
Entre mer et montagne … Pollença et sa vieille ville.
Située à mi-chemin de l’Europe et de l’Afrique, au large de Valence et de Barcelone, Majorque (Mallorca) est la plus grande des îles des Baléares (Ibiza, Formentera au sud, Majorque et Minorque au nord).
Desservie par de nombreuses liaisons aériennes et maritimes, elle est un paradis méditerranéen et recèle bien des trésors. Connue pour ses littoraux somptueux qui attirent une foule de touristes en saison, par sa capitale, Palma – par ailleurs capitale de la communauté autonome des îles Baléares – et pour son immense champion de tennis : Rafaël Nadal, elle sait aussi être discrète, mystérieuse, diverse, confidentielle… un peu comme l’esprit majorquin (près de 900 000 habitants vivent à l’année sur l’île, dont plus de 400 000 à Palma), bien plus tourné vers la terre que vers la mer, par un réflexe salutaire conditionné au long des siècles, dû aux innombrables vagues d’envahisseurs.
Visiter des territoires moins notoires que Palma, ou les superbes baies et côtes prisées des touristes avides de mer, de folklore et de fêtes, est l’occasion d’une découverte riche de surprises.
Tour d’Albertcutx Tramuntana sur le cami de la cala Boquer Guillaume Hubert, guide érudit et endurant Surprise !
Regroupant 4 communes (Pollença, Porto Pollença, cala de Sant Vicenç et Formentor, en tout 17 000 habitants), Pollença, à l’extrême nord-ouest de l’île est l’une de ces jolies surprises. Située sur les derniers contreforts de la Serra de Tramuntana – imposant massif qui barre toute la façade, du nord à la pointe ouest de l’ile, et plonge dans les eaux turquoises de la Méditerranée en hautes falaises très découpées, et en partie posée sur le flanc du Mont Calvari (Puig Calvari), la vieille ville de Pollença mérite qu’on s’y attarde. Jolies rues pavées chargées d’histoire, marché éclatant de couleurs (tous les dimanches entre 8h et 13h30), boutiques branchées (Dada, La Coquette …), céramiques aux couleurs typiques (Terra Cuita), galeries d’art … sont autant d’invitations à la balade. Et l’on peut se restaurer à peu près partout, ce ne sont pas les lieux qui manquent (plus d’une centaine de restaurants et de cafés), du plus simple au plus sophistiqué.
Pollença Dans les jardins Joan March Marché du dimanche à Pollença Cloître Santo Domingo Début de la montée vers l’Ermitage Joan Mas, héros de Pollença Le charme des vieilles rues de Pollença
Faites un saut au Pollença Museum, dans l’ancien couvent des dominicains qui présente une étonnante collection d’art moderne et contemporain, notamment un magnifique mandala réalisé à partir de pigments de couleurs, et offert en 1990 par le Dalaï Lama. Le beau cloître adjacent (cloître Santo Domingo) accueille chaque année depuis 1961, le très réputé festival international de musique classique.
Pollença Museum
A deux pas, les jardins Joan March entourent une magnifique tour gothique médiévale, autrefois propriété de la famille Desbrull, l’une des plus anciennes de la ville. Oliviers sauvages, ifs, orangers, caroubiers, palmiers, cyprès – essences typiquement majorquines – offrent une ombre bienfaisante et servent d’écrin à la statue du héros local Joan Mas qui, à la tête des habitants de Pollença, repoussa in extremis et en dépit de lourdes pertes humaines, les assauts du redoutable corsaire ottoman Dragut, le 2 août 1550, jour commémoré chaque année lors des Fêtes de la Patrona, et l’occasion pour les habitants d’un « simulacre de la bataille entre Maures et Chrétiens ».
Jardins Joan March avec la tour Desbrull
Traversez la Plaça Major, coeur battant de la vieille ville avec ses cafés, ses restaurants, et ses étals les jours du marché, et poussez la porte de l’église paroissiale Mare de Déu des Angels, patronne de Pollença. Fondée en 1236, maintes fois transformée, ses derniers remaniements ont été achevés en 1790. L’intérieur du bâtiment présente un remarquable retable baroque dédié à la Mare de Déu des Angels réalisé entre 1752 et 1764, ainsi qu’au plafond, 14 tableaux de grande dimension représentant la Passion du Christ, huit de ces tableaux ayant été réalisés par le peintre argentin Atilio Boveri (une salle lui est consacrée au Pollença Museum), l’un des nombreux peintres qui se sont établis à Pollença au début du XXᵉ siècle.
Mare de Déu des Angels
A quelques pas de l’église, accédez à l’Ermitage du mont Calvari en empruntant les 365 marches de pierre, bordées de cyprès et par 14 croix, mais aussi de charmantes maisons typiques dotées de minuscules jardins qui jalonnent l’ascension. Depuis l’oratoire baroque du XVIIIᵉ perché au sommet, heureusement flanqué d’un petit café où l’on peut reprendre son souffle, on découvre un panorama exceptionnel qui donne toute la mesure et la beauté du lieu : mer et montagne à perte de vue dans une symphonie de bleus et de verts, rouges et ocres de la vieille ville en contrebas.
Merci à Gabriel, notre guide – et guide officiel de la ville de Pollença – pour ses connaissances et sa passion de la ville, et de son histoire.
Maisons typiques au long de la montée vers l’Ermitage En haut des 365 marches
L’Oratoire à l’Ermitage
Dormir à Pollença
Il y a beaucoup à voir alentour, alors n’hésitez pas à poser votre sac dans l’un des nombreux hôtels du cœur de la vieille ville. L’offre hôtelière est importante et nous vous recommandons en particulier 3 établissements. Le *Son Sant Jordi, est une affaire familiale où l’on se sent comme chez soi ; joli jardin avec piscine, chambres spacieuses, restaurant et accueil particulièrement agréable contribuent à faire de votre séjour un joli moment de détente. Plus contemporain, l’hôtel ** Can Auli vous charmera par ses volumes, ses lumières, et le choix d’œuvres d’artistes locaux (Jaume Roig, Jordi Alcaraz, Estefania Pomar, Jean-Marie del Moral) qui lui confère un caractère résolument branché. Mobiliers et éclairages sont signés de grands designers (Davide Groppi, Ingo Maurer, Moog, Riva, Zanotta…). Les chambres sont particulièrement soignées. La belle terrasse du rez-de-chaussée dispose d’un espace de restauration extérieur et d’une très jolie piscine. On peut y prendre ses repas. Enfin, ***Mon Boutique hôtel est également une agréable surprise, à un jet de pierre de la Plaça Mayor. Là encore dans un esprit très contemporain, il est doté de belles chambres, et surtout d’une superbe terrasse donnant sur les toits de la ville, disposant d’une piscine certes de proportions modestes, mais esthétiquement réussie.
Mon Boutique Hotel Can Auli
*Son Sant Jordi, calle Sant Jordi, 29. +34 971 530 389 – info@sonsantjordi.com / sonsantjordi.com
** Can Auli, calle de Majorca, 30. +34 871 872 500 – https://www.canauliluxuryretreat.com
***Mon Boutique Hotel, Antoni Maura,38. +34 971 533 000 / info@monboutiquehotel.com / monboutiquehotel.com
Port Pollença et sa baie
On ne peut pas parler de Pollença sans évoquer son port, et par extension, sa baie. Comme expliqué plus haut, port et ville du même nom sont fréquemment séparés par plusieurs kilomètres, il vous faudra donc en parcourir sept pour admirer la baie de Pollença, sa jolie marina, et son immense plage de sable fin en forme de croissant, cernée par l’avancée majestueuse des caps, et bordée d’une promenade donnant accès aux terrasses de nombreux cafés, hôtels et restaurants. Deux adresses à tester en la matière : un peu en retrait du port : *« Celler La Parra », établissement familial depuis 1962, et ancienne cave à vin qui a largement inspiré la décoration intérieure. Vous y dégusterez une cuisine typiquement majorquine dans une ambiance conviviale d’habitués manifestes. Avec sa magnifique vue sur la baie le **Ca’n Josep » se devait de proposer des produits de la mer, vous trouverez donc gambas à l’ail, poulpe à la galicienne, calamars frits, seiche à la plancha et toutes sortes de poissons, mais aussi de superbes paëllas, épaule d’agneau ou cochon de lait. L’assiette est belle, et l’accueil chaleureux !
*84 Caller de Joan XXIII / Port de Pollensa / Ouvert du mardi au dimanche https://cellerlaparra.com/contacto
**Calle Olivera 1 Frente al mar, / Port de Pollença https://canjosep.noaturis.com/fr_FR
Cala Barquès Péninsule de Formentor
Le phare du cap Formentor
Pollença nature
Amoureux de la nature et du plein air, vous avez trouvé votre paradis ! Nombreux sont les chemins de randonnées, que vous vous échappiez vers Formentor et son cap magnifique, que vous souhaitiez visiter les calas (l’équivalent de nos calanques), ou vous perdre sur les sentiers plus ou moins ardus des contreforts de la Tramuntana (prévoir des équipement en conséquence, oubliez tongs ou baskets trouées !)
Balade à Cala Boquer …
Comme nous l’avons évoqué plus haut, les majorquins sont plus paysans que marins. Les villes et villages sont principalement situés dans les terres, les ports – ayant été construits bien plus tard – sont généralement localisés à quelques kilomètres de leur « ville d’attache » (Polença, port Polença ).
Se balader dans ce Majorque-là, loin du tourisme de masse, c’est observer les traces des cultures passées, se griser des zones de réserves naturelles, admirer le vol des vautours-moines (+ de 120 couples recensés sur l’île), ou de vautours-fauves, respirer les effluves des pins d’Alep mêlés à ceux du romarin, écouter chanter le vent dans les branches de majestueux oliviers plus que centenaires, des palmiers-nains, des pistachiers lentisques, des amandiers et des caroubiers, admirer l’une des 55 espèces d’orchidées qui foisonnent, ou les asphodèles courageusement cramponnées au sol rocailleux, dont les chemins sont parcourus par des chèvres qui n’ont rien de sauvage, et se livrent comiquement à des festins compliqués, perchées dans d’épineux buissons. La balade de Cala Boquer vous offre ses trésors-là, et vous pourriez marcher à l’infini si soudainement l’horizon n’était pas coupé par la mer, car oui nous sommes bien sur une île, même si la majesté environnante des montagnes nous a provisoirement fait oublier le bleu de la Méditerranée, superbement sertie dans les flancs rocailleux de la Tramuntana. Et si vous souhaitez profiter pleinement de ces moments uniques, faites-vous accompagner d’un *guide qui saura vous instruire des charmes botaniques de la balade, de l’histoire et de la culture des lieux que vous traversez.
Merci à *Guillaume Hubert pour son érudition et son sourire ! Contacter « Another Mallorca » (sur Face Book)- +33 686 25 60 44
… et à Cala san Vicenç
A moins de 7 kilomètres de Pollença, la Cala Sant Vicenç, autrefois village de pêcheurs, est aujourd’hui une station balnéaire créée autour de 4 petites calas : Barquès, Clara, Molins et Carbó. Des peintres paysagistes espagnols parmi les plus fameux (Joaquim Mir, Santiago Rusiñol, Hermen Anglada Camarasa, Joaquin Sorolla), en avaient fait l’un de leurs lieux de prédilection, donnant naissance à l’école dite de Pollença, entre la fin du XIXᵉ et le début du XXᵉ siècle. L’endroit respire la tranquillité : le blanc des petits bâtiments d’habitation tranche sur le turquoise des eaux, et les bruns, verts et ocres des formations rocheuses environnantes. Paradis des plongeurs, l’endroit compte quelques vestiges d’épaves qui furent drossées contre la roche, par la violence des vents du nord.
Cala Boquer
Face à la cala éponyme, *«Cala Barques» est un délicieux restaurant qui vous propose toutes sortes de spécialités majorquines arrosés de vins locaux de caractère : parillada de pescados, poissons grillés, poulpes en sauce, beignets de seiche, accompagnés de petits pots de mayonnaise blanche à l’ail, proche de notre aïoli provençal. Depuis la terrasse vous profiterez d’une vue panoramique sur la cala. Epoustouflant !
*Cala Barques, 07469 Cala Sant Vicenc, +34 871 70 07 49
… Point de vue
Si vous n’êtes pas sensible au vertige et que vous aimez les points de vue haut perchés, alors la conquête de la tour d’Albertcutx (talaia d’Albertcutx) est pour vous ! Située sur la péninsule de Formentor – que vous devez impérativement explorer jusqu’au Cap et découvrir son phare, sa plage et ses calas -, cette tour un peu en retrait de la route qui mène au cap, a été édifiée à la fin du XVIᵉ siècle et faisait partie du système de surveillance et de défense du littoral contre les bateaux corsaires. Postée à 380 mètres au-dessus des flots bleus de la Méditerranée, elle offre un formidable panorama à 360° d’où l’on balaye d’un seul coup d’œil le cap, l’îlot du Colomer, la baie de Pollença, la Serra del Cavall Bernat et la fin de la Serra de Tramuntana. Une façon efficace de s’imprégner de la majesté des lieux. Vous pouvez si vous le souhaitez, accéder au sommet de la tour en grimpant le long de son flanc extérieur par une série de barreaux en fer. Suerte !
Can Axartell- Entrée du chai
A Pollença il y a la vigne …
Dans cette île bénie baignée par un climat méditerranéen doux et ensoleillé, les arbres fruitiers sont rois : orangers, citronniers, amandiers, caroubiers, oliviers y sont cultivés, mais aussi la vigne avec aujourd’hui 2 500 hectares recensés dans la région de Pollença, une culture ancienne qui remonte au 2ᵉ siècle avant JC ! Elaboré à partir de cépages autochtones comme le fogoneou, le manto negro, le prensal blanc, ou encore le callet, associé à des cépages d’origine française ou italienne, le vin majorquin a vu sa qualité sérieusement monter en gamme depuis les années 90, pour aboutir à deux dénominations d’origine (DO) et 6 indications géographiques protégées (IGP). Il existe aujourd’hui plus de 70 domaines viticoles (bodegas) qui offrent pour la plupart visites et dégustations accompagnées de produits locaux : soubressades, pain majorquin frotté d’huile d’olive (pa ambo li) et de tomates de Ramellet, coca majorquine …
A moins de 3 kilomètres de Pollença, la finca (domaine agricole) *Can Axartell est l’un de ces domaines que l’on a plaisir à visiter : près de 200 hectares de bois et de collines, de vignes et d’olivier, pour certains plus que centenaires, se fondent dans un ensemble harmonieux. Acquis par la famille Schwarzkopf dans les années 90, la restauration des bâtiments (maison de maître, petite chapelle, ancien moulin à huile, ancienne carrière et vestiges d’une usine de production de ciments), qui se trouvaient alors en piètre état, a fait l’objet d’un processus de reconstruction long et ardu. Mais le résultat est là : le chai, construit sur 4 étages dans les profondeurs de l’ancienne carrière est spectaculaire. Totalement fondu dans la nature environnante, il offre une imposante façade d’entrée réalisée en verre, intégrée à la roche, qui ouvre sur un espace intérieur minéral et blanc, tout en sobriété. Côté vue, des ouvertures latérales, hautes et basses et de volumes différents, ont été ménagées depuis un vaste espace voûté creusé dans la pierre : autant de puits de lumière et de fenêtres ouvertes sur le domaine. A peine visible de l’extérieur, le chai disparait sous son manteau de roches et de végétation, troué ici et là par les ouvertures troglodytes.
La cave quant à elle, a été conçue selon les principes de la méthode dite de gravitation (méthode Gravetat). Pour faire court : une manipulation et un déplacement des raisins et du vin tout en délicatesse, qui exclut tout pompage et utilise les forces naturelles de la gravité durant toutes les étapes du traitement, de la réception des fruits à la mise en bouteille. Ce qui a donc nécessité la conception d’une infrastructure de vinification spécifique, avec un résultat très parlant : un espace ultra moderne sur deux niveaux, doté d’un laboratoire d’analyses sophistiqué, ainsi qu’un espace de stockage qui vient buter sur l’impressionnante paroi rocheuse de l’ancienne carrière, privilégiant ainsi des températures parfaites pour la maturation des vins.
En tout 34 hectares de vignes ont été plantées sur le domaine depuis 1999 (22 hectares supplémentaires à l’intérieur de l’île) mêlant variétés indigènes et étrangères, donnant naissance à des vins majoritairement rouges, mais aussi blancs et rosés, dans un strict respect des règles biologiques. Une saveur inimitable à découvrir, qu’il s’agisse de la gamme de vins dite « de tous les jours », celles plus complexes des « vins gourmands » ou des « éditions spéciales ». Ne négligeons pas la très belle production d’huile d’olive issue de l’exploitation de près de 2000 arbres plantés sur 40 hectares. Certains atteignant près de 1000 ans, deviennent à défaut de produire encore, de vénérables sculptures.
Merci à Nuria Coll pour son éclairage sur les finesses de la vinification, et la dégustation des vins du domaine. Visites payantes sur rendez-vous au +34 638 036 282 / visits@canaxartell.es
Nicolau Cerda Pons
… et des fromages de chèvre
C’est bien connu, fromages et vins ont toujours fait bon ménage. A condition que les uns comme les autres soient à la hauteur de vos attentes, et des nôtres ! toujours à la recherche d’adresses un peu confidentielles, nous avons fait la connaissance de Nicolau Cerda Pons. Aidé de son frère Josep, ils élèvent quelques 100 chèvres qui paissent à l’air libre, au pied de la Tramontane. Orangers et avocatiers poussent en abondance dans cette exploitation qui produit de superbes fromages. Pesant chacun près de 350 grammes, ils fleurent bon le grand air et l’herbe folle, et laissent en bouche un arrière-goût de champignons et d’humus, mêlé à une légère note de céréales et de fruits secs. Ne manquez pas d’en rapporter car ils vous sont proposés sous vide, ce qui est fort pratique.
Formatges Tramuntana, route de Lluc – 07460 Pollença
Instagram : sa_cabreta – Mail : formatges.tramuntana@gmail.com
+34 618 050 220 / +34 617 993 430
Ouvert les mercredis et samedis de 10 h à 14 h
Parlons tissus …
Réserver une visite chez Teixits Vicens , c’est acquérir de précieuses connaissances sur la fabrication de ces tissus majorquins typiques que sont les *«Robes de llengües ». Vous comprendrez, en écoutant les explications patientes de votre **guide, à quel point le savoir-faire de chacun des 18 collaborateurs – présents pour certains depuis plusieurs dizaines d’années dans l’entreprise -, la transmission de ce savoir, et le temps consacré aux différentes étapes de fabrication (teinture, séchage, tissage ..), font de ces pièces de tissus aux couleurs spectaculaires, des œuvres étonnantes. Fondée en 1854, cette petite usine textile familiale qui en est à sa 5ème génération, est centrée sur le respect de l’artisanat le plus vrai et la recherche constante de la qualité, mais aussi de la diversification en alliant tradition et modernité. Les tissus élaborés à partir de fibres naturelles composées à 70% de coton et 30% de lin, sont réversibles. Le tissage, un peu rêche au toucher est cardé et fait pour durer, restituant des couleurs magnifiques : bleus et ocres pigmentés, verts vibrants, jaunes solaires, oranges profonds … 200 modèles sont proposés, les bleus et les blancs – les plus traditionnels – étant majoritairement demandés. Les prix sont assez élevés, mais justifiés quand on réalise le temps consacré à la fabrication.
Avec trois autres filatures établies dans l’île, l’entreprise familiale peut répondre aux demandes locales qui constituent une grande partie de son chiffre d’affaires (notamment les établissements hôteliers), l’export prenant également une place importante (USA, Europe, Chine).
La production est variée et présentée dans l’espace de vente de l’usine : rouleaux de tissus, coussins, nappes, serviettes, draps, rideaux, tapis, vêtements, espadrilles, sacs, accessoires … Chacun peut trouver ce qu’il cherche dans cette caverne d’Ali Baba !
*Robes de Llengües », littéralement «tissu de langues », est une technique ancienne, originaire de l’ikat oriental, qui constitue à teindre le fil avant le tissage. Le nom fait référence au dessin qui ressemble à des langues de feu.
**Merci à Florence Fortin, piler de l’établissement Vicens, pour sa disponibilité et sa passion du beau et du vrai.
Rotonda de Can Berenguer S/N, 07460 Pollenca / teixitsvicens.com – Visite de l’usine sur demande .
Pour conclure : Poète, écrivain et prêtre né à Pollença en 1854, Miquel Costa i Llobera, ébloui par la beauté et la force d’un grand pin enraciné à flanc de falaise sur la péninsule de Formentor, le célébra à travers une ode *« El Pi de Formentor » (extrait de « Poesies » -1885) qui inspira jusqu’aux peintres Joan Miro ou Hermen Anglada Camarasa …
Ce poème est probablement le plus connu de Miquel Costa i Llobera, au point que les Majorquins se le sont appropriés, tant son identité est forte. C’est un peu l’âme puissante et sauvage de ce nord majorquin qui continue et continuera d’être source d’inspiration, quel que soit le statut de celui ou celle qui s’y promène : touriste, peintre, résident, poète … Bonne visite !
*« Mon cœur aime un arbre ! Plus vieux que l’olivier, plus puissant que le chêne, plus vert que l’oranger, il conserve de ses feuilles l’éternel printemps, et lutte avec les grains qui frappent le rivage, comme un guerrier géant… » https://epispoemes.wordpress.com/2016/01/29/lo-pi-de-formentor-miquel-costa-i-llobera/
Remerciements :
- Au Conseil du tourisme de la ville de Polença, en particulier à sa conseillère, Maria Buades, pour sa disponibilité et son accueil chaleureux. www.pollensa.com
- A la PIAF (Plateforme d’information et d’accompagnement des francophones, une mine d’informations ! créée il y a 7 ans, elle a reçu en 2022 près de 740 000 visites), en particulier à Freddy Calligaris, son fondateur, mais aussi à Joana Leal et Alexandra Cardozopour leur bienveillance, leur patience – et aussi leur passion -, comme pour leur permanente bonne humeur – www.piafmajorque.es
Photos: © Bérénice Denis-Bouchet et DR/PIAF