« L’île Maurice est au fond un résumé de la tendance des tendances qui vont vers les rencontres, où les communautés vivent côte à côte … Pour moi c’est un pays ouvert. Un livre dans lequel je lis à la fois mon histoire et l’histoire du monde de demain » (J.M.G. Le Clezio).
Il n’y avait rien. Que la nature, une nature sauvage, belle mais dangereuse, et d’étranges animaux. Jusqu’au XVIème siècle, pas de traces de peuplement, même anciennes, l’île n’appartenait à personne. Aujourd’hui, Maurice est un melting-pot étonnant.Indiens, Chinois, Noirs, Blancs, métis forment ensemble cette nation Mauricienne. Un mélange d’origines, de cultures, de religions peu commun. Une fusion Est et Ouest, avec un côté british et vieille France qui ravit ou surprend.
« Du côté de mon père, quelques-uns de ses ancêtres vivaient déjà à Maurice au XVIIIème siècle », écrit la conférencière Michèle Malivel dans son livre « Passeport pour Moka ». « Il faut imaginer ces familles quittant leur terre ancestrale pour aller à l’aventure.
Notre ancêtre était un officier du Roi envoyé en garnison avec les troupes coloniales. Venu en famille, il avait fait souche, trop content de marier une de ses nombreuses filles à un commerçant respecté de la place, malgré son manque évident de quartiers de noblesse ».
Au milieu du 18ème siècle, le brassage est déjà important.De grandes familles se sont taillées d’immenses domaines sucriers bâtissant des magnifiques demeures.Cinquante ans après l’arrivée des Français, l’île compte 20 098 habitants dont 1 998 blancs et 18 100 esclaves. Vingt ans plus tard, en 1797, la population a doublé. L’Isle de France recense 59 020 habitants dont 6 237 blancs et 49 080 esclaves.
L’indigo devenu la principale culture de l’île tente de concurrencer celui du Bengale mais c’est une autre plante, la canne, qui commence à faire la fortune d’une classe nouvelle, celle des sucriers et des entrepreneurs. Elle façonne les grands domaines et les paysages de l’île que l’on connaît aujourd’hui avec ses champs hérissés de ces grands roseaux rouges ou rosés, ou vert-blancs.
En 1820, une centaine de sucreries fonctionnent, bientôt confrontées à un autre moment clé de l’île : l’abolition de l’esclavage en 1835.
Maurice est alors le premier pays à se tourner vers l’Inde. Un recours massif à l’immigration indienne qui va transformer une nouvelle fois le visage et l’avenir de l’île. Du Pakistan, du coeur de l’Inde, ou du Sud, des dizaines de milliers d’hommes et de femmes embarquent pour Maurice. Avec un contrat de travail cette fois, mais sans billet de retour.
Jusqu’à la suspension de l’immigration en 1909, Maurice accueille ainsi 450 000 « engagés » dont la plupart ne sont jamais rentrés en Inde. Ils s’installèrent tandis que les Chinois tenaient le petit commerce. Dinarobin apparaît sur les cartes des navigateurs arabes au XVI ème siècle. Les Portugais la nomment l’île aux Cygnes. Ils s’y réfugient au moment des tempêtes.
Un peu plus tard les Hollandais venus du Cap font de même. Ils aménagent un port à Mahébourg, débarquant à partir de 1638 quelques colons et esclaves pour assurer le ravitaillement des flottilles et exploiter les richesses naturelles de l’épaisse forêt vierge.
Mais Mauritzius suscite d’autres convoitises. Celles des Français déjà présents à Madagascar et sur l’île Bourbon (La Réunion). Celles des Anglais, les éternels rivaux. Et en septembre 1715, au nom du roi de France, les frégates françaises brûlent la politesse aux Britanniques installant très vite comme gouverneur un homme à poigne, Bertrand-François de La Bourdonnais.
Celui qui a conquis Mahé aux Seychelles transforme l’Isle de France (c’est ainsi que Mauritzius est rebaptisée), terre encore hostile, en riche colonie.
Mais l’Histoire connaît toujours des retournements. Presque 100 ans plus tard, les Anglais prennent Grand Port un petit matin d’août 1810 pour s’assurer la maîtrise de la route des Indes. Intelligemment, pour ne pas tuer la poule aux oeufs d’or qu’est devenue l’île Maurice, les Anglais jouent profil bas.
Ils ne remettent pas en cause le droit de propriété des colons Français, exigeant seulement leur allégeance à la couronne Britannique. Les habitants conservent leurs langues et religions. Peu de colons choisissent l’exil.
Destins croisés
Une croisée de vies et de destins ordinaires ou extraordinaires, dont chacun ici n’en connaît pas toujours l’histoire. Les métissages ont souvent aboli la mémoire des lignées dans beaucoup de familles.
Un métissage et un brassage qui suscitent curiosité et fascinationlorsqu’on aborde l’île mais qui semble aller de soi pour les Mauriciens habitués à vivre au sein de traditions et de cultures différentes.Sur ces anciens grands domaines, en visitant une ancienne demeure, en contemplant les magnifiques rivages de Maurice, ou bien en parcourant « Chercheur d’or » ou « Voyage à Rodrigues » de J.-M. G. Le Clézio, on ne peut s’empêcher d’imaginer ces sagas familiales et d’embrasser une immense page d’histoire. Histoire personnelle et grande Histoire. Nous sommes le 18 août 1793.
Ce jour-là après avoir épousé Marie Julienne Monple, Alexis François Leclézio, fils de Arnaud Leclézio et de Anne Dutoit, part de Bretagne. Il scelle le destin d’une famille et en partie celui du Prix Nobel de Littérature 2008 qui ne cessera d’aller à la quête de ses origines.
De s’interroger sur cette culture Mauricienne. De la revendiquer. De l’opposer même à une culture occidentale étriquée dont J.-M. G. Le Clézio se défie. De réinventer les aventures mythiques d’un grand-père. Comme toutes les vieilles familles, les Le Clezio restés à Maurice ont la nationalité mauricienne. Et il reste, Eureka, la maison berceau de la famille aujourd’hui musée-témoin attachant de ces temps.
Parfum d’antan
« L’île Maurice de mon enfance était incroyablement plus grande qu’aujourd’hui. Les routes étaient étroites et sinueuses, ce qui obligeait à conduire avec la plus grande prudence et faisait paraître interminable le plus court des trajets. Autre particularité chez nous, on est viscéralement attaché à son coin de l’île.
En entendant un nom de famille on savait immédiatement d’où elle était originaire ». Michèle Malivet, comme d’autres, rend compte d’une île qui somme toute a gardé aujourd’hui un délicieux parfum d’antan.
Elle raconte le quartier de Moka « où l’on croisait plus les belles maisons, les campagnes et les jardins éclatants ». Elle raconte aussi ces délicieux moments au bord de la mer à Trou d’Eau Douce où les familles se retrouvaient.
Même pour les enfants, les repas étaient une fête perpétuelle et la nature apparaissait généreuse. « Nous guettions les galettes de Manioc. Samy énumérait ce qui pouvait être mangé : poissons fraîchement pêchés, homards pris dans les casiers, pintades dodues. Parfois on apportait des huîtres d’argent ».
Comme Les LeClezio, elle avait dans l’enfance entendu parler de ses ancêtres « issus de la vieille noblesse bretonne et venus d’un de ces manoirs de granit austères et imposants (….) J’ai appris que le premier à s’être installé à Maurice était un officier envoyé en garnison avec les troupes coloniales et qu’il avait fait souche ».
Un grand village
« Vous ne devinerez jamais mes origines car moi-même je m’y perd ». Difficile pour un non Mauricien de deviner les origines, encore moins l’appartenance à l’une des communautés. Les mariages mixtes sont devenus relativement courants même si les réflexes culturels restent vifs, le métissage est réel.
Ce sont les frontières religieuses qui sont les plus difficiles à comprendre. « Indienne, non catholique », « Hindou ? non, musulman ».
En traversant le pays, l’incroyable mosaïque paraît encore plus compliquée. Il n’est pas rare de croiser à quelques dizaines de mètres de distances une église catholique, protestante ou adventiste, puis l’un de ses nombreux et spectaculaires temples tamouls colorés qui jalonnent l’île.
L’immigration n’est d’ailleurs pas forcément très ancienne. « Mon grand père et mon père ont quitté la Chine dans les années 80 pour s’installer ici » nous raconte cette jeune femme.
Cette année l’île Maurice inaugurait son premier carnaval sur l’immense avenue de Flic en Flac envahie par une foule joyeuse.Une fête qui entend mettre en valeur aux yeux des Mauriciens et des touristes « la mixité, la fusion et l’ouverture qui caractérisent l’évolution de l’histoire de Maurice ».Côté chic et élégance, les Miss sont de la partie. Miss Maurice, Miss Réunion, Miss Angleterre, Miss India, défilent dans de vieilles voitures de collection tandis que les troupes de Sega se succèdent, suivies de 60 danseurs Chinois, de 15 danseuses indiennes du « Shivaji Youth Club », d’artistes Rodriguais, de musiciens africains, des models du « Fashion Design Institute », d’acrobates, de figurants du London College de Port Louis, des chevaux des Haras du Morne … Et clou du spectacle : des Brésiliens de « Dance Brazil ».
La diversité était bien au rendez-vous : aussi bien le long des barrières dans cette foule de 70 000 personnes que dans ce cortège hétéroclite et très animé. Tous les dix mètres, Joey le photographe Mauricien qui m’accompagne salue un ami, anonyme ou officiel.
Texte Patrice Fleurent, photos Joey Niclès et Aurore LucasMaurice reste un village. Indien, blanc, noir, chinois ou métisse, chacun se connaît. Lui était gardien de but, l’autre avant-centre, celui-là, pitre de l’école, celle-là élève chez les religieuses face aux collège des garçons.
Ils ont grandi sur les mêmes bancs de l’école, du lycée, sont devenus copains, appris des traditions des uns et des autres… Ils parlent indifféremment créole, français ou anglais. Ce ciment demeure au-delà des différences. Une ouverture qui fait partie des charmes de Maurice.
Le mensonge est devenu incontournable pour les mauriciens. Pourquoi tant de mensonges et d’illusions? Parmi toutes les îles de l’océan Indien, si il y a bien un pays qui cache sournoisement ses idéologies raciales, c’est l’île Maurice. Sur le papier ils se vantent qu’ils forment une nation cosmopolite et multiraciale. Mais en réalité c’est loin d’être tant sur la forme que sur le fond. Contrairement à l’île de la réunion où plus d’une dizaine de races sont recensés, à Maurice il n’existe que 4 types de races. Les descendants des colons Blancs (une communauté très fermée sur eux même, refusant même l’idée du mélange du sang à une autre communauté), les descendants des engagés indiens qui sont arrivés en derniers pour remplacer les Esclaves au moment de la colonisation (dont une partie de confession Musulman et l’autre de confession Hindou) qui à l’image de la communauté blanche qui voit d’un mauvais oeil que leurs enfants s’unissent à une autre communauté (et surtout pas à des « kréol » sous-entendant peuple noir ou métisse d’origine africaine) Même chose pour la communauté Chinoise qui reste cependant discret dans leur comportement. Et enfin la dernière communauté, Les « kréol » qui sont les rejetés de la société mauricienne. Sous prétexte d’être des descendants d’esclave africains, ces derniers sont malheureusement et surtout les soufre-douleurs de la communauté indienne. Ils sont relégués à des taches que la communauté blanche ou indienne refuse de faire (nettoyage, gardiennage,… agriculture). Malgré que quelques créoles parviennent à décrocher des niveaux scolaires remarquables, ils n’auront jamais la possibilité de postuler à des postes de très hautes responsabilités que ce soit à la télévision nationale, tribunal, les grandes compagnies, et encore moins à un poste ministériel. Exemple, pour le simple touriste, il suffit de regarder à l’aéroport Ramgoolam, le personnel d’enregistrement est composé à 100% de la communauté indienne, et ce n’est guère mieux pour le personnel douanier. Je veux bien laisser entendre que l’île maurice est une belle destination touristique mais il serait hypocrite de dire que le brassage et le métissage à Maurice est une fascination, un exemple au monde.
Tout n’est pas tout blanc ou tout noir! Il est vrai qu’il existe des problèmes raciaux encore a l’île Maurice mais de la a dire que les Kreol sont encore une sous population, de dire que tous les ex-colons sont racistes et fermées, et dire que les indiens sont tous sectaristes… Il faut peut être mesuré vos propos. Je suis née a l’île Maurice et j’ai grandi entouré de toutes ces cultures et ethnie et c’est faux de dire que tout va mal autant que de dire que tout va bien. Il y a des problème politique et sociaux comme partout ailleurs mais il y a aussi un bon paquet de gens qui ne vérifie pas votre règle…
J’ai grandi avec des gens de toutes les couleurs, je suis sorti avec une indienne, j’ai surfé avec des Kreol, j’ai mangé chinois (presque toutes les semaines), j’ai travaillé avec toutes ces personnes…
Aujourd’hui la chose qui me révolte le plus a Maurice (sans parler des problèmes sociaux politique que rencontre le pays) c’est l’afflux massif d’expatriés qui ne respectent pas justement ce melting-pot et qui vient imposé leur culture.
Finalement les problèmes sont les mêmes et se répètent partout dans le monde….