Wenc, un architecte street artiste bruxellois. Place des Tapis, la fresque à durée annuelle initiée par Mur 69 maintenant remplacée par une nouvelle sur le thème de la terre signée Abys2fly.
Nombre d’artistes sont devenues des signatures reconnues, Don Matteo, Big Ben à qui l’on doit les célèbres yeux de David Bowie et tout récemment un Poutine aux colombes de la paix ensanglantées, Brush, bydav, Methyl’N, THJF, Kesa, Invaders et ses céramiques présentes aussi à Paris et ailleurs dans le monde, Emenem et ses céramiques qui corrigent les accidents du sol et trouvent refuge dans les nids de poule, Zorm… Place des Tapis, ce grand mur aveugle tout proche de la statue du chant des canuts est régulièrement renouvelé par l’association de promotion des arts urbains ( une de plus à Lyon) Mur 69. Un tout récent appel à projets a permis de sélectionner quatre street artistes sur les thèmes de l’eau, l’air, le feu, la terre, chaque élément sur un mur, place des Tapis pour la terre, une fresque signée Abys2fly, quai Gillet pour l’eau par Spone, le feu rue Hénon par Cous et l’air rue Duviard par Rémi Cierco.
Le célèbre et onirique escalier bleu du passage Mermet, réalisée par le peintre et architecte bruxellois Wenc est l’oeuvre collective de l’association « Quartier Capucins Lyon les pentes ». Très représentatif de cette appropriation par les Lyonnais de ce nouveau patrimoine urbain.
Une céramique d’Emenem qui bouche un nid de poule de la chaussée.
Le très récent Poutine-vampire de Big Ben, l’une des plus réputées signatures du Street Art lyonnais. Les yeux vairons de David Bowie rue Nayret signés Big Ben. Au pied des pentes, côté Saône, quai Saint Vincent, le Mur des Lyonnais célèbres, autre fresque murale « institutionnelle ». Ici, Bernard Pivot. Paul Bocuse en sa majesté sur le Mur des Lyonnais célèbres. Le Mur des Lyonnais célèbres, un immeuble entier sous toutes ses faces, quai Saint Vincent en bord de Saône. Des lions à Lyon.
L’Office de tourisme publie une carte où sont localisés les principaux murs peints. On y voit qu’on peut en découvrir beaucoup d’autres côté rive gauche du Rhône, dans les 6ème, 7ème et surtout 8ème arrondissement, quartier des Etats-Unis non loin du musée Tony Garnier, grand architecte lyonnais du début du XXème siècle, architecte-urbaniste entre autre de ce nouveau quartier voulu par Edouard Herriot célébré sur « Les murs peints des cités idéales ». C’est un peu excentré mais c’est une bonne prolongation de la balade sur les pentes.
ONLYLYON Tourisme et Congrès, l’office de tourisme de la ville, propose des visites guidées à pied d’environ 2 h sur les pentes seulement. au départ du Mur des canuts pour 13 € par personne
… et à manger
En bas des pentes, côté quai de Saône, une halte raffinée pour déjeuner, des nourritures terrestres après une matinée de nourritures spirituelles. L’Atelier des Augustins, dans un espace typique canut, haut plafond, salle en mezzanine, propose uniquement son menu-surprise à 27 € pour 2 plats et 39 € pour 3 plats. Il dépend uniquement de l’humeur/inspiration du Chef Nicolas Guilloton et des produits du marché du jour.
Le jour de notre déjeuner, bouillon de légume de grand-mère et tartelette aux noix pour commencer, suivi d’Une balade en Isère avec une émulsion et cube d’héliantis à la truffe noire avec des noix de Grenoble et un jaune d’oeuf macéré au café. Trois plats au choix: Aux sources de la Loire avec de l’anguille fumée laquée et tiédie au jus de « Paris » brun accompagnée d’une salade de navets daikon fermentés assaisonnée d’estragon et de clémentine. Ou Les eaux de la Dombes représentées par de l’omble chevalier de chez Eric Murgat et cresson de Jean-Yves Simian.
Les amateurs de viande choisiront plutôt Le déjeuner dominical chez Mamie… Autrement dit un suprême de pintade de chez Mieral au barbecue avec du pamplemousse, du chou farci aux cuisses et jus parfumé à la tagète.
Les becs sucrés exploreront les saveurs d’un Retour sur les cols blancc d’Isère, praliné, noisette, truffe et champignon de paris brun, ou préféreront Au pied du verger de Chasselay, une racine: le réglisse; une feuille: la mélisse; un fruit: la poire. A moins qu’un nuage caramélisé de bergamote, praliné et sarrazin avec un baba à la liqueur de Citron du Roulot et estragon
Parions que la simple lecture de ce menu est un puissant incitatif à découvrir la cuisine de Nicolas Guilloton. Aucun risque déceptif sachant que tous ces plats riches en saveurs inédites sont exceptionnels dans l’assiette.
latelierdesaugustins.com/fr
Le Chef Nicolas Guilloton à l’Atelier des Augustins Connie Zagora, Cheffe du Kitchen Café
Autre adresse « différente » à Lyon où dominent les « bouchons » ces restaurant qui servent la traditionnelle cuisine lyonnaise, quenelles, saucisson pistaché, tablier de sapeur, cervelle de canut…, le Kitchen Café dans le 7ème arrondissement. Un menu différent chaque semaine, inspiration de la Cheffe Connie Zagora et de Laurent Ozan pour les pâtisseries et produits du marché comme il se doit.
Là aussi, originalité et saveurs peu banales sont de rigueur. Par exemple pour la semaine du 3 au 9 juin, on pourra commencer par une soupe froide de betterave avec oeuf mollet et aneth ou par un tartare de thon avec asperges et petits pois. Ensuite, la soupe de poisson est au chorizo avec du choux fleur et des tomates, ou alors ce sera du faux-filet de Salers avec une poêlée de champignons, du chermoula et des pommes de terre Delicatesse. On pourra finir par un dessert de citron crémeux & pulpe de fraises avec un sorbet basilic citronné. Le tout pour 31 € ( 2 plats) ou 35 € ( 3 plats).
www.lekitchenlyon.com
Singuliers artistes/artisans rencontrés en chemin
Petite pause dans la scrutation des murs sur les pentes à la recherche des oeuvres de Street Art vraiment intéressantes souvent parasitées par de médiocres graffitis carrément hideux, c’est un peu le défaut du genre, quelques perles et beaucoup de déchets qui défigurent la ville. L’oeil a besoin de se reposer et la halte au Village des Créateurs, passage Thiafait, près de la très belle façade de l’église Polycarpe rue René Laynaud, permet de renouer avec une création plus apaisée. Nicolas David dans son atelier-boutique Tygre est un céramiste de l’ère du numérique. Il programme ses céramiques qu’il réalise avec une imprimante 3D américaine, une Colombine 3D Potter pour ceux qui voudraient suivre le même chemin, et expérimente des formes et des couleurs très convaincantes. C’est beau et jamais vu.
Dans le passage, autrefois une traboule à usage d’habitation, on trouve maintenant les ateliers-boutiques de créateurs résidents en majorité dans le domaine de la mode, le Village des Créateurs étant un incubateur qui accompagne les jeunes marques émergentes pendant 2 à 3 ans avec le soutien de la Région, de la Métropole, de la Ville et d’un Club de partenaires.
villagedescreateurs.com
www.tygre.fr
Laiterie urbaine, la Laiterie de Lyon fait le pari d’une fabrication locale dans son laboratoire située au même endroit que la boutique de vente dans le 3ème arrondissement, au 9 rue Mortier, de fromages, Saint Marcellin, Petit Pont, Mozarella et de yaourts. 400 litres de lait sont transformés chaque semaine en provenance d’une ferme bio de Lusines.
laiteriedelyon@gmail.com
Saisissante exposition à la Sucrière
Deux journées lyonnaises un peu hors des sentiers battus, tant pour le voir que pour le manger, qu’on propose de conclure par la visite d’une exposition plus que saisissante dans un lieu à découvrir en bord de Saône vers la Confluence. La Sucrière était un grand entrepôt du temps où le quartier de Confluence était le lieu des arrivées de marchandises à Lyon par les deux fleuves. C’est aujourd’hui l’un des grands lieux de manifestations d’art contemporain et aussi d’événements divers.

« Hyperréalisme, ceci n’est pas un corps », et cela va mieux en le disant, rassemble plusieurs centaines de sculptures des maîtres de l’hyperréalisme, Duane Hanson, George Segal, Maurizio Cattelan, Ron Mueck…et quelques 25 autres.
Ces représentations du corps humain, nu, où grain de peau, couleur, plissement des chairs sont tellement semblables au réel qu’elles le déséquilibrent et provoquent un vertige. La sensation affleure que c’est plus vrai que vrai avant de revenir sur terre pour leur redonner leur statut de sculptures. Un va et vient dérangeant tout le long de cette exposition sidérante de maîtres de l’illusion.
A voir jusqu’au 24 juillet.
hyperrealismartexpo.com
Merci à Stéphanie Engelvin de ONLYLYON Tourisme et Congrès et à Laura Ducros de MONET+ASSOCIES pour leur accompagnement dans cette balade lyonnaise.