Rendez-vous incontournable de la musique baroque, la 38ème édition du festival d’Ambronay s’est déroulée du 15 septembre au 8 octobre dernier sur la thématique du « Souffle » et des « Vibrations ». Pour le 450ème anniversaire de sa naissance, Monteverdi était à l’honneur avec, en ouverture, une exceptionnelle « Favola di Orfeo » interprétée par Cappella Mediterrranea et le Chœur de chambre de Namur sous la direction de l’artiste argentin, Leonardo Garcia Alarcon. Quant à nous, nous avons assisté à l’unique et très émouvant concert du pianiste Jean-François Zygel. De passage sur les terres de Brillat-Savarin, gastronome réputé du XVIIIème siècle, nous en avons profité pour faire quelques échappées gourmandes et culturelles dans les vignobles du Bugey.
Dans le chœur de l’abbatiale du IXème siècle, un millier de mélomanes retiennent leur souffle, lorsque dans un silence absolu, Jean-François Zygel, lentement, s’installe au piano. C’est la 8ème fois qu’il interprète en public son « Requiem Imaginaire, » composé pour être celui de son enterrement fantasmé.Une interprétation toujours renouvelée, car avec Zygel,, l’improvisation est omniprésente. Sous la direction de Nicole Corti, le Chœur Spirito chante en latin, yiddish et araméen des extraits de l’œuvre de Mozart, Bach, Purcell, Fauré… articulés par des temps forts au piano. Puis au fil de la partition, furtifs comme des ombres, les choristes se déplacent pour préserver l’harmonie musicale. Beaucoup d’émotion, avec une alternance de légèreté et de gravité, qui donne à ce requiem une saveur toute particulière…
Et déjà se murmure en coulisse qu’Ambronay 2019, la quarantième édition, sera tout à fait exceptionnelle. Un rendez-vous à noter!
Durant tout le festival, Ivan Lavaux secondé par Jérôme Busset, propose 2 services en soirée à l’Auberge de l’Abbaye : l’un avant le concert et l’autre après. Ambiance intimiste dans un cadre contemporain, une vingtaine de couverts et 1 étoile Michelin. Ni carte, ni menu, juste une formule unique car Ivan, natif d’Ambronay, ne travaille que les produits du marché du jour. Bien évidemment, le repas était accompagné de vins du Bugey, des Manicle en provenance des meilleures parcelles du Caveau Bugiste à Vongnes. En blanc, une Cuvée de l’Amandier 2016 dotée d’une belle robe lumineuse et dorée sur un « Œuf parfait, chanterelles, escargots, émulsion de maïs au vin jaune, pétales de souci ». En rouge, une Cuvée de la Truffière 2014, sur un « Suprême de volaille fermière, légumes bio d’Annie Bertin et herbes sauvages ». De belles alliances. Une AOC et un caveau à retenir!
Côté hébergement, nous avons relevé 2 adresses intéressantes dans des registres très différents : originalité et modernité pour la première, vie de château et tradition pour la seconde. Dans La Maison d’Ambronay, à 50 mètres de l’abbatiale, on peut dormir à l’école sans risque d’être réprimandé. Une réalisation originale de Nathalie Schlienger qui, en 2015, a racheté l’école primaire du bourg pour la transformer en chambres d’hôtes 4 épis. Un parti pris osé puisque les 4 salles de classe ont été conservées dans leurs dimensions initiales et reconverties en 4 chambres vastes et lumineuses, intégrant intelligemment des salles d’eau très design. Quant au mobilier, récupéré et chiné ici ou là, il vous transportera dans l’univers de l’école d’antan! Une très belle réussite qui a valu à Nathalie de remporter le Trophée 2017 de l’Entreprise de l’Ain dans la catégorie tourisme!
A 8 kms d’Ambronay, surplombant la rivière d’Ain avec une vue imprenable sur les monts du Bugey, le Château de Varambon est une belle demeure du XIXème siècle. Classé monument historique, il est entouré d’un magnifique parc de 5 hectares invitant à la promenade, à l’ombre de cèdres du Liban bicentenaires. Tout récemment, 5 des 25 chambres du château ont été reconverties en chambres d’hôtes de standing dont le style a été conservé.
Petit déjeuner copieux autour de produits maison. Possibilité de dîner au château, de prendre l’apéritif dans le grand salon jaune ou de jouer au billard dans la bibliothèque qui renferme quelques 5000 livres anciens. Une belle piscine de 15 x 7 mètres est en accès libre. Un seul petit bémol, le chauffage se fait rare à la mi-saison, et les plus frileux pourraient en souffrir. Enfin, le propriétaire, le Comte Henri de Boissieu, est un homme accueillant et disert qui aime conter l’histoire des lieux et de ses ancêtres!
Récemment labélisé « Vignobles et découvertes », le Bugey regroupe 500 hectares de vignes sur des terrains escarpés où l’on produit 50% de mousseux et pétillants, 40% de blancs et 10% de rouges ou rosés. Obtenue en 2009, l’AOC « Vins du Bugey » se décline en Cerdon, Manicle, Montagnieu et Virieu. Avec, parfois, des productions confidentielles de quelques milliers de bouteilles qui mériteraient d’être mieux connues. Dans la pointe sud du Bugey, à Montagnieu, le domaine Peillot s’étale sur 8 hectares où les vignes sont montées sur échalas lorsque la pente devient trop raide. Ici, les vendanges se font à la main et la vinification de manière traditionnelle.
Résultat : des vins bien faits comme cette « Roussette du Bugey » 2010, baptisée du nom de son unique cépage « L’Altesse », qui a été gratifiée d’un 94/100 par Parker.
Sur la même appellation, quelques kilomètres plus haut dans le petit village de Crept, se trouve la Maison Bonnard avec 15 hectares de vignobles surplombant la Vallée du Rhône.
Nous avons aimé leur Montagnieu, un vin blanc pétillant élaboré avec 70% de Chardonnay et 30% de Pinot, selon la méthode champenoise, puis vieilli 4 ans en cave. Nous l’avons d’autant plus apprécié qu’il accompagnait fort bien un mâchon typique de tartes aux oignons, fromages et potirons cuites au four à pain. A noter également, un subtil blanc, 100% Chardonnay, aux arômes beurrés et vanillés, ayant un potentiel de garde d’une dizaine d’années : « Les Bonnes » 2015. Issus de la jeune génération, Anne-Sophie et son frère Romain, encore étudiants, envisagent de transformer le grangeon familial, perdu au milieu des vignes, en un gîte d’étape et de créer table et chambres d’hôtes dans les bâtiments du caveau. Nous reviendrons avec plaisir lorsque leurs projets se seront concrétisés!
Enfin, dans le nord du Bugey sur les contreforts du Massif jurassien il existe un vin pétillant, naturel et rosé, affichant de 6,5 à 8 C°, vinifié selon la méthode ancestrale sur un assemblage Gamay / Poulsar, voir 100% Gamay parfois, dénommé le Cerdon. A boire très frais, dans l’année, en apéritif ou sur un dessert. La famille Rernardat Fache, viticultrice à Marignat depuis 8 générations, est une valeur sûre de l’appellation.
Au-delà de l’œnotourisme, quelques sites touristiques du Bugey sont à recommander : Les Grottes du Cerdon, dotées du plus grand « Porche » d’Europe, disposent d’un parc de loisirs préhistoriques très pédagogique qui s’adresse à tous les âges. En lisière de la Dombes, la cité médiévale de Pérouges, labélisée « Plus Beaux villages de France » est réputée pour sa galette au sucre. A Jujurieux, l’Usine pensionnat des « Soieries Bonnet », est un monument du patrimoine industriel de l’Ain. Au début du siècle dernier elle employait 2000 personnes dont 600 jeunes filles. Mise en faillite, en 2001, elle a été transformée en un passionnant musée articulé autour des savoir-faire de l’industrie textile et de la condition ouvrière… Sachez enfin, que l’Ain est le seul département français à ne pas avoir de gentilé. Pour contourner cette difficulté, ses habitants se dénomment en fonction de leur terroir. Ainsi ceux du Bugey s’appellent les Bugistes.
Perouges, labellisé « Plus beau village de France ».
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Photos©Jean-Luc Guerin