
Encore un musée de région qui vaut de s’arrêter au moins une journée tant par son fond que par ses expositions temporaires. Celle proposée jusqu’au 27 août prochain est une vraie découverte d’un peintre du XXème siècle, un Américain de Paris, de Lyon, mais surtout de Chicago, puissant portraitiste d’une population pauvre, en marge du rêve américain, avachie dans les bars des quartiers noirs de la ville du Jazz. On est au temps de la guerre du Viet Nam et Robert Guinan, lui-même vétéran de la guerre de Corée, excelle à peindre ces portraits dans des scènes plutôt tristes.
Division Street; Réveillon de Noël. 1984 Division Street III: Red. 1992.
A la différence d’Edward Hopper, lui aussi peintre de l’Amérique de l’après guerre, lui aussi à l’écart de la déferlante abstraite dans l’art moderne, Robert Guinan ne peint pas des archétypes, des personnes sans nom, des scènes mythiques mais des portraits saisis sur le vif le plus souvent dans les bars où il déboule avec ses carnets de croquis et sa ribambelle de crayons.
Cette première rétrospective en France rassemble près de 80 tableaux prêtés par le Musée national d’art moderne, le musée de Grenoble, le Centre national des Arts plastiques et des collections particulières. L’ un des tableaux exposés, le « portait of Nelly Breda » avait été acquis par le musée de Lyon en 1978 auprès de la galerie lyonnaise Le Lutrin. Nelly Breda, la mère d’Emile Breda, un musicien de jazz ami du peintre et compagnon de ses virées nocturnes dans les bars de Chicago où il lui facilitait les rencontres avec les les sujets de ses portraits.
C’est un Français, le galeriste parisien Albert Loeb, qui l’exposa le premier en France et l’eut en contrat entre 1965 et 2002.
Portrait of Nelly Breda. 1973.
Division Street 18. Dans la cuisine. 1995
Robert Guinan a dit avoir commencé par se voir comme un réincarnation de Toulouse Lautrec, lui aussi adepte des croquis de demi-mondaines dans les cafés parisiens. Il revendiqua ensuite une grande admiration pour Paul Gauguin et une autre pour Jean Genet.
Pilier des bars enfumés où vit le jazz, peintre des opprimés avec une palette sombre, souvent grise, modeste chroniqueur de la vie des pauvres de Chicago, Robert Guinan, dans un style inclassable, souvent qualifié « d’en marge », ni vraiment figuratif, ni expressionniste, nous propose un art sombre et puissant qui nous semble restituer avec force cette époque mythique du Chicago populaire.
Très passionnante exposition. L’occasion d’une probable belle découverte pour les amateurs de peinture.
Ankara 1956: in the General House. 2002. Détail. Détail de la National Cafetaria. 1981 Portrait de »Sister » Carrie Robbins. 1972 When you Got a Good Friend. 1987.
Night Swimming in Lake Michigan. 1984. North Avenue Light. 1980-1981. Elevated Tracks Accross Lincoln Avenue. 1979.
The Great Fallen One. 1966. (hommage à Jean Genet).
Etude pour When you Got a Good Friend. At the Double Door Bar. 1985. (Graphite et crayon de couleur.) Etude pour Nikki Mitchell. 2000. Robert Guinan. 1934-2016.