
Au carrefour de l’histoire et… de l’actualité mais à l‘abri du tumulte, ce joyau du Proche Orient offre une densité culturelle, historique et touristique inégalée. Un vrai coup de cœur pour ce royaume riche de trésors du patrimoine mondial et de la nature qui mérite qu’on lui consacre au moins une semaine. Période idéale, le printemps.
Texte : François Petersen
Texte hôtels: Dominique Bouchet
Photos : Dominique Bouchet

Sur le site de Petra, un bédouin et le portrait du roi Abdallah dans le salon de thé installé dans une grotte face au monument ed-Deir, appelé aussi « Le Monastère », en haut du site.
Certes, entourée de l’Irak, de la Syrie, d’Israël, du Liban, de l’Egypte et de l’Arabie Saoudite, la Jordanie, vue sur une carte, semble un peu cernée par « la crise du Moyen Orient ».Sauf que la carte, c’est pour beaucoup du trompe l’oeil. Depuis des dizaines d’années, le royaume hachémite n’a connu ni les soubresauts, ni les crises, ni les révolutions, ni les visées terroristes de ses voisins. Il cohabite intelligemment avec son voisin Israël et les tribus bédouins qui le peuplent respectent la monarchie au pouvoir. Quand on sillonne le pays, on est frappé par la grande tranquillité qui règne dans les villes et sur les axes routiers, au prix certes d’une surveillance militaire étroite avec check-point fréquents, rassurante ici comme ailleurs. N’avons-nous pas Vigie Pirate en alerte rouge en France ? La gentillesse et l’hospitalité légendaire des Jordaniens font vite oublier le contexte régional auquel la Jordanie doit quand même une chute de 15% du tourisme dans les 4 premiers mois de l’année 2015 au grand dam du ministre du Tourisme, Nayef al-Fayez. « Certains pensent que la Jordanie fait partie du problème en cours dans la région. Nous n’en faisons pas partie et nous n’en sommes pas la cause. Il ne faut pas que nous payions le prix de ce problème ». Très juste.
Soyons honnête sinon cynique, cette désaffection est une véritable aubaine pour le visiteur intelligent qui ne tombe pas dans la parano ambiente. C’est le moment ou jamais pour découvrir des lieux qui sont de véritables icônes du patrimoine mondial dans les conditions de quasi visite privée.
Pays jeune, qui n’existe que depuis 1923, la Jordanie a su conserver du nord au sud, de Jérash à Petra, les traces de toutes les civilisations qui ont pendant des millénaires occupé son territoire. Autre point fort: la présence de nombreux sites naturels qui à eux seuls justifieraient un voyage. Des déserts du Wadi Rum aux montagnes de Petra, des rives arides de la mer Morte aux végétations tropicales de la vallée du Jourdain sans oublier les fonds marins de la mer Rouge. Autant de lieux magiques qui servent d’ écrins aux monuments Nabatéens, Grecs, Romains, Byzantins, Islamiques et Chrétiens.
Du long week-end de trois jours au séjour de trois semaines toutes les séquences sont envisageables car un autre des atouts du pays réside dans les faibles distances qui séparent le nord du sud (380 km de Jérash à Aqaba) et l’ouest de l’est (150 km pour la partie « utile« ).
Amman : mélange subtil d’expansion moderne, d’histoire et de tradition
C’est sans doute à Amman, que le mélange des civilisations est le plus saisissant. S’y côtoient d’une part, les buildings ultra modernes des banques des émirats, gros investisseurs locaux, et les hôtels des grandes chaines internationales dessinés par les architectes les plus en vue et d’autre part, un théâtre romain en parfait état de conservation en plein centre et dont les 6000 places disent à elles seule l‘importance de la cité romaine de l‘époque. A quelques pas, au marché aux fruits et aux légumes, c’est la Jordanie traditionnelle et populaire qui vous entraine dans un festival de senteurs et de couleurs.
On ne manquera pas de grimper au sommet (850m) de la plus haute colline pour une vue imprenable sur la capitale depuis la Citadelle. Un condensé de l’histoire ancienne et de la géographie de la ville où se déroulent encore des fouilles archéologiques qui mettent à jour les vestiges des périodes romaine, byzantine et islamique : du Temple d‘Hercule au palais Omeyyade en passant par les bains et les énormes citernes.
Tout aussi indispensable, la balade autour de Rainbow Street. Quartier huppé et branché où s’affiche la jeunesse « bobo » qui déambule le long des rues aux maisons de pierres blanches et roses de la bourgeoisie locale. C’est là que sont les cafés, les galeries d’art et les restaurants à la mode. Et si le foulard est ici aussi la règle pour les femmes musulmanes il est agrémenté de maquillages savamment étudiés qui leur fond des regards de braise assez peu coraniques. En jean moulant, à la terrasse du Sufra, haut lieu de la gastronomie d’Amman, la chicha dans une main et le portable dans l’autre, elles défient les lois de l’équilibre entre tradition et modernité : grande spécialité locale. Difficile de ne pas penser à Beyrouth autre capitale de la région adepte des mélanges subtils, de ceux qui font le charme de l’Orient d‘aujourd‘hui.
Une bonne entrée en matière avant d’entamer un périple à travers le pays passe par la visite du musée d’archéologie national.Pas inutile pour s’y retrouver dans les vagues successives d’invasions et de civilisations.
Jérash: citée antique miraculeusement préservée
Armé de ce nouveau bagage intellectuel on peut envisager une première sortie vers le nord en direction de Jérash à 50 km d’Amman. Après l’agitation de la capitale, on apprécie la fraicheur des vallées, le calme des forêts et la douceur des collines qui entourent une cité dont la splendeur n‘est surpassée que par celle de Petra.. Les ruines antiques miraculeusement préservées et un programme de restauration considérable font de cette ville le site hellénistique et romain le plus spectaculaire de Jordanie avec une succession de monuments impressionnante : Théâtre nord, théâtre sud, Arc de Triomphe, Hippodrome, Temple de Zeus et autres Cardo maximus, autant de vestiges antiques qui font de cette cité fondée au 2 ème siècle av.JC l’un des hauts lieux de l’archéologie grecque et romaine.

Sur le site de Béthanie du Jourdain, des églises chrétiennes de tous les rites: catholique, orthodoxe.

Dans l’église Saint-Georges, une carte de la région en mosaïque. Datée du VIème siècle après JC, elle s’étendait sur 94m2. Sur ce seul fragment conservé de quelques m2, une représentation de Jérusalem.
Ne pas hésiter à rester dans le nord pour longer la vallée du Jourdain et faire un stop à Béthanie du Jourdain où Jean Baptiste aurait baptisé Jésus. Le fleuve n’est pas très large. A une portée de pierre, en face, c’est Israël qui a aussi aménagé son site touristique du baptême. Côté jordanien, c’est un modeste quai couvert en bois. Côté israëlien, c’est du béton. Sur notre rive jordanienne, une fresque rappelle le passage de Jean-Paul II et plusieurs églises des différents rites chrétiens ont été érigées.
Au retour vers Amman on s’accordera une halte au célèbre restaurant Kan Zamman installé dans un ancien caravansérail superbement rénové. Il propose une cuisine jordanienne rappelant forcément celle du Liban. Sous les voutes de pierre raisonnent la musique traditionnelle, les tables familiales alternent avec celles plus professionnelles où se mélangent hommes en civile et militaires. Une fenêtre sur la bourgeoisie locale plus traditionnelle que celle de Rainbow Street même si là encore il n’est pas rare de voir les femmes fumer la chicha.

Accès à la Mer Morte depuis le Mövenpick Resort & Spa Dead Sea. Le rituel veut qu’on se recouvre de boue avant de s’immerger. C’est bon pour la peau.
De la mer Morte aux croisades
Avant de rejoindre le sud on fera un détour à l’est d’Amman pour découvrir les Châteaux du désert qui ont été construits ou agrandis à l’époque Omeyade. Souvent implantés sur des sites occupés avant par des châteaux romains ou des monastères ces bâtisses sont des exemples exceptionnels d’architecture ancienne. Une journée suffit pour en faire le tour avant mettre le cap vers la mer morte et la route des rois.
Plusieurs itinéraires sont possibles mais qu’on se rassure, ce qu’on ne verra pas à l’aller se visitera au retour.
Est-ce sa situation à 400m au dessous du niveau de la mer? Est-ce la densité de son eau qui permet de s’y assoir mais interdit d’y nager? Sont-ce les vertus dermatologiques de la boue dont on s’enduit le corps? Ou encore les paysages saisissants et les pentes désertiques des montagnes qui font qu’une fois encore dans ce pays on se demande si la nature n’a pas tout écrit? A moins que ce soit la présence de Jérusalem dont on devine à peine les lumières le soir après un somptueux coucher de soleil de l’autre côté de la rive sur les hauteurs au loin ou l’évocation des nombreux épisodes bibliques de la région? Est-ce le charme des hôtels qui la bordent comme le Mövenpick Resort & Spa Death Sea, réplique d‘un village avec une rivière qui serpente à travers le complexe hôtelier? Autant de bonnes raisons de consacrer une ou deux journées, ou plus, à cette Mer Morte menacée de disparition en raison de l’utilisation à grande échelle des eaux du Jourdain pour irriguer les cultures du désert. Un projet de liaison avec la Mer Rouge qui nécessite la coopération des deux voisins est en discussion pour sauver ce site mythique.
Le passage par la route des Rois, utilisée depuis des millénaires, constitue également une séquence inoubliable. La traversée de ce plateau jordanien compte parmi les plus beaux paysages de montagne et de nombreux sites historiques jalonnent cette voie. Um Ar-Rasas splendide site archéologique inscrit au patrimoine de l‘UNESCO comprend de nombreux vestiges des périodes romaine, byzantine et du début de l’Islam. A ne pas manquer, la superbe mosaïque dans l’Eglise Saint Etienne, véritable histoire illustrée de la région. Plus rare, deux tours carrées probablement les seuls témoignages de la pratique, bien connue dans cette partie du monde, des anachorètes stylites, moines ascétiques qui s’isolaient au sommet d’une colonne ou d’une tour pendant plusieurs jours. Surface au sommet moins d’un mètre carré! L’ascétisme à ses exigences…
A une heure à peine c’est la forteresse de Shawbak qui justifiera une nouvelle halte pour découvrir un témoignage du passage des Croisés.
Des croisés dont le moins qu’on puisse dire est que leur séjour – deux siècles tout de même – n’a pas laissé le souvenir d’une grande mission civilisatrice et de paix comme le raconte le passionnant livre d’Amin Maalouf « Les croisades vues par les Arabes ».
- La Khazneh à la lumière rose du soleil couchant.

Dans le Sîq, le défilé d’accès à Petra. A remarquer: le canal d’irrigation taillé dans la roche qui devient rose au soleil couchant.
Petra : la perle rose et plus encore

Taillée dans la roche, cette monumentale façade du Khazneh Fir’aoun, « le Trésor du Pharaon », était sans doute la tombe d’un souverain nabatéen, Aretas III ou Obodas II.
« Parfois l’homme prête main forte à la nature dans le but de façonner un chef-d’œuvre. Petra tient de l’un de ces très rares miracles ». Difficile de ne pas souscrire au verdict de Rami Khouri, grand spécialiste de la Jordanie. En effet, il n’est pas excessif de parler de miracle à propos de Petra tant ce lieu est impossible à imaginer à l’avance. Petra est un « chaos de roche » (sens de Petra en grec) façonné par le vent, le sable et l’eau et dans lequel l’homme a sculpté de nombreux temples, tombeaux et monuments. Ajouter une palette de grès qui donne au site ses couleurs extraordinaires : jaune, orange, rose, rouge, violet et bleu. Alors oui, il n’est pas exagéré de dire comme on le lit souvent, qu’à elle seule la capitale des Nabatéens vaut le déplacement en Jordanie.

Dernière tombe monumentale, ed-Deir , » le Monastère », domine au nord-ouest la vallée de Petra. On y accède par une rampe taillée dans le rocher.
Une journée complète au minimum est nécessaire pour découvrir, savourer et prendre la mesure de cette cité commerçante qui a permis aux Nabatéens d‘être les maîtres des routes commerciales qui relient le sud de l’Arabie à la Syrie, l’Egypte et la Méditerranée. Mieux vaut donc arriver la veille au soir pour être d’attaque dès le matin. La meilleurs façon d’être à pied d’oeuvre est de descendre dans l’un des hôtels à proximité de l’entrée du site historique.
Si des mulets pour certaines ascensions et des chameaux pour certains trajets sont disponibles, c’est globalement à pied que le site se découvre. Ni tong, ni Loboutin donc mais de bonnes chaussures de marche pour parcourir ce royaume de l’architecture funéraire troglodyte aux centaines de tombeaux et de temples.
Certes la majesté et la beauté des lieux sont à couper le souffle, il n’en demeure pas moins qu’une accumulation livresque minimum concernant les différentes influences qui s’y sont succédées, est fortement conseillée pour apprécier à sa juste valeur cette splendeur. En effet, entre le 6ème siècle av JC et le 6ème après, le commerce, la communication et les échanges culturels y réunissent les représentants des plus grandes civilisations de la Méditerranée orientale et occidentale: Grecque, Egyptienne et Romaine.
- Le Sîq, le lit de l’ancien cours d’eau, unique voie d’accès à Petra

Le théatre avec sa cavéa de 45 rangs taillés dans le rocher qui pouvait accueillir de 6 à 8500 spectateurs.

A l’entrée du désert du Wadi Rum, le Hejaz Steam Train, train militaire ottoman utilisé pour des reconstitutions à l’usage des touristes de la grande révolte arabe du début du XXème siècle.
Pour un rapport plus ludique à la civilisation ne pas manquer, seulement après une journée d’excursion bien entendu, la dégustation d’un repas jordanien que vous aurez préparé vous-même avec le soutien efficace des cuisiniers du Petra Kitchen, fameux restaurant qui dispense des cours conviviaux de cuisine locale.

S’il est certain que David Lean a tourné de nombreuses scènes de Lawrence d’Arabie dans le Wadi Rum, la présence de ce dernier n’y est signalée qu’à de courtes reprises en 1916/1917.
Du désert de Lawrence d’Arabie
aux plus beaux spots de plongée
Un peu plus d’une heure de route sépare deux autres lieux emblématiques qui méritent chacun une halte d’au moins deux jours : le désert Wadi Rum et la station balnéaire Aqaba.
Les Jordaniens ont eu la bonne idée de faire du désert de Wadi Rum une réserve avec contrôle d’accès. Résultat, ce parc national classé au patrimoine de l’UNESCO est époustouflant. Totalement préservé, rien ne vient polluer le spectacle de ce lieu qui culmine à 1700m et qui a surgi à l’époque tertiaire il y a…quelques millions d’années. Pour découvrir cette large vallée sèche bordée de falaises de grès rouge où l’érosion du vent et du sable a donné aux roches des formes étranges et fantastiques, la présence d’un guide est indispensable et le choix du 4X4 recommandé. Rien n’empêche cependant les plus téméraires de louer un chameau et d’inscrire leur pas dans ceux de Lawrence d’Arabie presque aussi célébré et honoré ici que le roi lui même…Il faut dire que dans son célèbre livre « Les sept Piliers de la Sagesse » il compare ce désert à une « cathédrale à ciel ouvert » pas moins!
Ici, tout est possible : du bivouac à la belle étoile de plusieurs jours avec ou sans escalade, au séjour dans un camp de tentes comme le Wadi Rum Night Luxury Camp qui comme son nom l’indique n’a rien à envier aux Lodges les plus luxueux des safaris Sud Africains : lit king size, peignoir blanc et canapé aux coussins de soie.
Un habitat assez éloigné des campements des Bédouins aux lourdes tentes de laine brune qui abritent encore des familles dont l’activité traditionnelle est pastorale. Troupeaux de chèvres et de chameaux guident les déplacements en fonction des pâturages.
Si plusieurs vestiges rappellent l’installation des Nabatéens dans la région, on retiendra surtout les trajets qui les relient et qui traversent des paysages grandioses et variés d’une vallée à l’autre. Ne louper sous aucun prétexte la dégustation d’un thé allongé sur un tapis à la belle étoile devant un feu de bois. C’est le seul moment où les adeptes du bivouac se sentent aussi égaux que les locataires d’un Luxury Camp.
En une heure de route le changement de décors est radical avec la frénésie de la station balnéaire d’Aqaba. Ni son architecture ni sa côte ne retiennent l’attention. C’est pour son accès à la mer Rouge qu’on descend jusqu’à cette ville et plus particulièrement pour les fonds marins qui s’y trouvent et que beaucoup considèrent comme les plus beaux du monde. L’infrastructure hôtelière correspond aux standards internationaux avec plages privées et nombreuses piscines. Efficace mais sans supplément d’âme. S’y côtoient un tourisme occidental et un tourisme local et régional d’Egypte et d’Arabie Saoudite. Dans cette dernière catégorie on oublie les maquillages ravageurs de Rainbow Street ici les femmes se baignent en survêtement à capuche manches et jambes longues. Les hommes eux sont en maillot et ils trouvent qu’à plus de 35° c’est plutôt agréable…
Plusieurs centres de plongée permettent de découvrir les trésors de l’écosystème. Une faune et une flore sous-marine qui justifie un séjour prolongé pour les amateurs. Ils croiseront de nombreuses espèces de poissons exotiques de toutes tailles parmi les récifs coralliens. La faible profondeur permet de les contempler avec un simple masque et un tuba.
Les autres en profiteront pour piquer une tête dans une des piscines du Radisson Bay Resort ou des deux Mövenpick avant de filer en ville pour un diner, forcément de poisson, au Royal Yacht Club restaurant sélect comme son nom le laisse présager. Pour une vision plus trépidante de la vie nocturne ou se baladera dans les rues d’Aqaba le long des terrasses de café où les hommes – et seulement eux- disputent des parties de cartes endiablées aux commentaires qu’on imagine virils vue le ton de certains échanges.
Les noctambules passeront leur chemin vue l’indigence de l’offre récréative et ça tombe bien car si le lendemain ils prennent le vol intérieur pour Amman le réveil est à à 6h!.
En 45mn vous êtes à l’aéroport d’Amman et là tout se mélange : les montagnes, le désert, les temples, la Mer Morte, les civilisations nabatéennes et romaines, les regards de braise. Dans les kiosques à journaux les unes de la presse internationale n’ont pratiquement pas changées depuis notre arrivée. Normal, les combats n’ont toujours pas cessé en Syrie, en Iraq, en Israël, en Palestine, en Egypte. Après une semaine dans la Jordanie au cœur de l’histoire et des civilisations on avait presque oublié la Jordanie au cœur de l’actualité.
De somptueux Mövenpick à Aqaba, Petra et au bord de la Mer Morte
Si quasiment toutes les grandes signatures hôtelières sont présentes en Jordanie, la chaîne suisse Mövenpick est, elle, omniprésente avec des établissements en gestion dans les principaux lieux touristiques. A la différence de son image en Europe où Mövenpick est plutôt une chaîne 4 étoiles et 4 étoiles luxe destinée aux voyageurs d’affaires avec des dizaines d’hôtels en Allemagne et en Suisse et quelques dizaines d’autres notamment en France, Mövenpick en Afrique et au Moyen-Orient, ce sont en général de grands Resorts & Spa plutôt luxueux et riches et quintuplement étoilés à la mode de ces régions. Initialement une chaîne de restaurants suisses il y a 42 ans, il est devenu un groupe hôtelier d’une centaine d’établissements, parti de Suisse pour hors d’Europe investir d’abord l’Egypte avec une dizaine de Resorts mais aussi des bateaux sur le Nil, puis tous le Moyen-Orient, Arabie Saoudite, Emirats, Qatar, Koweit… et donc la Jordanie avec ces 4 resorts & spa dont des propriétaires jordaniens leur ont confié la gestion.
A Aqaba, qu’entre parenthèse on peut snober pour mieux se concentrer sur le Walid Rum, Petra et autres merveilles naturelles ou archéologiques, les deux Mövenpick sont plutôt destinés à la clientèle de l’Arabie Saoudite voisine qui vient ici pour faire la fête. Le plus spectaculaire est le Tala Bay Aqaba situé un peu à l’écart de la ville, au bord de la Mer Rouge et pas très loin de la frontière saoudienne d’ailleurs. Plus de 300 chambres dont 145 family rooms, de spectaculaires piscines, 8 restaurants et bars, un Zara spa et tous les loisirs nautiques imaginables, Jet Skis, Banana ride, Inner tube, Speed boat, Sunset cruise…les plus bruyants étant ici les plus appréciés. Le Môvenpick Resort & Residence Aqaba, qui dispose d’un petit bout de plage au fond de la baie, plus en ville, tourne lui aussi autour des 300 chambres.
A l’entrée su site de Petra, le Mövenpick Resort Petra est pour notre goût le plus raffiné de cette collection Mövenpick jordanienne. Ouvert en octobre 1996, il en est aussi le premier. 183 chambres et suites seulement, il a le charme des demeures patriciennes meublées de commodes, d’armoires et de fauteuils précieux. Ici de magnifiques réalisations de l’artisanat syrien réputé le plus beau du Moyen-Orient. Magnifique restaurant en terrasse sur le toit, la tête dans les étoiles de la nuit orientale, la vue sur les lumières de la Petra contemporaine et sur les montagnes qui la cernent.
Exactement l’ambiance qui convient après une journée d’émerveillement, mais aussi d’accumulation de fatigue, à parcourir la cité antique dont on est ici à la porte.
Spectaculaire, bénéficiant d’un site d’exception au bord même de la Mer Morte, une situation qui n’a pas d’équivalent en face, côté Israël, où les hôtels sont tous très en retrait de la rive, le Mövenpick Resort & Spa Dead Sea, 346 chambres et suites, est conçu comme un village avec ses quartiers, ses places à fontaines, sa petite rivière, ses dédales entre jardins et vieilles pierres pour des balades qui finissent en haut d’une tour sur une terrasse où se rafraîchir en profitant d’une vue panoramique sur le site. C’est sans doute de cet hôtel, de l’une ou l’autre de ses terrasses ou encore de la vaste pelouse qui surplombe son accès au rivage qu’on peut profiter des plus beaux couchers de soleil sur la Mer Morte.
On s’y baigne non s’en s’être préalablement recouvert de la boue qui en a été extraite et que l’hôtel met à la disposition de ses hôtes.
Des soins qui pour rustiques qu’ils apparaissent n’en sont pas moins réputés efficaces pour les peaux abîmées.
L’hôtel a aussi un très beau Zara spa dans un cadre superbe avec notamment des bains de plein air à la vue panoramique imprenable.
Y ALLER
Turkish Airlines qui a l’ambition de faire de son hub à Istanbul la plate-forme des liaisons Europe-Moyen-Orient a inauguré l’an dernier une deuxième liaison vers la Jordanie, un Istanbul-Aqaba qui permet au départ de Roissy-Charles de Gaulle un Paris-Aqaba via Istanbul extrêmement compétitif. Il a l’avantage de vous vous déposer à proximité de Petra sans avoir à faire un deuxième transit par Amman. Ces derniers temps très primée dans les classements internationaux, la compagnie nationale turque est l’une des rares capables de rivaliser aujourd’hui avec les compagnies du Golfe, côté prix comme du point de vue des destinations disponibles et plus encore par la qualité de son service à bord, en classe éco comme en classe Confort et surtout en classe Business justement réputée pour sa restauration de haut niveau.
La compagnie nationale Royal Jordanien Airlines a des vols directs Paris-Amman d’où l’on peut rejoindre Aqaba. 28 avions, dont 2 cargos, déployés sur 55 destinations en Europe et en Asie. La flotte, très moderne, dispose de sièges avec grands écrans en classe éco tandis que la classe business » Crown » est équipée des sièges de dernière génération inclinables à 180°. 5 des 11 Dreamliner Boeing 787-80 commandés sont déjà en service mais pas depuis Paris d’où l’on vole en Airbus.



