SUISSE / Les vignobles du Lavaux avec vue sur le lac

Dans le canton de Vaud, à proximité de Lausanne, entre Lutry et Chardonne, les Vignobles du Lavaux s’inscrivent dans une longue tradition initiée par des moines cisterciens, il y a près de mille ans. Depuis 2007, ces vignobles en terrasses, surplombant le Lac Léman, figurent au patrimoine mondial de l’UNESCO. Du 18 juillet au 11 août 2019, Vevey accueillera la douzième édition de la Fête des Vignerons du Lavaux et du Chablais Vaudois. Une manifestation exceptionnelle qui n’a lieu que 5 fois par siècle. A ne rater sous aucun prétexte et une excellente opportunité de découvrir le meilleur des vins helvétiques.

Les vins du Lavaux sont peu connus au-delà des frontières de la Confédération. Et pour cause, en amateurs avertis, nos amis Suisses gardent jalousement ces vins de très bonne facture qu’ils n’exportent qu’en infime quantité. Alors, pour en découvrir la richesse comme la diversité, nous avons posé nos valises sur la Riviera Vaudoise dans la chic et paisible ville de Vevey qui jouxte les Vignobles du Lavaux. Non loin, Saint-Saphorin est un charmant petit village médiéval dont les rues pentues s’ouvrent sur les vignobles. En prenant de la hauteur, le panorama est éblouissant avec, en toile de fond de l’autre côté du Léman, la ville d’Evian et les Alpes françaises enneigées. Le paysage est vallonné, découpé et rythmé par plusieurs centaines de kilomètres de murs de pierre qui retiennent la terre des parcelles en terrasse. Désaley et Calamin s’affichent à flancs de coteaux en lettres géantes. Ce sont les 2 seules appellations classées « Grand Cru de Lavaux ». Le Chasselas, de son véritable nom le Chasselas fendant roux, règne en maître sur 850 hectares. Ici, le blanc représente 80% de la production et comme en Bourgogne, les vins sont mono-cépage et sans assemblage. Chaque parcelle produit un vin unique aux arômes complexes et variés, en fonction de la nature du sol, du savoir-faire des vignerons et de la qualité de l’ensoleillement. Un ensoleillement très privilégié puisque nous sommes au pays des 3 soleils conjuguant le rayonnement direct, le rayonnement réfléchi par le lac, et enfin le rayonnement nocturne des murs de soutènement. Dans ces vignobles escarpés que certains qualifient d’héroïques, il n’y a évidemment pas de mécanisation possible. Il faut donc faire preuve d’ingéniosité : treuils, chariots sur rails, voire hélicoptères pour les parcelles les moins accessibles, viennent en renfort lors des vendanges. A Cully, Guillaume Potterat, descendant d’une famille de vignerons depuis des générations, nous a conviés à une « Verrée » dans son caveau. Pour commencer, un Epesses 2017 aux notes minérales tout à fait plaisantes. Puis un puissant Côtes de Courseboux 2017, vieilles vignes, avec des notes de pêche et un excellent potentiel de garde. Enfin, une curiosité, le Plant Robert : un cépage ancien de la famille des Gamay, très cultivé à Lavaux aux 18ème et 19ème siècles. Sauvé in extremis de l’oubli, il donne d’intéressants vins rouges à la robe sombre et aux notes épicées. Guillaume est également co-directeur du Cully Jazz Festival qui se déroulera du 5 au 13 avril 2019. Près de 70 000 visiteurs y sont attendus pour une quarantaine de concerts répartis sur 3 scènes. En off, dans les caveaux des vignerons, se mêleront étroitement jazz, dégustation et convivialité!

La Confrérie des vignerons a été fondée au Moyen-Age, sous le nom d’Abbaye de Saint Urbain, le saint patron protecteur de la vigne et du vin. Sa devise est sans ambiguïté : « Ora et labora » soit « Prie et travaille ». Son rôle est clair : contrôler et sanctionner le travail des vignerons tâcherons. Au Siècle des Lumières, afin d’améliorer le rendement et la qualité des vins, il est judicieusement décidé de récompenser les vignerons au lieu de les punir. Depuis, les meilleurs d’entre eux sont périodiquement couronnés lors d’une cérémonie solennelle sur la grande place du marché de Vevey. En 1797, une estrade est dressée afin que la cérémonie puisse être vue de tous et il faut bourse délier pour y assister. Ce fut la première « Fête des Vignerons », déjà structurée comme un véritable spectacle sur le thème des quatre saisons et joué par des centaines de bénévoles. Dès l’origine, il est établi qu’il n’y aurait qu’une Fête des Vignerons par génération. Pour l’édition 2019, une arène de 20 000 places avec 3 000m² d’espace scénique est en cours de construction au centre de Vevey. L’évènement impose de respecter les traditions mais aussi d’innover technologiquement. L’objectif est de créer un spectacle aussi moderne que grandiose.

Aux commandes, Daniele Finzi Pasca, metteur en scène suisse qui s’est illustré au travers du Cirque du Soleil et de quelques cérémonies des Jeux Olympiques. Sous ses ordres, les 5 500 acteurs-figurants costumés et bénévoles auront à cœur de rendre ce moment magique et poétique. La troupe des Cents Suisses, ces gardes armés de hallebardes qui ont en charge la sécurité de la confrérie et de la cérémonie, sera à l’honneur cette année à l’occasion de ses 200 ans. A en croire les anciens, l’un des moments les plus émouvants du spectacle sera certainement l’interprétation par onze armaillis ténor du « Ranz des vaches », un hymne ancestral consacrant les liens étroits entre vignerons des bords du lac et paysans des alpages.

VEVEY

Palace et Gastronomie
L’Hôtel des Trois Couronnes – Puressens Spa, un cinq étoiles membre des « Leading Hôtels of the world » occupe un bâtiment historique datant de 1842. Très bien situé, en bordure du Léman et au cœur de Vevey, il se trouve à une centaine de mètres de « The Fork », cette fourchette monumentale plantée dans le lac par le plasticien Jean-Pierre Zaugg. Entièrement rénové au début des années 2000, puis agrandi en 2009, il a su conservé l’atmosphère chic et intime de ses origines lorsque les grands de ce monde le fréquentaient. Les 71 chambres et suites luxueuses aux tons neutres et aux tissus griffés sont pour la plupart équipées d’une romantique cheminée. Une vaste terrasse accueille les tables du restaurant « Le Trois Couronnes », 1 étoile au Michelin, et celles de la brasserie gastronomique le « 3C ». L’un comme l’autre sont tenus par le jeune chef Lionel Rodriguez, originaire de Toulouse. Formé chez Ducasse à Monaco puis au Lausanne Palace sous la houlette d’Edgard Bovier, il propose une carte aux saveurs méridionales. Le filet de truite du Rhône, poireaux et sauce champagne est une petite merveille de finesse, très bien accompagné par un subtile Epesses des Frères Dubois, au nom évocateur de « Braise d’Enfer ». Enfin, le Spa équipé de jacuzzi, hammam et de 9 cabines de soins possède une belle piscine de 25 mètres avec vue sur le lac.

Site Internet
Hôtel des Trois Couronnes

Le Chaplin’s World By Grévin
En 1952, personnage non grata aux Etats-Unis, Charlie Chaplin s’est installé avec sa famille dans le Manoir du Ban, sur les hauteurs de Vevey. Cette belle bâtisse, entourée d’arbres centenaires, a été reconvertie en musée en 2016. Dans ce manoir sont réunis pêle-mêle photos, bibelots et meubles de la famille Chaplin. Dans le nouveau bâtiment construit à l’entrée du parc, la carrière cinématographique de Charlot est retracée de manière ludique. Extraits de films, reconstitutions de décors et mannequins de cire se prêtant inlassablement aux selfies, font de cette visite un agréable moment à partager en famille.

Site Internet
Musée Chaplin

La fête des vignerons

Du jeudi 18 juillet au dimanche 11 août, le spectacle de la « Fête des Vignerons » 2019 se donnera quotidiennement dans une arène non couverte. Les 20 représentations se joueront à guichets fermés, en journée à 11H ou 14H, en soirée à 21H. Plusieurs centaines de places seront mises en vente au dernier moment à un prix allant de 79 à 357 francs suisses.

Site Internet
fête des vignerons

Se rendre à Vevey
Lausanne, la capitale du Canton de Vaud, est à 3H40 de Paris en TGV Lyria. Vevey se trouve à une vingtaine de kilomètres de Lausanne. Pratique et économique, le Swiss Travel Pass permet de se déplacer dans toute la Suisse en train, en bus ou en bateau, et donne accès gratuitement à un grand nombre de musées.

Photos©Jean-Luc Guérin et DR