
Déjà repérée en deuxième couronne de la banlieue parisienne pour son très pointu musée d’art contemporain, le Mac/Val, Vitry-sur-Seine, l’une des soeurs jumelles du noyau dur du communisme municipal, les inséparables Ivry-Vitry, fiefs des grands chefs du parti communiste du temps où il était puissant et stalinien, Vitry donc est aussi cette cité qui vous accueille sur la quasi autoroute qui la traverse par une superbe et géante tour-statue bleu-blanc-rouge de Dubuffet au centre d’un rond-point. Le signal qui vous avertit que vous arrivez ici sur un territoire qui est littéralement un musée en plein air d’art contemporain.
Le site de la municipalité de Vitry recense, recensement arrêté en février 2014, quelques 122 oeuvres, auxquelles d’autres se sont ajoutées depuis, à découvrir dans la ville. Sculptures, peintures murales, mosaïques, interventions lumineuses… La plupart signées de grands noms de l’art contemporain. Une belle balade urbaine à faire. Une chasse aux trésors pour découvrir une sculpture dans un bout de square au pied de logements ouvriers en centre ville, où encore les spectaculaires Masaïs géants peints en une nuit sur les murs aveugles de deux immeubles d’une dizaine d’étages par Kouka. C’est que la ville, toujours dirigée par une municipalité communiste, applique le 1% artistique qui veut qu’on consacre cette quote part du coût total d’une construction de bâtiment public à une oeuvre d’art. Et elle incite les promoteurs privés à faire de même.
Une grande cour pavée dont les murs sont livrés aux graffes d’Alice, de C215, de Meushay, de Stew et d’Avataar.
Même les graffeurs ont droit de cité dans cette ville qui su mettre en oeuvre cette phrase de Jean Dubuffet elle-même reproduite sur un mur: » L’art doit surgir là où on ne l’attend pas, par surprise ». Et c’est bien ce qui arrive ici. Près de la galerie Jean-Collet qui est une sorte de point névralgique de l’art contemporain à Vitry, plus que le Mac/Val certes situé à Vitry mais qui est le musée départemental voulu par le Conseil général, à deux pas de l’église Saint-Germain, contemporaine de Notre-Dame de Paris et classée au patrimoine historique, on déboule tout à coup dans une cour pavée, cernée d’immeubles d’habitat populaire, qui est littéralement une galerie de graffeurs aujourd’hui reconnus comme Alice, C215, Meushay, Stew, Avataar…C’est C215, Vitriot d’adoption – même la dénomination des locaux est du grand art – C215 donc, dont la réputation est mondiale, qui a lancé en 2009 le mouvement du street art dans cette cité de la banlieue rouge de Paris qu’on ne s’attendait pas à voir si belle en ce domaine. De pourchassés un peu partout, ces artistes de rue en sont presqu’arrivés ici à des travaux de commande comme ce fut le cas cette même année 2009 qui vit la municipalité faire appel à un graffeur brésilien, Nunca, pour réaliser une fresque dans un passage. La municipalité publie d’ailleurs sur son site une carte interactive de localisation de toutes ces oeuvres de street art où des fiches avec photos en identifient les auteurs. Et pas pour leur coller des amendes! Excellent outil en tout cas pour se préparer un itinéraire de découvertes de ces centaines de graffitis, pochoirs, collages, mosaïques… apposés sur les murs de la ville.
Quant aux oeuvres acquises grâce à une pratique volontariste et on peut même dire militante du 1% artistique, car la ville veut toujours très fort qu’elles puissent être vues par le plus grand nombre et donc qu’elles soient installées à l’extérieur des bâtiments, elles témoignent d’un bel éclectisme doublé d’une expertise certaine de l’art contemporain. Quelques grands noms, devenus icôniques, comme Sonia Delaunay ou Jean Dubuffet côtoient des valeurs sûres, Valério Adami, Corneille, André Fougeron, Gérard Fromanger, Ernest Pignon-Ernest… Et des dizaines d’autres pour un musée de sculptures en plein air, de mosaïques, d’installations, de panneaux sérigraphiés comme ceux de Bernard Rancillac, de jets d’encre sur toile batline. Là aussi un beau parcours à faire dans la ville pour découvrir ces oeuvres en situation.
Particulièrement spectaculaire, cette sculpture en fibre de verre, un personnage accroupi, en haut d’une très haute perche telle une vigie plantée sur la grande avenue qui va vers Paris. Une oeuvre de Jaume Plensa érigée là en 2011.
Dans le répertoire publié sur le site de la ville, on note que la plus ancienne de ces oeuvres implantées à Vitry, et donc encore visible, date de 1962. Une sculpture en bronze de Balthazar Lobo, « L’enfant qui marche » visible dans la cour de l’école maternelle Eva Salmon.
Il y a une telle densité d’oeuvres disséminées dans la ville qu’il suffit souvent de parcourir quelques dizaines de mètres pour en découvrir une nouvelle.
D’autant qu’à celles du 1% artistique des bâtiments publics s’ajoutent celles des constructions privées dont les promoteurs jouent de plus en plus le jeu avec souvent des oeuvres assez pointues comme cette sculpture en béton bleu de Roy Adzak dans laquelle c’est la silhouette de l’artiste qui apparaît en creux aux quatre angles, où encore au toit de la galerie extérieure d’un immeuble d’habitation pas encore complètement livré, ces tubes de leds de couleurs de Valérie Junod-Ponsard programmés pour des variations lumineuses silencieuses.
- Lune-Soleil, sculpture en résine de Federica Matta
- Statue de Jaume Plensa. 2011.
- Portail d’Anne Rochette
- Variations silencieuses. Tubes Led…
- …de Nathalie Junod Ponsard. 2015.
- Vitraux de Valerio Adami…
- … Une série de 8…
- … créés en 1985.
- Habillage d’un transformateur par Emilie Lemardeley.
- Orbite de Norman Dilworth, créé en 2010
- Mosaïque d’AlbertoMagnelli dans une cour d’école maternelle. 1976.
- Graffe de C215
On peut s’adresser à la mairie, où Catherine Viollet, conseillère aux arts plastiques et commissaire des exposition de la Galerie Municipale Jean-Collet, est l’âme passionnée de cette effervescence artistique voulue par les municipalités successives. La direction de la culture organise des visites et des rencontres pour les oeuvres dans la rue. Mais il est aussi possible, comme on l’a signalé plus haut d’organiser ses parcours soi-même, le site web de Vitry donnant toutes les informations nécessaires avec y compris des cartes de géolocalisation. Il faut un peu aller à la pêche et se fabriquer son programme.
Dommage qu’il n’y ait pas encore d’application franchement dédiée qu’on pourrait télécharger sur son smartphone ou sa tablette. Une idée pour demain…
Et pour ceux, nombreux je l’espère, qui découvriront toutes ces merveilles à l’avenir, qu’ils sachent aussi qu’ils doivent absolument se procurer le très beau livre » L’art est dans la ville », qui montre et raconte ce parcours artistique urbain. Un superbe guide incluant un DVD réalisé sous la direction de Catherine Viollet qui comprend des entretiens avec quelques uns des artistes (L’art est dans la ville. Fage éditions; 190 pages. 250 illustrations. 24 €) .
La Galerie municipale Jean-Collet, elle aussi au centre-ville, occupe le bâtiment des anciens bains-douches municipaux. Sur 500 m2, s’y exposent les travaux d’artistes contemporains qui intéresseront ceux qui aiment défricher car la programmation fait la part belle aux jeunes artistes.
D’ailleurs, un concours initié en 1969, « Novembre à Vitry », dans lequel un jury d’artistes reconnus sélectionne des artistes de moins de 40 ans sur la foi d’une oeuvre envoyée par eux et décerne deux premiers prix dotés de 5500 € plus le droit à une expo personnelle les mois de mai et juin suivant dans la galerie. Cette année, Jean-François Leroy, un plasticien de 33 ans qui vit et travaille à Ivry-sur-Seine, et Emilie Satre, 36 ans, qui, elle, vit à Montreuil, l’ont emporté.
L’accès à la Galerie Jean-Collet est gratuit du mardi au dimanche de 13h30 à 18h, le mercredi de 10h à 12h et de 13h30 à 18h. no rx cialis levitra.
- Relief mural en acier d’Ernest Pignon-Ernest. 1986.
- Erick Derac…
- … des films imprimés ( 2010)
- Signalétique de la Galerie Jean-Collet
- Assis/couché de Jean-François Leroy
- Interrompre de Jean-François Leroy
- Sculpture en brique de Jack Varnasky. 1981.
- Ombres portées de Bernard Moninot. 2011.