
D’Ancy-le-Franc, très pur château Renaissance injustement méconnu car à l’écart de la Loire, à Joigny sur l’Yonne, ville d’histoire, d’art et de gastronomie, en passant par Sens et sa mère des cathédrales gothiques de France, Tonnerre et son somptueux Hôtel-Dieu, voilà une balade géniale à faire en Bourgogne du nord où l’on ne manquera pas de découvrir aussi le chablis du Château de Béru et l’hospitalité chargée d’histoire de l’abbaye de Reigny sauvée et restaurée en Maison d’hôtes et d’événements culturels par un particulier qui l’a reçue en héritage il y a 14 ans.

Concert d’été dans la cour carrée du Château d’Ancy-le-Franc. Cet été-là, le grand pianiste Alexandre Tharaud.
Un équilibre des formes exceptionnel. Une découverte assez renversante pour celui qui le voit pour la première fois, ce qui était mon cas, et qui, l’émotion aveuglante aidant, serait assez tenté de le décréter « plus beau Château de la Loire » !… en Bourgogne.
Bâti entre 1542 et 1550, il fut l’un des premiers à l’être sur plans, des plans dessinés par un des architectes-star de l’époque, l’Italien Sebastiano Serlio appelé en France par François 1er pour travailler sur le Louvre et Fontainebleau. Le roi ne retint pas ses propositions, mais Lescot s’en inspira pour le Louvre et sa cour carrée. Et c’est le beau-frère de Diane de Poitiers, Antoine III de Clermond-Tallard, qui lui commanda Ancy-le-Franc.
Au XVIIème siècle, il est devenu la propriété du Marquis de Louvois, ministre de la guerre de Louis XIV et dont on verra plus avant dans notre balade bourguignonne le mausolée à l’Hôtel-Dieu de Tonnerre. Au XIXème siècle, les Clermont-Tonnerre le récupèrent et c’est une société anonyme, Paris Investir SAS qui veille sur lui depuis 1999. Avec attention, passion et quelques moyens dira-t-on, Ancy-le-Franc bébéficiant d’importantes restaurations. Notamment de ses exceptionnelles peintures murales Renaissance, un ensemble qui en fait le rival du Château de Fontainebleau, la référence française.
- La façade Ouest.
- Le projet du parterre Est: 4 tableaux de fleurs inspirés d’un décor XVIIème d’une chambre du château. Des motifs reproduits à l’échelle 100 sur cette surface de 10 000 m2. Les dernières plantations datent de septembre 2017.
- Le parterre Nord, devant l’entrée du château. Au fond une pyramide maçonnique du XIXème qui évoque le Grand Architecte de l’univers.
Le domaine comprend aussi de vastes écuries , une ferme sur cour, une orangerie, un jardin à la française et un jardin à l’anglaise avec une Folie du XVIIIe, un étang, des ponts, des arbres centenaires…
Un projet global de réhabilitation de l’ensemble du parc (50 ha) du Château d’Ancy le Franc est actuellement en cours avec notamment des créations de jardins sur les parterres est et ouest.
- La chambre de Judith, du nom des toiles dont celle où Judith tranche la tête d’Holopherne le général assyrien venu conquérir sa cité, Béthulie.
- La biblihothèque restaurée au XIXème par les Clermont-Tonnerre, riche de 3500 ouvrages desXVIIème,XVIIIème et XIXèmes siècles.
- La loge d’honneur installée pour la venue d’Henri III, devenue salon de musique puis salle de billard au XIXème siècle.
- Plafond à caissons » à la Française » du salon Louvois.
- La salle des gardes.
- Le salon Louvois.
- La galerie de Pharsale, bataille entre les troupes de César et celles de Pompée en 49 av JC. Un camaïeu d’ocres sur 32 m de longueur attribué à Niccolo dell’Abate, un collaborateur du Primatice.
- La Chambre de Diane de Poitiers au rez-de-chaussée dans le pavillon nord-est. Peintures murales attribuées à l’école de Fontainebleau et executées vers 1590 par le Flamand Nicolas de Hoey, l’un des grands peintres basés à Dijon.

La chambre des Arts était la chambre d’Antoine III de Clermont, le constructeur du château. Elle est décorée de médaillons représentant les 7 Arts Libéraux: la logique, la rhétorique, la grammaire, la musique, la géométrie, l’arithmétique et l’astronomie. Toutes matières enseignées à l’école dans l’Antiquité et au Moyen-Âge. Un 8ème médaillon représentant Apollon et les 9 muses a été rajouté.

La chambre des Fleurs créée au XVIIème siècle avec une ornementation murale « botanique » qui représente une trentaine de fleurs et des paniers de fruits et légumes.

LE CHÂTEAU DE BERU,
DOMAINE VITICOLE EN PAYS DE CHABLIS ET MAISON D’HÔTE
En même temps,expression à la mode, on est là dans les coteaux chablisiens, au milieu des vignes, et le Château de Béru, propriété de la famille depuis 400 ans, est certes un domaine historique, mais aussi et surtout un beau domaine viticole. 15 ha cultivés en biodynamie, sans pesticides pour une production de 60 à 70 000 bouteilles de Chablis, de Chablis Clos Béru et de Chablis 1er cru. Deux femmes vigneronnes, Laurence et depuis 12 ans sa fille Athénais de Béru de retour sur la terre familiale après une parenthèse dans la finance.
Dégustations et visites guidées pendant la saison d’été. Sur rendez-vous hors-saison. Il y a 3 chambres d’hôtes très modernes dans les dépendances et 2 appartements plus dans le jus historique dans le château.
La dégustation dans les anciennes écuries, orchestrée par le charmant » homme à tout faire »du château, accompagnées d’assiettes « maison » et bourguignonnes de sa composition, fut doublement un grand moment.
Car il y avait aussi le vin, un très beau Chablis, du genre qu’on se laisserait aller à siroter tout l’après-midi en échangeant quelques idées. Un peu comme Sir John Gielgud dans Providence d’Alain Resnais, un de mes grands chocs cinématographiques et oenologiques.

Le Château de Béru, construit au XVIIIème siècle à la place de l’ancien Logis des gardes, de la terrasse à canons et du donjon qui avaient brûlé au milieu du siècle précédent.
- Les appartements privés du château.
- Où l’on voit que Laurence de Béru aime la couleur vive.
- Deux des chambres d’hôtes…
- … créées dans les anciens communs.

C’ETAIT CHEZ LESLIE CARON

L’Yonne à Villeneuve-sur-Yonne. Le pont Saint Nicolas qui date de 1735. Sur le quai Bretoche, un hôtel et restaurant qui a longtemps appartenu à la comédienne et danseuse Leslie Caron, « La Lucarne aux Chouettes ».

JOIGNY, SI RICHE DE PATRIMOINE, D’HISTOIRE, D’ART
ET HAUT-LIEU ETOILE AVEC LA CÔTE SAINT JACQUES DE JEAN-MICHEL LORAIN
Il y a au moins trois bonnes raisons de venir à Joigny. Il y a d’abord son patrimoine historique. Toutes ces remarquables maisons à colombages du Moyen-Age qu’on découvre en se baladant dans la ville haute. Un patrimoine historique qui est aussi le chemin de mémoire militaire de la ville qui vit, de 1798 à 1914, 17 régiments de Dragons s’y succéder. Et surtout c’est le souvenir de la Résistance. Un haut lieu avec le groupe Bayard fondé par Paul Herbin, sa proche famille et 8 autres Joviniens au départ. Et aussi Irène Chiot, à l’origine d’un autre groupe de résistants, arrêtée chez sa mère avec l’écrivain Jorge Semprun et déportée à Bergen-Belsen où elle meurt de maladie quelques jours après la libération du camp.
Moins tragique, la deuxième bonne raison de passer par Joigny a un rapport avec l’Art moderne.
- La maison de l’arbre de Jessé traité en sculpture de bois et non en vitrail comme c’est habituellement le cas.
- La maison du pilori au décor d’écailles et d’engoûlants, des têtes d’animaux aux bouts des poutres.
- Détail d’une statue de Sainte Barbe sur la façade de la maison du pilori.
- Maison à colombages du XVème siècle place Saint Jean.
- L’exceptionnelle voûte Renaissance de l’église Saint Jean.
- La Maison de Prunelle où l’on peut trouver un excellent cidre du pays d’Othe et le pavé Ragobert, une recette d’un pâtissier de Joigny. Une sorte de Pithiviers, à la poudre d’amande donc, mais avec des raisins, Bourgogne oblige.

L’ATELIER CANTOISEL
C’est donc là la deuxième bonne raison de s’arrêter à Joigny. Un lieu inattendu dans cette ville d’à peine 10 000 habitants. Inattendu car en fait assez radical. Une maison particulière dédiée à l’art moderne et contemporain.« rue montant au palais, cantoisel, dernière maison avant le virage et les longues marches qui conduisent au parvis de l’église saint jean, cantoisel, simple contraction de chant d’oiseau, une maison du XVIIIe siècle, habitée, devenue depuis des années un lieu pour la peinture. »
écrit Claude Rutault, un peintre, dans l’avant texte de l’un des livres édité en 2009 par l’atelier Cantoisel et qui en retrace 27 ans d’activité. Donc 36 ans aujourd’hui .
Un couple, Jany et Michel Thibault,91 et 89 ans, elle poétesse, lui graveur marbrier et l’achat de cette maison en 1981. Tous deux amoureux de l’art et possédés par l’envie de partager cette passion. La ville de Joigny, le Conseil général de l’Yonne, le Conseil régional, la Direction générale des affaires culturelles, des donateurs privés, du mécénat local soutiennent le projet. Plusieurs centaines d’artistes vivant exposés durant toutes ces années, parmi eux, Alberola, Alechinsky, Baselitz, Bazaine, Boltanski, Bram van Velde, Buraglio, Buren, Chaissac, Degottex, Hantaï, Henri Michaux, Morellet, Pincemin, Sam Francis, Richard Serra, Sol Lewitt, Tapiès, Tal Coat, Xavier Veilhan, Viallat … et dans la maison aujourd’hui, des installations et des peintures sur le thème « Parallèles potentiels ».
Le conseil paraîtra cynique mais aussi de bon sens. Il faut se dépêcher d’y aller car Jany et Michel Thibault le disent eux-mêmes, la question de la transmission commence à devenir pressante et ils ne savent pas ce que sera la suite.
- Michel et Jany Thibault.
- Vitraux sur les chiens assis…
- … ces fenêtres sur le toit de la façade.
- Murales de Christophe Cuzin dans l’escalier.
- Au mur, des peintures de Christian Bonnefoi.
- Une sculpture de Gilles Gally.
- Unse sculpture sous les voûtes de la cave.

LA CÔTE SAINT-JACQUES AIMERAIT RETROUVER SA 3ème ETOILE
Le Relais & Châteaux du bord de l’Yonne à Joigny, devenu un haut-lieu de l’hospitalité de luxe à la Française très prisé par une clientèle aisée et étrangère – certains arrivent en hélicoptère -, avec de belles suites, des terrasses face à la rivière, un spa avec piscine et une table gastronomique doublement étoilée au Michelin. J’avais annoncé 3 bonnes raisons de venir à Joigny. Voici donc la troisième qui pour beaucoup de gastronomes est même la première voir la seule.- L’entrée principale du côté des bâtiments le long de l’Yonne.
- Le salon d’accueil.
- Vue sur le bar.
La maison est cossue. Assez tradi dans sa déco. Rien qui ne puisse choquer le goût qu’on appelle souvent le bon goût. Ni style, Louis XV, Louis XVI, Napoléon III ou autre qu’on trouve souvent dans les Maisons qui veulent faire Français, mais du contemporain q ui se serait arrêté aux années 50.
Il est vrai aussi que la Côte Saint Jacques est un drôle d’ensemble de maisons rassemblées par rachats successifs côté Yonne et reliées par un tunnel qui passe sous la route à l’établissement d’origine au pied de la côte Saint-Jacques, une auberge créée par la grand-mère de Jean-Michel Lorain, Marie Lorain. Dans la famille, c’est le papa, Michel qui commence la course aux étoiles Michelin, la première en 1971, suivie d’une deuxième en 1976. Son fils, Jean-Michel le rejoint en 1983 après une formation chez Troigros à Roanne, Deligne alors Chef de Taillevent à Paris, et chez le mythique Fredy Girardet à Crissier en Suisse.
Ils obtiennent la troisième étoile en 1986. Jean-Michel a 27 ans, ce qui en fait le plus jeune Chef triplement étoilé. La Côte Saint Jacques est devenue l’une des grandes tables de France.
Perdue en 2001, cette troisième étoile est regagnée 3 ans plus tard puis à nouveau perdue en 2015 pour un défaut d’assaisonnement, paraît-il. Pas assez de sel! Paradoxal vu le poison qu’est le sel pour la santé.
Nonobstant ce parcours du combattant pour l’étoile, celle qui manque créant un certain déséquilibre économique dans la Maison, la cuisine de Jean-Michel Lorain est toujours une expérience de haut niveau comme en témoigne ce menu servi lors d’un voyage de presse en octobre dernier:
D’abord une très jolie île flottante au caviar « Petrossian » sur une gelée d’ail noir et une crème légère au raifort. Puis une mousseline de brochet, saveurs et senteurs automnales de nos sous-bois. La viande était un agneau du Quercy confit et rôti aux épices douces avec une crème d’amande au fenouil. Après les fromages, un dessert joliment dressé, un bavarois coco, crème légère au jasmin et fruits exotiques en équilibre. On verra sur les photos que les dressages sont très beaux et que souvent chez Jean-Michel Lorain qui est aussi un bon photographe, c’est très graphique. Quant aux assaisonnements et aux cuissons, nous n’avons, nous, remarqué aucune faiblesse.
- Le Chef et propriétaire de la Côte Saint-Jacques, Jean-Michel Lorain.
- Un plat signature, la terrine d’huitres.
- L’île flottante au caviar »Petrossian », gelée d’ail noir et crème légère au raifort.
- Mousseline de brochet, saveurs et senteurs de nos sous-bois. automnales
- Echine de cochon à la royale
- Chevreuil, betterave et marrons.
- Bavaroise coco, fleurs de jasmin, fruits exotiques en équilibre.
- le Dagmar, caramel mou au chocolat enrobé d’une fine pellicule croustillante de caramel. Recette jovinienne un peu perdue recréée par Jean-Michel Lorain.
- Un chablis de la Chablisienne, Les Vénérables, vieilles vignes. 2006.
- Et un magnifique Mâcon rouge.

Plus de 800 références dans la cave dont de rares grands crus comme la Romanée Conti. Une tradition d’excellence dans cette Maison où Jacqueline Lorain, la femme de Michel, fut l’une des premières sommelières confirmées dans les années 70.
- L’ancienne auberge d’origine de l’autre côté de la route.
- Le tunnel qui passe sous la route et relie les deux ensembles.
- Couleurs changeantes la nuit pour ces poissons plantés sur la terrasse surplombant l’Yonne.
- Salle de séminaire sous les toits avec vue panoramique sur Joigny.
- Une chambre…
- …avec terrasse et vue sur l’Yonne.
- La piscine de l’espace spa. La Côte Saint-Jacques & Spa travaille avec 3 marques: Carita, Cinq Mondes et Omnisens.
- La baignoire japonaise Ofuro pour des soins à deux.
- Le hammam.

A TONNERRE, UN TRES BEL HÔTEL-DIEU
Un joyau du XIIIème siècle fondé en 1292 par Marguerite de Bourgogne, la belle-soeur de Saint Louis et petite-fille d’un Duc de Bourgogne. Classé Monument historique par Prosper Mérimée en 1842. C’était au Moyen-Âge un lieu d’accueil et d’assistance avec une fonction hospitalière. Lieu d’hébergement aussi pour les pélerins en route pour Saint Jacques de Compostelle qui passaient par Tonnerre pour rejoindre Vézelay.Remarquable pour sa grande salle des malades longue de 100 m à l’origine, réduite à 90 m après l’aménagement d’un balcon au XVIème siècle. 18m de largeur et autant en hauteur sous une superbe charpente en chêne en berceau renversé.
A voir dans cette salle un curieux instrument astronomique, le gnomon, tracé au sol en 1785 par un moine bénédictin. Une grande ellipse correspond au solstice d’hiver, une petite au solstice d’été. Une baie en partie obstruée au-dessus du tracé laisse passer un un rayon lumineux dont la tâche sur l’axe central de celui-ci détermine le midi vrai en été à 13h44 et à 12h44 en heure d’hiver. Fascinant à observer. De même les sculptures, le mausolée de Louvois, ministre de la guerre de Louis XIV, une Mise au tombeau du Christ et le tombeau de Marguerite de Bourgogne, installées du côté du Maître-autel où trône une étonnante Vierge au buisson ardent gothique qui associe un thème de l’Ancien testament, le buisson ardent et Moïse, présent en bas à droite de la Vierge, à un autre du Nouveau testament, la Vierge et l’enfant.
Cette grande salle sert de lieu d’expositions temporaires alors que le musée auquel on accède par l’autre bout de la salle, côté tribune, présente notamment des manuscrits médiévaux et de l’art religieux. Et la reconstitution d’un bloc opératoire du début du XXème siècle.

Toujours dans la grande salle de l’Hôtel-Dieu de Tonnerre, ce groupe sculpté datant de 1453, une mise en tombeau du Christ en pierre de Tonnerre signée de deux artistes locaux, Georges et Jean-Michel de la Sonnette, élèves de Claus Sluter, un Maître de l’école bourguignonne.

Parmi les personnages de la Mise au tombeau du Christ, cette femme en coiffe bourguignonne, Marie-Salomé. A sa gauche, Marie-Cléophas. L’homme est Saint Nicodème.
- Médaillon sur un mur de la grande salle représentant Louvois, ministre de la guerre de Louis XIV.
- Le tombeau de Marguerite de Bourgogne rebâtit en marbre en 1825 Par Bridant car le gisant d’origine avait été détruit pendant la Révolution Française.

Le mausolée du Marquis de Louvois, Comte de Tonnerre, sculpté par Girardon et Desjardins, artistes du Château de Versailles.

SAINT-ETIENNE DE SENS, MERE DE TOUTES LES CATHEDRALES DE FRANCE
Elle n’y paraît pas à première vue, enchâssée qu’elle est dans le centre-ville de Sens. Au point qu’on a du mal à avoir une vue d’ensemble et dégagée de sa façade. Façade d’ailleurs un peu bancale avec sa tour nord du XIIème siècle jamais achevée et sa tour sud qui s’est écroulée en 1268, dans le siècle qui a suivi sa construction, et qui fut finalement achevée au XVIème siècle et surmontée d’un campanile Renaissance.Mais cette cathédrale Saint-Etienne a pourtant cette qualité unique d’être la première cathédrale gothique bâtie en France.
C’est vers 1130, 33 ans avant Notre-Dame de Paris, 64 ans avant Chartres, que l’archevêque Henri Sanglier décide d’en confier la construction à un architecte novateur que l’on connaît seulement sous le nom de « Maître de Sens ».
Dans cette époque encore romane, le « Maître de Sens » propose de se lancer dans la croisée d’ogives, une nouvelle conception du voûtement expérimentée aussi à la basilique de Saint-Denis dont la construction vient également de commencer. Croisée d’ogives, arc-boutant, les nouvelles techniques du gothique s’expriment pour la première fois à Sens et fixent le modèle de toutes les grandes cathédrales gothiques des siècles suivant.
Ce n’est pas forcément la plus belle des cathédrales gothiques, mais c’est la première. Emotion particulière donc et content de l’avoir vue.
- Le Maître-autel et son baldaquin signé Servandoni, inspiré de celui de la Basilique Saint-Pierre de Rome.
- Le mausolée des frères Davy du Perron, archevêques de Sens au dbut du XVIIème siècle.
- Le martyre de Saint Savinien devant une draperie en stuc du XVIIIème. Vitraux du XIIIème.
- Superbe vitrail du XIIIème siècle .
- Vitraux du XIIIème siècle: Le Fils Prodigue et à droite, le Bon Samaritain.
- La façade de la cathédrale avec sa tour nord inachevée.
Accolés à la cathédrale, les bâtiments du Palais synodal qui datent du XIIIème siècle et ont été restaurés par Viollet-le-Duc et l’ancien archevêché (XVIème et XVIIIème) contiennent les collections des musées de Sens. des collections pré- et protohistoriques (notamment des bijoux de l’âge du Bronze), des sculptures gallo-romaines et une donation Lucien et Fernande Marrey, des meubles du ferronnier d’art Raymond Subes, des céramiques de Jean Mayodon et des peintures flamandes et hollandaises dont un tableau de Peter Brueghel. Egalement, un bronze de Rodin, « L’âge d’airain » et des toiles d’Eugène Boudin et d’Albert Marquet. Il y aussi le Trésor de la cathédrale avec des tissus anciens et des vêtements liturgiques dont ceux de Thomas Beckett (XIIème siècle) venu à Sens avant de retourner à Canterbury après sa réconciliation avec Henri II d’Angleterre.
- La donation Lucien et Fernande Marrey.
- La toile de Peter Brueghel.
- Dans les caves gothiques…
- … les sculptures gallo-romaines.

REIGNY, UNE ABBAYE CISTERCIENNE DEVENUE MAISON D’HÔTE
Dans la vallée de la Cure, à Vermenton au coeur de l’Yonne, entre Auxerres et Vézelay, le bâtiment des moines, belle bâtisse classique, apparaît au bout d’un chemin qui longe l’un des canaux latéraux qui achemine l’eau de la source dénommée « l’Abîme » jusque dans ce qui était l’enclos de l’abbaye de Reigny-lez-Vermenton.
amsafast. Le bâtiment des moines.
D’aucuns traiteraient de fous Louis-Marie et Béatrice Mauvais, beau couple typique d’une certaine tradition française avec ses quatre enfants, qui s’est lancé avec une passion dévorante et forcément une certaine inconscience dans la reprise d’un Monument historique. Et pas un petit. Non. Carrément une abbaye cistercienne fondée par Etienne de Toucy au XIIème siècle.
Quand Louis-Marie Mauvais hérite de ce bien en 2004, l’abbaye a eu un parcours très mouvementé, devenue Bien National, en partie dépecée, elle doit sa survie et le début de son sauvetage à un classement d’une partie de ses bâtiments au titre des monuments historiques en 1920. Et c’est en 1988 qu’elle entre dans la famille de l’actuel propriétaire qui décide, un de l’habiter, deux de continuer de reconstituer son histoire et de restaurer tout ce qui peut l’être et trois de l’ouvrir au public. De deux façons: pour des visites, ce qui est le cas depuis le 9 juillet 2005, et en initiant une activité touristique et événementielle pour à terme retrouver une autarcie économique de l’abbaye.
Des chambres d’hôtes et des gîtes ont été ouverts et les espaces historiques comme l’ancien réfectoire du XIVème siècle ou le cellier XVIIIème sont disponibles pour des événements privés et des événements culturels dont un Festival Paroles et Musiques à Reigny qui se déroule en automne et en été et est organisé par l’Association des amis de l’abbaye de Reigny.
L’abbaye se visite de Pâques aux Journées du Patrimoine le 3ème week-end de septembre. Ne pas manquer de se faire expliquer le système hydraulique mis en place par les moines et d’aller voir le colombier.
Mais la meilleure façon de découvrir Reigny est d’y loger et de prendre le temps d’interroger Louis-Marie ou Béatrice Mauvais, ou les deux. Les chambres d’hôtes sont superbes.
- Louis-Marie et Béatrice Mauvais.
- Le colombier.
- La salle des moines, actuelle salle-à-manger.
- Le grand salon-bibliothèque…
- …au 1er étage du bâtiment des moines.
- Dans le hall de l’escalier d’honneur du XVIIIème.
- On distingue l’un des canaux le long du chemin.
- L’escalier d’honneur.
- Reigny propose 3 chambres d’hôtes…
- …et 2 suites d’hôtes au 1er étage du bâtiment des moines.
- Le pigeonnier et la ferme où sont les gîtes ruraux.
Photos©Dominique Bouchet et quelques DR .
