
La croisière s’amuse-t-elle toujours sur ces gigantesques bateaux de plus de 300 m de long et quelques 60 m de hauteur avec 18 ponts capables d’accueillir plus de 3500 passagers et 1800 hommes d’équipage ? Des petites villes flottantes qui s’apparentent plus à des Las Vegas miniatures qu’au chic des traversées transatlantiques sur les mythiques paquebots d’hier, Normandie, Queen Elizabeth ou France.
Avec ces nouveaux mastodontes des mers la croisière s’est démocratisée. Un autre style, d’autres sensations… C’est ce dont nous avons fait l’expérience de Marseille à Syracuse et Tarente, mais en MSC Yacht Club !
Parcours fléché dans le dédale du port de Marseille jusqu’aux terminaux de croisière, porte 4 môle Léon Gourret.. Trois de ces géants des mers sont à quai, monstres marins au repos dans ce décor de rêve. La grande bleue, les montagnes en toile de fond, la ville bigarrée dont on vient de s’extraire, l’esprit déjà en mer, curieux de découvrir ce bateau aux dimensions démesurées. Tous les trois sont énormes, le notre encore plus que les autres. Et c’est évidemment le plus beau, le MSC Splendida d’un blanc aveuglant, immense, presque écrasant.
Dès l’arrivée, le parcours des formalités d’embarquement est pris en main par un « butler » en jaquette , MSC Yachting Club oblige. Test et pass sanitaire vérifiés, nous voilà « embarqués », dans le ventre de la baleine tel le capitaine Achab dans Moby Dick, impressionné par ces entrailles d’acier aux dimensions hors normes. Le majordome parfaitement stylé qui nous est dédié connaît par coeur le chemin qui conduit de ce quasi fond de cale aux quinze et seizièmes pont à l’avant du navire, l’espace réservé du Yacht Club, où nous attend l’une des 71 suites avec balcons sur la mer. Une goutte d’eau dans la mer si j’ose dire, vu que le Splendida annonce quelques 1637 cabines de toutes catégories, d’autre suites avec balcons sur la mer hors Yacht Club, des cabines avec hublot et, en bas de la gamme, des cabines aveugles. Hypothèse bateau plein à ras bord, on serait « un » parmi 4363 passagers avec 1370 personnels d’équipage pour faire tourner la machine.
Vertigineux. Mais en réalité pas du tout comme on s’en rendra compte en partant à la découverte de ces 333,30 m de longueur pour 37, 93 m de largeur, où les piscines et les solariums se succèdent, variant les ambiances et, surtout, répartissant les croisiéristes dans tellement d’espaces différents qu’on finit par ne plus voir qu’on est si nombreux.
Pour l’heure, il est temps de découvrir la cabine, en l’occurence une suite Deluxe Yacht Club avec balcon sur la mer. Elle est grande, de 23 à 29 m2 avec un balcon de 4 à 6 m2 précise la brochure. Fourchette haute ou fourchette basse, je n’ai pas précisément mesuré mais cela ne doit pas faire une grande différence dans le ressenti. Il est clair en tout cas qu’on est là dans les standards des chambres 5 étoiles de la terre ferme. La salle de bains est juste un peu plus petite, mais baignoire et douche et pas de wc séparé. Il y a quand même une gestion mesurée de l’espace. Dressing, literie King Size qualité palace, salon avec canapé, machine Nespresso, coupe de fruits et mignardises, champagne au frais… Privilèges du Yacht Club auxquels s’ajoutent une conciergerie disponible 24h sur 24 et des espaces réservés, le salon Top Sail Lounge avec vue en proue, le pont 18 à l’avant avec piscine, jacuzzis, bar et restaurant au soleil… Tous les ingrédients d’une vie de pacha. On vous livre même chaque matin votre quotidien préféré en fac-similé.
Et la déco tranche avec celle du reste du bateau qui est plutôt paillettes et strass façon Las Vegas. Au Yacht Club, c’est l’inspiration marine luxe, acajou et bleu marine. On est aussi à un pont d’une salle de sport super équipée de machines pour tous les goûts, l’effort face à la mer, et du MSC Aurea spa.
Départ en douceur de Marseille
Dans l’espace Yacht Club, bibliothèque multilangues Suite Deluxe au Yacht Club
Le salon du Yacht Club avec vue sur l’avant depuis le pont 15 Partenariat avec Swarowski oblige, un déluge de cristaux dorés dans les marches d’escalier Piano bar au Yacht Club
Ambiance Club Med dès que l’on sort du Yacht Club avec des animations assez suivies par les croisiéristes les plus accros, c’est à dire la majorité. Séances d’aérobic suivies de séances de break dance, puis d’aqua gym ponctuent les matinées. Piscines, il y en a successivement 4 du milieu du bateau à la poupe, et soleil à volonté.
Tout comme les buffets à spécialités, pizzas, pates, méditerranéen, charcuteries…aux plateaux débordants de beaux produits. C’est un peu la règle de ce style de prestations, appliquée au delà de la lettre par MSC, l’offre doit être de qualité et généreuse.
Et pour ceux qui veulent s’offrir des extras, pour les dîner par exemple, il y a le choix entre 6 restaurants gastronomiques. Le Sea Pavillon, la Villa Verde, le Butcher’s Cut où nous avons pu apprécier un excellent boeuf Angus Heritage de Linz, la Reggia, l’Olivo et le Bora Bora.
Souvenir plus qu’ému des os à moelle et des homards grillés du restaurant dédié au Yacht Club, l’Olivo, situé tout à l’arrière du bateau.
Le tempo croisière vous fait dîner plutôt tôt pour ensuite aller au théâtre, The Strand, une superbe salle en amphithéâtre de 1100 places où le spectacle change chaque soir. Une demi-heure de revue très rythmée et très pro avec des numéros de cirque de haut niveau, héritiers de l’époque d’avant la pandémie, quand c’était carrément le Cirque du Soleil qui se produisait sur certains des bateaux de MSC.
Ensuite, tournée des bars, j’en ai ai compté 8, chacun avec une ambiance différente, du bar à vins à la discothèque en passant par le Cigar Lounge et le Purple Jazz Bar. Et bien sûr le Casino Royal Palm. Le coeur du réacteur lasvégasien. La nuit peut être longue sur le Splendida.
Des os à moelle royaux… … des homards grillés fabuleux à l’Olivo, le restaurant gastronomique dédié au Yacht Club
Le Voyage immobile
Le temps semble s’être arrêté sur cette Méditerranée bleue à l’infini. Le Splendida file vers Syracuse à près de 23 noeuds, soit près de 45 km/h. Il se déplace comme en lévitation sur l’eau, silencieux, sans à coup, un mouvement immobile.
La démesure du bateau rend ce milieu qui nous maîtrise plus qu’on ne le maîtrise amical. Elle inverse le rapport et crée la sensation que rien de désagréable ou de dangereux ne peut nous arriver. Cette masse d’eau qui nous cerne de tous côtés n’est en rien menaçante. Un sentiment de puissance, de domination, nous envahit du haut de ces plus de 60 mètres au dessus du niveau de la mer. Ce silence, cet horizon désert vident la tête. C’est là la qualité rare de ces moments à vivre en solitaire sur le pont au soleil couchant, où au petit matin sur le balcon de sa cabine quant une lumière rose pâle éclaire la côte de Sicile, l’Etna, volcan toujours prêt à se réveiller, encore nimbé de brouillard matinal, puis Syracuse, les manoeuvres d’arrivée, en douceur et en continu, comme réglées au millimètre, une baleine qui se déplacerait aussi délicatement qu’un chat, et l’arrimage au quai.
Il va être temps de débarquer.
La silhouette de l’Etna au petit matin à l’arrivée à Syracuse Syracuse et le curieux sanctuaire de la Vierge aux Larmes en béton signée par les architectes français Andrault et Parat Le château Maniace et la fortification à l’entrée de la rade de Syracuse
Le théatre grec de Syracuse malheureusement souvent dénaturé par des installations théâtrales contemporaines. Construit au 5ème siècle avant J.C., c’est le plus grand de Sicile et l’un des plus grands du monde grec L’oreille de Denys, baptisée telle par Le Caravage se faisant l’écho d’une légende disant que le tyran Denys I écoutait les prisonniers athéniens enfermés dans cette grotte depuis une ouverture encore existante dans la voûte Tombes sur le site antique Les ruines de l’amphithéâtre romain Le jardin du musée archéologique Près du musée, le curieux sanctuaire de la Vierge aux larmes des architectes français Andrault et Parat L’un des Kouros, dénomination des statues de jeunes hommes datant de l’époque archaïque, VII au Vème siècle av.J.C., du musée archéologique Paolo Orsi, le plus important de Sicile Dans le port de Syracuse, l’amusante navette du bateau d’un croisiériste français au mouillage. Quai le long de la presqu’île d’Ortygie où sont les plus beaux palais, la cathédrale, l’église Sainte Lucie « Alla Badia » et son son Carage…. La cathédrale baroque du XVIIIème construite sur l’emplacement d’un temple d’Athena dont les colonnes doriques ont été conservées et intégrées aux murs de la nef. Le château Maniace du XIIIème siècle contrôle l’entrée de la baie
Prochaine escale, les Pouilles, Tarente dans la semelle de la botte
Depuis la passerelle de commandement
L’arrivée sur Tarente Au mouillage dans la rade de Tarente (Tarento pour les Italiens), port doté d’une usine sidérurgique situé au creux de la semelle de la botte. Bateau pilote d’accompagnement jusqu’au quai
Aussitôt débarqué à Tarente, aussitôt embarqué en Van pour aller voir Alberobello en haut du talon de la botte, à mi-chemin entre Bari et Brindisi, dans les terres non loin de la mer Adriatique, classé depuis 1996 au patrimoine mondial de l’Unesco pour ses trulli, ces maisons rondes en pierres sèches appareillées sans mortier aux toits coniques en lauses calcaires typiques de la campagne dans les Pouilles. Il y en a ici plus de 1500 concentrées dans deux quartiers dont l’Alta qui grimpe sur la colline, magnifique et excessivement touristique, un peu la montée au Mont Saint Michel ou les ruelles de Saint Paul de Vence, souvenirs, artisanat incertain, galeries attrapes touristes… Mais quelle beauté quand même.
Et l’on ne saurait trop conseiller le restaurant Trullo D’Oro, Trullo étant le singulier de trulli, la cuisine italienne dans tout son raffinement et sa simplicité. Des légumes et des produits d’excellence, des préparations qui font vibrer ces goûts nature et beaucoup de générosité. Une parenthèse magique au 27 via Felice Cavalotti.
Le quartier de l’Alta Trulli spécial touristes dans le quartier de l’Alta. Signes magiques sur les toits et boutiques de souvenirs à l’intérieur. L’église San Antonio, unique église aux toits façon trulli. Trulli en miniatures mais en vraies pierres dans les boutiques de souvenirs Hétaïre grecque en niche dans le mur d’une maison
Une excellente cuvée locale.
Bari, sur la mer Adriatique, capitale des Pouilles
La deuxième plus grande ville du sud de l’Italie, derrière Naples, avec 325 000 habitants a comme la plupart des villes italiennes un magnifique patrimoine, surtout religieux, à découvrir. La basilique San Nicola, au début du Bari Vecchia, qui date de la domination normande aux XIème et XIIème siècle, abrite les reliques du saint, ce qui en fait un haut lieu pour les catholiques. Tout près et architecturalement plus remarquable encore, la cathédrale San Sabino, construite également par les Normands sur les ruines de l’ancien Dôme byzantin démoli en 1156.
Mais c’est toute la balade dans ce vieux quartier historique qui est une plongée dans une ambiance typiquement italienne où les échoppes sont ouvertes sur les ruelles étroites qui débouchent sur des placettes ombragées où les terrasses bruissent de conversations souvent théâtrales.
En bordure du Bari vecchia, impossible de rater le monumental Castello Normanno Svevo, citadelle normande du XIIème siècle largement reconstruite par Frédéric II de Prusse au XVIIIème.
La cathédrale San Sabino, des XIème et XIIème siècle Eglise du Saint Nom de Jésus La nef de San Nicola Eglise Saint Nicolas qui contient les reliques du saint Détail de la cathédrale San Sabino Cathédrale San Sabino vue de côté Le castello normanno svevo, normand du XIIème siècle et souabe car partiellement reconstruit par Frédéric II de Prusse au XVIIIème
Bari donc, ultime étape de cette croisière méditerranéenne du MSC Splendida que nous avons accompagné jusqu’à mi-chemin. Lui continue en retour de Tarente à Civita Vecchia, le port de Rome avec bien sûr une visite possible de la capitale italienne, puis Gênes son port d’attache.
Au total, 7 nuits à bord pour la croisière complète.
Les tarifs commencent autour de 500€ en simple cabine intérieure. A mon avis, il faut être très jeune et ne pas envisager de dormir beaucoup pour choisir cette option.
Compter probablement 4 fois plus pour le Yacht Club, plus les à côtés, excursions aux escales, restaurants gastronomiques, formule plus luxueuse mais plus en phase aussi avec l’idée que l’on peut se faire d’une croisière.
msccroisieres.fr
www.ristorantetrullodoro.it
Un grand merci à l’équipe de relations presse de MSC, Delphine Lacroix de Peretti, Boris Pankiewicz et à Sylvain Herwig de Matriochka Influences qui furent les grands facilitateurs de cette découverte d’une giga-croisière.