
Il y a du XVIIème, un peu, l’escalier, des dépendances, et de la fin XVIIIème-début XIXème, le style Louis-Philippe, beaucoup, dans ce Château de Saulon que l’ensemblier-décorateur Rinck et son président Thierry Goux viennent de totalement reprendre en main pour lui redonner son lustre d’antan. Superbement situé entre Dijon et Beaune, à deux pas de la route des grands crus de Bourgogne, ce château-hôtel vient de retrouver son élégance et son chic à la française après 5 semaines de travaux de rénovation littéralement conduits au son du canon.
- Vue du Château de Saulon depuis le bout de la prairie.
- L’un des deux pavillons.
- Le nouveau et jeune Chef du restaurant, Mohamed Henni, a créé ce grand potager où poussent notamment de très gouteuses tomates.

La cage d’ascenseur extérieure en métal noir et verre est certes assortie à la verrière. Les deux n’en sont pas moins des erreurs de style que Thierry Goux déplore sans encore avoir trouvé de solution satisfaisante.
- Saulon côté parc.
- La piscine à l’orée du parc de 27 ha et de cette grande prairie bordée de beaux arbres. Au fond coule une rivière, la « Sans Fond » qui alimente un canal, ici à droite de la photo.
Un château bourguignon qui vécut une période hôtelière sans grand lustre, 3 étoiles, une table convenable, un joli cadre pour des événements genre mariages, mais rien de vraiment renversant.
Et puis l’an dernier, tout a changé. L’ensemblier-décorateur Rinck s’est vu proposer de littéralement métamorphoser ce lieu en lui redonnant l’élégance et le chic du château de plaisance qu’il était du temps du Marquis. L’hôtel ferme donc en mars 2018. et la contrainte est que les travaux de transformation et de décoration doivent durer seulement le temps de la fermeture annuelle, 5 semaines ! Vu l’ampleur des travaux à réaliser, c’est un délai absolument inhabituel et peu de maîtres d’oeuvre s’y serait engagé. Un pari que Rinck, à la fois maître d’oeuvre en tant qu’architecte et décorateur du chantier, et en partie lui-même maître d’ouvrage dans la réalisation des travaux, se sent capable de gagner.
Et il le gagne. Pari tenu. Et une quatrième étoile à la clef. Le résultat est là sous nos yeux. Le Château de Saulon réouvre dans sa nouvelle livrée en mai et obtient sa 4ème étoile en cette rentrée.
- La longue allée d’arrivée au château avait perdu ses arbres lors de la grande tempête de 1999. Des peupliers ont été replantés.
- A gauche, le bâtiment du restaurant gastronomique.
- L’un des deux bâtiments, les « écuries » est d’ors et déjà transformé en pavillon avec de nouvelles chambres. Les deux du rez-de-chaussée ont de belles terrasses face au canal.
- Vue de l’un des deux pavillons depuis le salon d’accueil.
Il y avait une envie de retrouver une certaine élégance traditionnelle à la française, un mélange de 17ème, 18ème et 19ème siècle matiné d’un chouïa de 20ème comme ces sièges Pols Potten en tissus velour vert émeraude trouvés aux Pays-Bas qui cohabitent harmonieusement avec ce style « Château » hétéroclite. Un mixte voulu par Rinck et Thierry Goux.
« Il fallait retrouver dans ce lieu superbe une ambiance de château transmis de génération en génération où, au fil des siècles, chacun aurait laissé le souvenir de son passage dans la décoration des pièces. »
Pour cela l’équipe Rinck a chiné du mobilier régional que côtoient des pièces sur mesures signées Rinck, des têtes de lit, des chevets, le bar, des tables basses…
- La réception.
- Le bar
- Vue du salon à côté de la réception.
- L’un des salons côté parc, transformable en salle de séminaire.
- Plafonniers stylés et spectaculaire colonne porteuse d’une vasque.
- Des vrais livres anciens dans la bibliothèque peinte d’un vert de château anglais.
- L’escalier XVIIème a été restauré.
- Des consoles baroques chinées par Rinck.
- Une série de salons « cosy »…
- … confortables et aux ambiances sereines.
- Des couleurs à l’ancienne, genre Farrow & Ball.
- Les sièges Pols Potten déclinés également en vieux rose.
- Pour un petit déjeuner un peu à l’écart de la grande salle.
- Un certain air du XVIIIème siècle.
- Un joli choix de vases typés château bourgeois.
- Le meuble du buffet du petit déjeuner se referme en un spectaculaire grand miroir de fond de salle.
Sa table a toujours fait partie de la réputation de Saulon. Le nouveau et jeune Chef, Mohamed Henni semble bien parti pour faire monter encore d’un cran ou deux cette réputation. Bien soutenu par Thierry Goux, le président de Rinck très impliqué dans ce renouvellement et cette montée en gamme du Château de Saulon, il a pu créer un assez vaste jardin potager, première base pour la qualité des produits qui sont au coeur de sa cuisine. Et comme il a eu carte blanche pour choisir par ailleurs ses producteurs et renouveler les cartes, on a là les ingrédients qui peuvent rendre crédible l’ambition de glaner quelques étoiles au Michelin. On lui en accorde d’ailleurs déjà symboliquement au moins une après avoir fait à sa table un excellent dîner qu’un tout aussi excellent sommelier a su agrémenter de vins bien choisis dont un Saint-Véran le Grand Bussière du domaine Olivier Merlin, un chardonnay blanc de Bourgogne qui, sans être un grand cru, était extrêmement goûteux.
Quelques belles propositions de la carte:
>Le lieu noir, pois chiches et navets aux épices méditerranéennes;
>Le polychrome de betteraves, chèvre frais, citron confit et cumin;
>La truite, fraîcheur de cardamone, concombre et daikon;
>Le foie gras, cerises et pistaches au vieux balsamique;
>Le Brillat Savarin à la truffe d’été, salade d’herbes…
Des menus qui commencent à 20 € en 2 actes et vont jusqu’à 75 € en 7 actes, hors les vins certes mais quand même!
Et la terrasse, bordée d’un côté par le petit canal d’irrigation qui marque l’entrée du domaine, on passe par dessus pour accéder au Château de Saulon, et ombrée par un majestueux et immense platane, est par beau temps l’endroit où s’installer.
- La belle salle voûtée du restaurant dans un pavillon à l’entrée du domaine, le long d’un petit canal. Elle sera elle aussi redécorée dans l’esprit du nouveau Château de Saulon.
- Une belle terrasse bordée par le canal et dotée notamment d’un spectaculaire platane.
L’hôtel, qui vient d’obtenir sa quatrième étoile après cette rénovation de fond, propose 32 chambres et suites de 139 à 280 €. La plupart sont dans le Château lui-même, y compris sous les combles. Quelques unes sont dans le premier pavillon aménagé, celui de droite quand on arrive, ceux de gauche dont une grange devant être eux aussi aménagés en 4 nouvelles suites et 2 chambres en 2019. Demander plutôt celles-ci. Celles du rez-de-chaussée ont de jolies terrasses face à l’un des canaux d’irrigation et de belles surfaces.
- Couloir à l’étage dans le ch^teau.
- Le couloir du dernier étage sous les combles.
- L’une des chambres sous les combles dans le château.
- La chambre de l’étage dans le pavillon extérieur…
- … et sa salle de bains.
NOTES DE STYLE
>Le cadre, le parc de 27 ha, sa rivière, les canaux…………………09
>La transformation signée Rinck…………………………………..09
>La piscine style « maison de famille » dans le parc………………….08
>La trouvaille des sièges Pols Potten……………………………..08
>Quelques défauts de raccords dans les meubles Rinck comme le bar…….02
>Trop de XIXème et pas assez de XVIIIème à mon goût dans le mixte déco..06
>Les mal-venus ascenseur et verrière sur la façade néo-classique……..04
>Belle table avec un chef prometteur………………………………08
>Un vrai potager et de beaux choix de produits et de vins……………08
>Et in fine, un rapport qualité/prix très performant………………..09
TOTAL………………………………………………………71/1OO
Vraiment bien pour une réouverture-métamorphose si récente. L’obtention quasi immédiate de la quatrième étoile est très logique. Le restaurant ne devrait pas tarder à avoir la sienne. Et on a omis de mettre le 10/10 que mérite l’accueil.
Photos©Dominique Bouchet et DR


RINCK, ENSEMBLIER-DECORATEUR
Rinck, c’est le nom d’une dynastie d’ébénistes qui s’est installée en 1841 à Paris, faubourg Saint-Antoine, après l’annexion allemande de l’Alsace-Moselle. Dans les années 1920_1930, ils furent l’un des grands de l’Art Déco. Une empreinte forte restée dans leur ADN et visible encore aujourd’hui dans leurs réalisations comme ce grand appartement parisien de Passy.Repris en 2003 par Thierry Goux, lui-même à la tête d’un atelier de menuiserie-ébénisterie dans la Drôme, avec l’idée de reconstituer le métier d’ensemblier-décorateur qui avait fait le succès de la marque jusque dans les années 50. Des architectes d’intérieur, des designers, des dessinateurs, des artisans, des ébénistes… Une boîte capable de concevoir mais aussi de réaliser dans ses ateliers et de conduire les chantiers.
- Immense salon avec des canapés italiens B&B de Patricia Urquoia. L’abat-jour XXL au plafond est une création de Rinck. Fauteuil signé Christophe Delcourt.
- Tables basses Hamilton Conte. Les pots avec les branches de bouleau au fond sont de Jean-Marie Massaud.
- Rinck aime les sièges Pols Potten déjà vus au Château de Saulon.
- Détail du plateau de table sorti des ateliers Rinck.
- La salle à manger ouverte sur le salon.

Rue Beethoven à Paris, non loin du Trocadéro, où Rinck a totalement reconçu et décoré un somptueux 300 m2 avec vue sur la Seine et la Tour Eiffel.
Photos©Dominique Bouchet
