*J’aime le Carnaval des Seychelles
Bien connues de tous pour être un vrai paradis terrestre, les Seychelles le sont moins quant au fait qu’elles organisent tous les ans sur l’île de Mahé, un Carnaval des Carnavals. Invités par le Seychelles Tourism Board ainsi qu’une centaine de journalistes internationaux pour assister au 5ème Carnaval International de Victoria, nous n’avons pas boudé notre plaisir. Trois jours durant, nous avons déambulé dans les rues de Victoria parées pour l’occasion de couleurs chatoyantes, et dévoré des yeux ce spectacle bon enfant au rythme du Séga, de la Moutia et de la World Music.
Photos : Joey MODESTE / Jean-Luc GUERIN
C’est en 1972, à l’occasion de la mise en service de l’aéroport international de Victoria, que s’est tenu le premier carnaval des Seychelles. L’accession à l’indépendance des Seychelles devenues officiellement république du Commonwealth le 29 juin 1976 donnera lieu à un deuxième carnaval puis celui-ci retombera dans l’oubli. 35 ans plus tard, le phœnix renait de ses cendres sous la forme d’un Carnaval des Carnavals. Un rêve ambitieux devenu réalité en avril 2011 lorsque des délégations venues du Monde entier se sont retrouvées à Victoria pour 3 jours de carnaval, de musique et de danse placés sous le signe du melting-pot à l’image du peuple seychellois. Très fiers de leurs origines multi-ethniques (européennes, africaines, indiennes, chinoises…), les Seychellois le sont également de leur Carnaval qu’ils surnomment affectueusement : « the Melting-pot of Cultures » ! Et c’est donc tout naturellement qu’Alain Saint Ange, le Ministre de la culture et du tourisme des Seychelles, a ouvert le 5ème Carnaval International de Victoria en lançant ce message pacifique : « Un évènement culturel qui invite le Monde à se joindre ensemble dans un esprit de dialogue, un esprit de paix, un esprit d’harmonie totale et ce peu importe l’affiliation religieuse, la couleur de peau et les croyances politiques ». A l’heure ou de nombreuses tensions communautaristes s’exacerbent à travers le monde, la voix du plus petit pays du monde fort de ses 93.000 habitants gagnerait à être entendue !Au-delà de l’agitation et de l’excitation qui s’empare de Victoria l’espace d’un week-end de festivités, le Carnaval ce sont aussi ces instants magiques glanés ici ou là comme celui de croiser sur la plage de Beau Vallon la délégation mauricienne en pleine répétition improvisée au rythme d’un groupe de Moutia. Celui de regarder danser sous un soleil de plomb une dizaine de jeunes débordant de vitalité et se déhanchant avec sensualité sur le tempo d’un tambour Séga. Ou encore dans un registre différent, d’assister à l’arrivée spectaculaire au stade Popiler de sa Majesté Royale Otumfuo Osei Tutu II, le Roi des Ashanti du Ghana accompagné d’une imposante délégation en costumes traditionnels, ainsi que d’étonnants musiciens ponctuant les déplacements et le phrasé de sa Majesté par de graves et gutturaux sons de trompe. Tout un cérémonial au diapason de cette grande mixité culturelle ! Vendredi 20 heures, sur la scène du stade Popiler, c’est Patrick Victor « la voix du Moutia » qui a lancé la soirée de concert en compagnie de quelques stars seychelloises comme Jean-Marc Volcy et Sandra Esparon. Bonne musique, « good vibrations » et ambiance assurée sur la pelouse comme dans les tribunes ! Puis les délégations internationales se sont succédées pour un grand spectacle musical et folklorique haut en couleur. Enfin, la fête s’est poursuivie tard dans la nuit, un peu partout dans Victoria.
Samedi 16 heures, c’est un cortège retardé par une météo incertaine qui s’est ébranlé sous un soleil retrouvé. Clin d’œil à la beauté et à l’élégance, avec en tête une tortue géante chevauchée par 4 sirènes rayonnantes : Miss Seychelles, Camila Estico entourée de 3 candidates retenues pour concourir au titre de Miss Monde 2014 : Miss Tanzania Happiness Watimanywa, Miss United States Elizabeth Safrit et Miss Australia Courtney Thorpe ! Il serait fastidieux de vouloir décrire tous les chars qui ont assuré le spectacle près de 4 heures durant mais l’essentiel tient en peu de mots et beaucoup de photos.
Retenons, que certaines délégations comme le Brésil avec les Momo King de Sao Paulo, la Grande Bretagne avec le Notting Hill Road Show Company, l’Allemagne représentée par la ville de Düsseldorf, l’île Maurice ou la Chine… sont de véritables machines de carnaval bien rodées et animées d’une énergie communicative.
D’autres, comme l’Afrique du Sud avec la troupe du Kwazulu-Natal, le Cambodge, la Corée du Sud, l’Espagne, l’Inde, le Swaziland, la Zambie… se positionnent sur un créneau traditionnel et folklorique d’une richesse étonnante. Quelques délégations plus modestes, faute de moyens ou de temps, jouent sur d’autres registres : l’émotion pour la Suède avec une chanteuse unique, le dessin animé et la bande dessinée pour l’Italie. Enfin, the last but not the least, les chars des îles de l’Océan indien et des Seychelles, souvent affrétés par des sponsors comme les compagnies Air Seychelles ou Ethiad Airways et les hôtels Hilton ou Constance, pour n’en citer que quelques uns, apportent l’indispensable touche créole du Carnaval.
Parmi eux, mention spéciale à la délégation du Ministère de l’environnement mobilisée pour la protection du « Koko de mer » communément appelé « Coco-Fesse ». Un coup de cœur pour cette pétillante classe de la Seychelles Tourism Academy qui quelques heures avant le défilé dansait à perdre haleine sous une pluie battante dans une transe collective ressemblant à une invocation au soleil. Incontestablement, cette 5ème édition du Carnaval International de Victoria a été un véritable succès avec la participation d’une trentaine de délégations internationales, d’une soixantaine de chars et de près de 40000 spectateurs venus applaudir cette grande parade multicolore et multiculturelle. Une belle réussite qu’il convient de saluer et à laquelle il faut associer l’Ile de la Réunion, co-organisatrice de l’évènement depuis l’origine.
Un lendemain de Carnaval c’est un peu comme un lendemain de fête, l’heure est aux plaisirs simples. Celui d’aider au petit matin quelques pécheurs à relever pas à pas le lourd filet qu’ils ont patiemment déployé depuis une frêle embarcation à rame en décrivant une large boucle devant le rivage. Celui de boire une Sey Brew, la bière des Seychelles, en observant de sculpturales silhouettes déambuler d’un pas nonchalant sur la plage. Ou encore, celui de savourer sous un arbre jacot un poisson perroquet tout juste pêché et grillé sur un barbecue de fortune en attendant la proclamation du palmarès 2015… Pour la quatrième fois, le premier prix dans la catégorie internationale a été décerné au Notting Hill Road Show de Grande Bretagne et à sa délégation de choc. Seuls les Chinois, avec les Echassiers de Haicheng de la province de Liao Nan avaient réussi à se hisser sur la plus haute marche en 2014, alors que le Brésil, une nouvelle fois deuxième, devra encore patienter pour décrocher le titre. Mais s’il fallait décerner le prix du public, il reviendrait sans aucun doute à la délégation brésilienne. Toujours très entourée, souvent assaillie, parfois même stoppée dans son élan par une foule totalement acquise à sa cause, la troupe des Momo Kings de Sao Paulo a remporté un énorme succès populaire, peut-être la plus belle des récompenses.
BON A SAVOIR
A compter du 1er juillet 2015 les vols directs entre Paris et Mahé reprendront à raison de 3 vols par semaine. Ils seront assurés par la compagnie Air Seychelles en partenariat avec Air France. Les Seychelles seront dorénavant à une dizaine d’heures de vol depuis la France.
LE HILTON SEYCHELLES LABRIZ RESORT & SPA
LE LUXE A L’ETAT NATUREL
Fascinante à observer depuis la plage de Beauvallon, l’île Silhouette intrigue de par ses formes abruptes et mystérieuses! Au soleil couchant lorsqu’elle se pare de subtiles nuances colorées et changeantes, l’appel se fait même irrésistible… Depuis la jetée de Bel Ombre, 45 minutes de traversée suffisent pour rejoindre le tout petit bourg de La Passe, unique bourg de l’île et seul point de débarquement autorisé par la National Park Authority qui veille jalousement sur les lieux. 93% du territoire de cette île granitique culminant à une altitude de 740 mètres, d’une surface de 25 km² et de forme quasiment circulaire est en effet classé en Parc National. De même, la totalité des eaux qui l’environne constitue une réserve marine protégée ! Nous voici donc un beau matin, débarquant dans un autre monde : ici, pas de voiture, quelques cases créoles, un terrain de basket, une école où l’on enseigne la protection de l’environnement au même titre que les mathématiques et un seul et unique Resort entré il y a 2 ans dans le giron du groupe Hilton!
Textes : Jean-Luc GUERIN
Photos : Joey MODESTE / Jean-Luc GUERIN / DR
Jouxtant le bourg de La Passe, le Hilton Seychelles Labriz Resort & Spa s’étale tout en longueur sur une mince langue de terre entre montagne luxuriante et lagon paradisiaque. Coté montagne, 30 Garden villas et 8 Villas de luxe avec piscine privée. Coté lagon, 63 Beachfront villas et 9 Villas de luxe avec piscine privée le long d’une très belle plage de sable fin d’une blancheur éblouissante. Contrainte de se fondre dans la nature, l’architecture du Resort se fait discrète et sans véritable cachet.
Voire franchement austère, lorsque l’on chemine sur le ruban de près d’un kilomètre de long qui dessert les villas. En revanche, la rénovation intégrale des villas réalisée en 2013 par le groupe Hilton est tout à fait réussie : Un mélange de modernité épurée et d’architecture coloniale dans une alternance de bois et de teintes claires. A noter, cette transparence intéressante qui traverse les villas et met en relation visuelle le petit patio arrière avec douche à l’italienne et la terrasse frontale s’ouvrant sur l’océan. Villas et lagon sont séparés par un mince écran végétal alternant cocotiers, takamakas et badamiers, qui a été préservé car aux Seychelles on ne badine pas avec la protection de la nature! Au final un excellent choix car cela ménage l’intimité de chacun, ouvre des perspectives choisies au travers du feuillage tout en réservant des zones d’ombres naturelles et bienvenues lorsque le sable se fait brûlant… Un peu à l’écart et légèrement en hauteur, l’incontournable et très luxueuse villa présidentielle surplombe une magnifique plage, flanquée de quelques-unes de ces superbes pièces de granit qui portent la marque des Seychelles.
Enfin, noyé dans la végétation, niché à flanc de montagne dans un enchevêtrement de blocs granitiques, le Silhouette Spa a reçu en 2013 un « World Travel Award » tout à fait mérité. Un cadre zen où rien ne manque : spacieux volumes pour les soins, jacuzzi, sauna, hamann et piscine à débordement articulés autour d’une élégante terrasse en bois d’où surgissent par endroit quelques proéminences granitiques habilement intégrées!
Si séjourner à Silhouette invite avant tout au farniente et à la rêverie, il serait dommage de ne pas en profiter pour pratiquer le snorkling ou la plongée dans les eaux translucides et ultra poissonneuses de la réserve marine. J’ai pris un grand plaisir à me laisser dériver en palmant mollement au rythme de notre guide aquatique, tout en observant quelques mètres plus bas un fascinant spectacle : une multitude de poissons de toutes tailles se différenciant par leur forme et la diversité des rayures colorées qui les strient, 2 petits requins bien inoffensifs accompagnés de leurs poissons pilote, quelques tortues peu farouches qui se laissent volontiers approchées. Et puis d’imposants bancs de milliers de petits poissons vifs comme l’éclair qui tantôt comme un vol d’étourneau s’éparpillent en tous sens, pour un peu plus tard ressurgir dans une parfaite chorégraphie millimétrée! Autre activité à ne surtout pas manquer, c’est une randonnée dans la jungle qui recouvre la quasi-totalité de l’île, sachant qu’il s’agit de l’une des forêts primaires les mieux conservées de l’Océan Indien et qu’elle abrite plus de 75 espèces endémiques ! Pour rejoindre un petit coin de paradis appelé Anse Mondon, il faut s’attendre à griller quelques calories dans la moiteur tropicale… 260 mètres de dénivelé, 3 kilomètres de sentier en terrain accidenté et résultat, 2 bonnes heures de marche car ici la progression se fait lente et ponctuée d’arrêts pour observer la faune et la flore ou goûter à l’acidité désaltérante de la bigarade sauvage.
Inutile de préciser que sur Silhouette, point de salut hors du Hilton Labriz pour se restaurer ou prendre un verre. A signaler le Lo Brisan, un bar musical ou il est très agréable de boire un cocktail face à l’océan avant d’aller diner. A souligner, 3 restaurants ouverts uniquement le soir qui proposent une cuisine élaborée et typée : Le Portobello, un classique restaurant italien avec une agréable terrasse surplombant un plan d’eau artificiel. Le Teppanyaki, un restaurant japonais dont le cérémonial culinaire du chef est un véritable spectacle. Et enfin Gran Kaz, un restaurant créole pour lequel j’ai personnellement un gros faible ! Installé dans l’ancienne maison de Maitre de la famille Dauban qui dirigea au XIXème siècle une florissante plantation de copra et de vanille, l’endroit a été rénové avec soin pour aujourd’hui retrouver tout le charme et l’apparence d’antan. A l’étage, s’ouvrira prochainement un petit musée retraçant l’histoire de cette grande famille.
A quelques centaines de mètres du débarcadère, il faut aller s’imprégner du calme et de la sérénité qui entoure le mausolée familial où tous reposent en paix!
Au menu de Gran Kaz, un large choix de plats créoles parmi lesquels je recommanderai le Tartare de marlin bleu, la Soupe créole au crabe, le Curry de poulpe, le Jobfish cuit à l’étouffée dans une feuille de bananier et pour conclure un assortiment de desserts créoles accompagné d’un rhum arrangé à la cannelle ! A savourer lentement, confortablement installé dans la varangue et la douceur de la nuit tropicale, un parcours des délices autant qu’un voyage dans le temps ! Il n’est plus nécessaire alors de fermer les yeux, pour être envahi par la douce sensation de vivre à une autre époque.
NOTES DE STYLE
Un cadre idyllique : des plages paradisiaques entre Parc national et Réserve marine ! Que rêver de mieux ? 10/10
Très bien : la décoration et le confort des villas rénovées en 2013. 8/10
Zen : le Spa dans un esprit 100% nature qui a reçu un « World Travel Award »en 2013. 10/10
Lumineuse et spacieuse: la salle de bain des Beachfront Villas qu’un mince écran de verre sépare du patio. 8/10
Un peu étriquée : la piscine coincée entre le bar Lo Brizan et le café Dauban. Cela manque d’espace et d’élégance. 6/10
Pour jouer les Robinsons Crusoé : la plage au pied de la villa présidentielle, accessible à tous, et toujours déserte. 9/10
Incongrue : la structure métallique façon fête foraine qui recouvre la terrasse du Bar Dauban où l’on prend le petit déjeuner. 4/10
Surprenant : le coefficient de marée qui fait disparaitre la plage à marée haute et vide le lagon à marée basse ! 7/10
Romantique et délicieux : un diner créole au restaurant Gran Kaz dans l’ancienne demeure de la famille Dauban. 9/10
Très appréciable : l’amabilité et la gentillesse du personnel ainsi que le service efficace de voiturettes électriques. 9/10
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