
- La Coopérative, Collection Cérès Franco, un ancien chais de ce terroir viticole de Cabardès.
Un détour à faire absolument quand on passe dans la région de Carcassonne. Direction la Montagne Noire. 20 km dans de très beaux paysages pour rejoindre Montolieu, au coeur du vignoble de Cabardès, l’une des appellations les plus intéressantes du Languedoc-Roussillon. Outre que ce « village du livre » a de nombreux attraits à faire valoir, c’est là que la Collection Cérès Franco, un très étonnant fond de plus de 1500 oeuvres rassemblées durant une cinquantaine d’années par cette Brésilienne critique d’art puis galeriste parisienne, a trouvé l’hospitalité. Dans un ancien chais de coopérative viticole transformé en un très beau lieu d’exposition.

Cérès Franco, la critique d’art et galeriste dont la collection d’Art brut est le fond de la Coopérative à Montolieu. Portrait par le peintre brésilien Danubio. 1991.
Elle soutient tout à la fois les artistes de la Nouvelle Figuration face au minimalisme alors triomphant et tous ces exilés d’Amérique du Sud et d’Europe de l’Est qui voient en Paris une ville de liberté d’expression. Et elle est aussi l’une des rares ces années-là à défendre avec Jean Dubuffet les artistes qualifiés de bruts ou singuliers en les exposant. La Marocaine Chaïbia, le Tunisien Jaber, Stani Nitkowski, Cristine Sefolosha…
C’est toutes ces années, toute cette énergie, toute cette quête de vie, de liberté, toute cette internationale de l’art en lutte pour s’exprimer qui apparaît dans cette collection éclectique où ce qu’on a appelé l’Art brut côtoit l’Art naïf, l’Art populaire, autodidacte, la Nouvelle Figuration, CoBrA… autant d’oeuvres qui ont en commun d’être en marge, à l’écart de ce qui étaient les courants dominants dans ces années-là, l’Art abstrait et l’Art conceptuel. C’est sa fille, Dominique Polad-Hardouin, elle-même un temps galeriste d’art à Paris, et son mari Philippe Hardouin, très mobilisés sur ce projet de faire vivre cette collection dans l’espace public, qui ont réussi, après quelques espoirs déçus à Carcassonne même, à trouver cet endroit superbe à Montolieu, un beau village de la Montagne Noire dans le vignoble réputé de Cabardès.
La Coopérative-Collection Cérès Franco doit beaucoup à un mécène privé, Henri Foch, qui a racheté les murs et au soutien de l’Agglo de Carcassonne. Un coup de foudre plus récent de la Présidente de Région Occitanie/Midi-Pyrénées, Carole Delga, pour la collection va garantir une certaine pérennité à la Coopérative qui devient cette année un Groupement d’intérêt public, autrement dit une structure des collectivités territoriales les rassemblant avec les donateurs.
Bonne nouvelle donc pour cette collection qui devient ainsi le fond permanent d’une nouvelle institution culturelle de la région.
- « En quête du Graal » de Jean-Marie Martin. Colonnes candélabre en clous, bois, plexiglas et acrylique.
L’exposition présentée jusqu’au 4 novembre prochain s’organise autour de l’installation de l’oeuvre « La quête du Saint Graal et la mort du Roi Arthur » de l’un des artistes les plus singuliers de la collection Cérès Franco, Jean-Marie Martin. Cet artiste né à Concarneau en 1922 et mort en 2012 était arrivé dans le Verdon qui l’a ébloui en 1983.
Il y a conçu durant une quinzaine d’années cette oeuvre ésotérique composé de 32 pièces faites de bois, de plexiglas et damassées de milliers de clous de tapissiers.
Tous ces clous… Cette obsession sur un si long temps… Comme une folie mystique. On est sidéré par la puissance que dégage cette vision, ébranlé par ce délire d’un artiste qui fut un élève des Beaux-Arts à Rennes puis à Paris avant d’intégrer le Centre d’Art Sacré Maurice Denis.
J’ai été enfanté par la Bretagne, mais je ne suis pas pour autant breton ou français. Je suis dans un courant qui me porte. C’est pour cela que j’ai pu retrouver ici, dans le Verdon, ce que j’avais en moi. Ici, j’ai vu.
nous dit l’artiste pour raconter sa transcendance mystique du réel.
- Le livre de la Quête du Graalet son socle.
- Le torse d’airain.
- Le veilleur assoupi.
- Le Verdon aux herbes d’or.

Armorial du Verdon. L’air, l’eau et le viant sous le ciel et sur la terre. Croix symbolisées sur un fond de Verdon.
- L’étendard du Saint Graal, bannière rouge du sang des martyres.
- Le manteau du sacre du roi Arthur et le trône royal.
- L’artiste Jean-Marie Martin saisi dans une vidéo projetée à l’exposition.
L’installation de l’oeuvre de Jean-Marie Martin « La quête du Saint Graal et La mort du Roi Arthur » est le fil conducteur de l’exposition d’autres oeuvres du fond Cérès Franco choisies pour tracer un parcours lui aussi « En Quête de Graal » en passant du songe au rêve avec une première série d’oeuvres, puis du jeu au désir et pour finir du voyage à l’épreuve.
Tout autour de la mezzanine du 1er étage, les alcôves sont dédiées à des expositions monographiques.
- The Royaul Moutard. 1971. Jean-Marie Martin.
- L’âme des noyés. 1981. Jean-Marie Martin.
- Pastel de Jean-Marie Martin: La gorgone. 1976.
- Frida + Diego. 1977. De Lou Laurin-Lam, peintre suédoise (1934-2012) qui fut l’épouse du Cubain Wilfredo Lam.
- Sans titre. De Francis Auxiette, né en 1966.

Une grande toile rouge de 2004, « Sans titre », du peintre syrien Sabhan Adam né en 1972. Et une toile de Timothy Archer, né en 1982 à Boulogne-sur-mer, Echange de bons procédés. 2016.
- La Timide, un pastel sur papier de la Polonaise Joanna Flatau.
- Une huile sur bois du Brésilien né en 1933 Roland Cabot, Sans titre.
- Sans titre. 1980. De Sylvie Blanchard.
- Epiciurien. 1974. Huile sur toile du Hongrois Atila, né en 1931.
- Huile et acrylique sur toile « sans titre », 1985, de Christophe Curien, né en 1952.
- Sans titre , 1985, gouache sur papierpar l’artiste tunisien Jaber né en 1938.
- Personnage dans le néant , 1977, de l’Anglais John Christoforou, né en 1921.
- La Fille de la Concierge, 1990, huile et acrylique sur toile de Paella Chimicos, née en 1962 en banlieue parisienne.
- Le conte du cahier liberté, 1974, de Danielle Jacqui dite » Celle qui peint », née à Nice en 1934.
- Créature. 1986. Du Portugais Joaquim Batista Antunes, né en 1953.

Le grand nu bleu. 1986. Lithographie sur papier de Guillaume Corneille, né à Liège en 1922 et décédé à Auvers-sur-Oise en 2010.
- Art populaire mexicain, masque-ange.
- Autre masque-ange mexicain.
- Limpiäo, art populaire brésilien.
- Partie de chasse. 1996. De Milo Dias, né à Sainte-Colombe en 1945.
- Terre cuite de Juan Plannels dit d’Aifa (Ibiza, 1907-1980).
- Sculpture en bois O pensamento, 1978, du Brésilien Farnese De Andrade ( 1926-1996).
- L’entrée de la Coopérative Collection Cérès Franco.
- Devant la Coopérative, le transformateur EDF tagué par Timothy Archer.
LE VILLAGE DU LIVRE
Belles pierres, belle église d’un gothique austère, jolies maisons de maître, traditionnels platanes du sud sur la place de la liberté que borde l’église, une dénomination délibérée qui nous dit qu’on est bien dans l’Aude, jadis terre cathare et terre laïque et de gauche tout le XXème siècle. Montolieu est un beau village d’un peu moins de 900 habitants un peu spécial avec ses 17 librairies outre la Coopérative-Collection Cérès Franco. C’est un relieur, Michel Braibant qui voulut en faire l’un des huit « villages du Livre » qui existent en France, une initiative débutée en 1989 avec le projet depuis réalisé d’un musée des arts de l’imprimerie. Des libraires se sont installés, venus de toute l’Europe, des bouquinistes, des graphistes, des illustrateurs.
- Montolieu, village du livrecomme en témoigne cette sculpture.
- L’église Saint André, Monument historique.
- Du gothique, pour l’essentiel du XIVème siècle.
- Charmante fontaine à rocaille sur la place.
- Fontaine, platanes, la place de la liberté bordée par l’église Saint André.
- Le village aux 17 librairies.
Photos©Dominique Bouchet

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