
Ouvert en juillet, le Château de Sacy est une résurrection, celle d’une rare grande bâtisse plantée au milieu des vignes de Champagne en 1850 et laissée à l’abandon des dizaines d’années. Reconstruit, restauré, transformé, Sacy est aujourd’hui l’une des belles Maisons de la nouvelle Millesime-Collection qui se propose depuis maintenant 3 ans de célébrer « l’Art de vivre à la française » en faisant revivre à sa manière de belles demeures. Sacy est sa dernière ouverture de 2017, en attendant celles à venir cette année. Superbe adresse pour un week-end de charme au coeur des 1er crus de la Montagne de Reims.

Le bar-salon à la déco éclectique. Beau faux plafond en trompe l’oeil façon cuir de Cordoue, bar spectaculaire peint et doré à la feuille d’or et belles pièces de mobilier. Tiphaine Brossier, la Maître de Maison et Alexandra Patek, co-fondatrice et Directrice Générale de Millésime Collection.
Et c’est dans ces pentes, au milieu du vignoble, une rareté en Champagne, que se dresse le Château de Sacy, au-dessus du village du même nom et de son église romane du XIIème siècle classée aux Monuments historiques. On est à moins de 3mn de la gare TGV mais déjà complètement ailleurs.
Le Château, en réalité plutôt une admirable maison de maître, a été construit en 1850 pour une famille de marchands de tissus par un architecte connu à Reims pour de nombreuses autres réalisations, Pierre-Louis Gosset. C’était d’ailleurs à l’époque la « Villa Maria ». Occupée par les Allemands pendant la 2de guerre mondiale, la villa devint une salle de danse pour les libérateurs américains en 1945. Puis, rachetée par une grande famille de vignerons, les Mobillion, elle finit par ne plus être habitée et par être ravagée par ces dizaines d’années d’inutilisation.
Une opportunité pour le jeune groupe Millesime-Collection à la recherche justement de belles bâtisses à restaurer pour constituer sa Collection de Maisons, boutiques hôtels, maisons d’hôtes, restaurants, porteurs d’un « Art de vivre à la Française » tel que l’imaginent ses fondateurs Alexandra Patek et Philippe Monnin, Collection commencée en Aquitaine, à Bordeaux, Léognan, Arcachon… en 2014.
Le Château quasi en ruine est racheté et, 10 mois plus tard, en juillet 2017, après une restauration-transformation conduite comme une charge de la cavalerie impériale à Austerlitz, cette nouvelle Maison est ouverte. Magnifique. Accueillante. Dans un style français XVIIIème revisité bourgeois du XXème, avec un beau choix de mobilier plutôt brocante chic mixé avec du plus contemporain, des tissus superbes pour de spectaculaires rideaux doublés qui habillent de façon très théatrale toutes les ouvertures. La couleur dominante du grand salon, comme des couloirs qui distribuent les chambres et les suites dans les étages, est un plutôt osé et rare kaki, en fait « whisky » dans la palette de Ressources.
Tout cela créé une ambiance « comme chez soi », si « chez soi » est une maison de famille d’industriel cossu du siècle dernier.
» Les Vignes », comme celles qui entourent le château. Le restaurant, ouvert aux non-hôtes de la Maison, propose une cuisine de terroir et de marché avec une carte renouvelée toutes les 8 semaines par Flora Mikula, l’Executive Chief de la Collection, un joli pedigree de « bistronomie » avec « Les Olivades », « Flora » et maintenant « L’Auberge de Flora » du côté de la Bastille à Paris, carte mise en musique par le Chef résident Nicolas Christoforetti.
On ne se ruine pas et on mange bien. Selon les voeux les voeux de Philippe Monnin, le patron, qui affiche sans complexe son goût des assiettes plutôt « traditionnelles ». Le restaurant dispose d’une très belle voiture de tranche qui permet la découpe à table des gibiers et autres volailles fermières rôties.
Nous gardons des souvenirs émus d’un néanmoins choux farcis vegan aux petits légumes oubliés et bouillon végétal lors de notre séjour au Château. Et aussi d’un pâtée en croute de foie gras, une spécialité du Chef, et de son risotto de Saint Jacques poëlées délicieusement citronné aux herbes, suivi d’un cochon de lait et légumes rôtis. Le Mont Blanc du château au marc champenois, réalisé sur une meringue très légère fut une sorte de tuerie.
- Le restaurant Les Vignes avec ouverture sur la cuisine.
- Flora Mikula, Chef exécutive de Millesime, et Nicolas Christoforetti, le Chef des Vignes qui présente un somptueux choux farcis aux petits légumes oubliés.
- L’exercice de la découpe sur la voiture de tranche. Deux belles volailles fermières.
- Au restaurant, comme dans tous le château, de spectaculaires rideaux habillent les ouvertures.

Le Chef du restaurant Les Vignes, Nicolas Christoforetti, dans la découpe d’un cochon de lait. Il pratique une cuisine de terroir basée sur des produits de saison, notamment le gibier, les pâtées en croûte…
Les chambres et les suites, 12 en tout, ont chacune leur identité de papier peint, de couleur. Elles sont grandes, de 23m2 à 50m2 pour les suites Roi Soleil et Churchill, avec de belles hauteurs sous plafond et des salles de bains toutes très réussies voir « démentes » comme celle, immense, de la suite Roi Soleil avec sa spectaculaire baignoire ronde. Excellente literie kingsize avec de belles parures de lit signées Caravane.
S’il y a des écrans plats, en général cachés derrière des tentures, le parti pris « Maison » est de ne proposer ni minibar, ni nécessaire de thé et café, encore moins de machine Nespresso. L’idée est que les hôtes, comme dans une maison privée, chez des amis, se retrouvent dans le grand salon où boissons, café, thé leurs sont offerts. De mon point de vue, une idée artificielle, l’un n’empêchant pas l’autre, alors que le manque, lui, est bien réel, en particulier la nuit.
En revanche,le Château offre à tous ses hôtes dans les chambres une demi bouteille de champagne et un échantillon des produits ec(h)o. Prix plutôt modérés pour ce niveau de prestations et ce cadre. Cela commence à 185 € et monte jusqu’à plus de 500. Question de saisons. Les petits-déjeuners, servis à la table dans le grand salon, sont inclus.
- Chacune des 12 chambres et suites a une ambiance différente. Des rideaux somptueux, des papiers peints raffinés soulignés par des peintures de chez Ressources, beaucoup de meubles en miroirs et d’autres stylés brocante chic donnent envie de loger dans toutes.
- Les salles de bains, à l’image de celle ci-dessus de la suite Roi Soleil, sont toutes spectaculaires. Cette grande baignoire ronde…
- … ou encore ces deux douches réunies en une seule à l’italienne et en marbre dans la chambre Sarment d’amour.
- Le mobilier sent son choix d’antiquaire ou en tout cas de brocanteur chic.
- Beaucoup de meubles miroirs, tables, consoles, et quelques autres, superbes aussi, aux murs.
La petite salle de fitness est équipée de belles machines en bois, dont ce fameux rameur à eau WaterRower qui doit une part de sa réputation à son utilisation par le couple présidentiel à la Maison Blanche dans la série à succès « House of Card ».
Deux bains norvégiens en bois, du cèdre rouge, fabriqués en Haute-Savoie, trônent à l’extérieur. Des petits chefs d’oeuvre de menuiserie à plus de 6500 € pièce si je ne me trompe.
Mais ce sont aussi ces (gros) détails qui font le style d’une Maison.

Autre signe raffinement de cette Maison, les machines en bois de la salle de sport, comme ce fameux rameur WaterRower où la force de résistance est la force centrifuge de l’eau dans un réservoir cylindrique.

Bain norvégien sur la pelouse côté ouest, à côté des vignes. Belle réalisation en cèdre rouge fabriquée en France en Haute Savoie par Obiozz.
- La ligne de produits biologiques ec(h)o, certifiés « Nature et Progrès ».
- Dégustation de champagne. Sacy propose d’expérimenter une approche sophrologique qu’on appréciera ou pas selon son degré de cartésianisme. Moi, je l’avoue, pas du tout !
- Les trois cuvées d’un excellent propriétaire-récoltant, Trousset Guillemart. L’étiquette rouge est un remarquable brut nature dosé à seulement. O,3 gr de sucre
- Le voisin du Château à Sacy, Duménil qui produit aussi du safran, ici associé à du vinaigre et à de la moutarde. Champagne « Amour de cuvée » pour la Saint Valentin.
- Frédérique Poret-Duménil, la vigneronne, montre le résidu près du bouchon dans cette bouteille en cave.
- Une partie de la gamme Duménil, tous en région de 1er cru dans la montagne de Reims à Sacy et à Chigny-les-Roses.
En Champagne, évidemment on fait des dégustations de champagne. Peut-être, pour l’esprit très cartésien que je suis, la partie la moins convaincante, d’un séjour par ailleurs très séduisant. Non que le champagne proposé par la sommelière du Château fut mauvais. Au contraire, ces trois crus à étiquettes bleu, blanc et rouge, trois premiers crus de la maison Trousset Guillemart, maison familiale de vigneron depuis 1697, 6,7 ha classés 1er cru à Sacy, Les Mesneux et Villedommange dans la Petite Montagne de Reims, sont à retenir. Mais le parti proposé d’une approche sophologique de la dégustation m’en a presque fait perdre la capacité d’apprécier ces pourtant excellents champagnes. Une voix un peu habitée qui vous dit: » nous allons nous apprêter à présenter cette coupe à nos sens… à nos narines…. et ensuite, nous terminerons par apporter cette coupe à notre bouche… » Rien de tel pour vous téléporter très loin d’une dégustation de ce vin de fête. Au secours. La fausse bonne idée. On vous fait tellement vous concentrer sur vous-même, sur la prise de conscience de tout votre corps qu’il n’y a plus de place pour le plaisir du vin. Et je ne parle pas là de l’ambiance compassée, quasi religieuse que cela génère.
Bref, pas convaincu. Plus par les commentaires de la vigneronne, Frédérique Poret-Duménil, au cours de la visite de son chai, voisin du Château, puis de ses caves, puis de la dégustation de ses crus tous de très haute qualité, à commencer par son « by Jany Poret » à 19 €, prix de cave dont je serais bien reparti avec une caisse s’il n’avait fallu la porter. Belle maison qui fait partie d’un club exclusif où ils ne sont que 28, le Club Trésors de Champagne qui impose un cahier des charges très rigoureux pour la production de Cuvées Spécial Club les années de récolte exceptionnelle, avec des « vins clairs » prometteurs qui peuvent être millésimés.
PHOTOS©Dominique Bouchet
>Le site, au milieu du vignoble champenois classé 1er cru…….. 10
>L’ambiance déco, les rideaux, le mobilier, l’harmonie de couleurs …….. …………………………………………………………9
>La salle de sport, les machines en bois, les bains norvégiens… 9
>Le style des chambres et des suites……………………….. 9
>Les salles de bains,la grande baignoire ronde, les douches à l’italienne en marbre………………………………………………….. 8
>Ni minibar, ni machine Nespresso dans les chambres et suites… 2
>Prises pour téléphone, ordinateur…peu accessibles ou occupées par les lampes………………………………………………….. 4
>Le restaurant « Les Vignes », belle carte, bon chef, prix modérés. 8
>La qualité de service, accueil, sourires, disponibilité………10
>L’expérience sophrologique pour les dégustations de champagne… 2
TOTAL………………………………………………..71/100
A part ces deux erreurs, l’absence de minibar et de machine Nespresso qui ne me semble pas acceptable à ce niveau de prestation, et « l’expérience sophrologique » à laquelle je suis totalement fermé et qui me paraît de toute façon être une offre très risquée, qui plombent un peu sa note, voilà une adresse qui pourrait atteindre les notes d’excellence habituellement attribuées aux 5 étoiles élégants et chics.
FAUT-IL Y ALLER ?
Oui, sans réserve avec un ou une bonne amie fou ou folle de champagne.
MILLESIME COLLECTION bystolic and sore throat.
Déjà une dizaine de Maisons et Hôtels et autant de restaurants, d’abord à Arcachon, la Villa Pastel, puis toujours en Aquitaine, à Bordeaux, l’Hôtel de la Tresne, somptueuse demeure XVIIIème qui fut le siège du grand quotidien de la région, Sud-Ouest, La Course, Maison d’hôtes de 5 suites avec piscine privée en ville et une cave exceptionnelle de dégustation, et tout près, à Talence, le domaine de Raba, et dans le vignoble, à Léognan, Le Manège, beau restaurant bistronomique installé dans d’anciennes écuries. Il y a aussi l’Hôtel de Bouilhac plus à l’est dans le Périgord noir. Illustre bâtisse XVIIème à deux pas de Lascaux ayant appartenu au médecin de Louis XV.
Hors d’Aquitaine, outre Sacy en Champagne, Millesime Collection a fait revivre sur le mode chic et charme une pension de famille de La Baule, La Palmeraie, et annonce de prochaines ouvertures à Porto, à Marrakech, à Megève, à Valloire. Ce que Philippe Monnin appelle « un développement paisible, 2,3 ouvertures par an… » pour cette Millesime Collection qui a commencé en 2014.
Quelques 38 millions d’euros d’investissements à ce jour dans de l’immobilier souvent en piteux état voir quasiment en ruine, restauré, transformé au pas de charge avec une vista très précise. Belles pierres, bonne cuisine, grands vins, des paysages… Bref ce qui pour Philippe et Alexandra définit l’Art de vivre à la Française, ce qu’ils se proposent d’offrir aux hôtes de la Millesime Collection. L’argent vient de particuliers aisés, la plupart d’anciens clients de Philippe Monnin qui fut gestionnaire de patrimoine jusqu’à la cinquantaine, séduits par cette proposition de valorisation de patrimoine immobilier. Le couple, lui ancien financier, elle avocate spécialisée dans le droit des sociétés, s’est entouré d’une équipe de pilotage qui rassemble entre autre un expert de l’hôtellerie, Bruno Percepied, de BP Consulting qui a travaillé avec la Mamounia, le Ritz, nombre de Relais & Châteaux, la propriétaire de Château Léognan, Chantal Miecaze, responsable oenotourisme de Millesime Collection, Marie-Christine Mecoen, décoratrice et antiquaire, qui créé toutes les ambiances des Maisons, Flora Mikula, Executive Chief, autrement dit celle qui créé toutes les cartes et recrute les chefs, elle qui est passé chez Jean-Pierre Vigato et Alain Passard avant de diriger les Olivades et Flora à Paris puis de créer l’Auberge Flora à la Bastille. Ils sont douze comme les apôtres, mais avec une parité parfaite, 6 femmes dont la toute jeune Directrice de la communication Maitena Idiart, la « boss » de l’Aquitaine, Séverine Perrier et celle de la finance, Patricia Hamel. Un architecte, Philippe Robert, coordonne les projets en amont et planifie les rénovations qui, et cela semble bien être une caractéristique de la maison, sont toutes réalisées au pas de charge. On a vu que l’énorme chantier de résurrection du Château de Sacy a été bouclé en 10 mois.
Guillaume Bottolier, moniteur de ski à Megève, et patricien en sophrologie et techniques de relaxation, pilote le programme ec(h)o, une offre « bien être » proposée dans toutes les Maisons accompagnée d’une ligne de produits bios.
- Marie-Christine Mecoen, la Directrice artistique de la Collection, créatrice, décoratrice et antiquaire, elle crée toutes les ambiances » à la Française » des lieux ouverts par Millesime.
- Guillaume Bottollier, responsable Ec(h)o, le programme « bien-être » de la Collection. Méditation, sophrologie, relaxation, les pratiques cardinales de ce moniteur de ski de Megève.

