Le Massif du Jura est un croissant de lune, long de 340 kilomètres, qui borde la frontière franco-suisse. Du Pays de Gex aux abords de Montbéliard, il s’étale sur 2 régions (Rhône-Alpes-Auvergne, Bourgogne-Franche-Comté) et 3 départements (Ain, Jura, Doubs). Sous la neige, les paysages jurassiens évoquent irrésistiblement les grands espaces des Pays scandinaves ou encore l’univers polaire de l’aventurier Nicolas Vanier. Créée en 2003, la marque « Montagnes du Jura » réunit sous son label 3 stations classées où se pratiquent ski alpin et ski nordique.
Dans l’Ain, la Station des Monts Jura englobe 1 site de ski nordique de renommée internationale (La Vattay) et 3 sites de ski alpin (Lélex-Crozet, Mijoux-La Faucille et Menthières). Le plus haut sommet du Jura, le Crêt de la Neige (1 720 m), se trouve sur son territoire. Distants de quelques kilomètres par la route, les domaines skiables ne sont cependant pas reliés. C’est probablement la plus sportive des stations du Jura et l’Equipe de France de ski alpin s’y entraîne régulièrement.Accessible par un télécombi (un mix de télésiège et de télécabine), le Mont-Rond (1 533 m) est le point culminant du secteur Mijoux-La Faucille. Depuis la terrasse du restaurant d’altitude « Le Grand Tétras », la vue sur la Chaîne des Alpes et le Massif du Jura est exceptionnelle. Avec 28 remontées mécaniques pour 60 km de pistes de ski alpin, 160 km de pistes de ski de fond et 48 km de sentiers raquettes, les Monts Jura sont plutôt bien lotis. Ils ont aussi le privilège de détenir la Réserve Naturelle Nationale de la Haute Chaîne du Jura, une bande montagneuse de 11 000 hectares protégés.
Dans le Jura, au cœur du Parc Naturel Régional du Haut-Jura, la station des Rousses compte 4 villages : Les Rousses, Bois d’Amont, Prémanon et Lamoura. Là aussi, pour changer de secteur alpin, il faut déchausser et prendre voiture ou navette. En revanche, le domaine des Rousses est connecté au Massif de la Dôle en Suisse, ce qui élargit l’offre, sous réserve de ne pas oublier son passeport. Point de repère, visible de loin, l’énorme dôme blanc qui coiffe le sommet de La Dôle (1 677 m) contrôle le trafic de l’aéroport international de Genève. Aux Rousses, au milieu des forêts d’épicéas, toutes les disciplines se pratiquent : ski alpin, ski nordique, ski-joëring, télémark, snowboard, raquettes, luge, chiens de traineaux ou encore le patin à glace sur les lacs et rivières gelés. Avec 40 remontées mécaniques pour 50 km de pistes de ski alpin, 200 km de pistes de ski de fond et 78 km d’itinéraires raquettes, Les Rousses ne manque pas d’attrait.
Sans oublier que c’est aussi le berceau de la Transjurassienne. Une course mythique de ski nordique, ouverte à tous, et en même temps l’une des 20 épreuves du circuit « World Loppet » où s’affronte l’élite internationale. Cette année, les 68 km du parcours Lamoura – Mouthe ont été bouclé dans le temps record de 2H28 mais avec l’aide d’un vent favorable. Un très beau spectacle!
Dans le Doubs, Métabief réunit 3 secteurs de ski alpin (Métabief, Les Longevilles-Mont-d’Or et Jougne) et l’on passe de l’un à l’autre sans devoir déchausser. Le Mont d’Or (1 463 m) est le plus haut sommet. Avec 19 remontées mécaniques pour 37 km de pistes de ski alpin, 167 km de pistes de ski de fond à travers bois et champs, 58 km de sentiers raquettes, Métabief fait jeu égal avec Les Rousses et Les Monts Jura sur le plan des activités nordiques. En revanche, elle se positionne légèrement en retrait au niveau du ski alpin. Petit plus, elle est la station la plus proche de Paris (462 km).
Il faut enfin signaler l’existence de l’Espace nordique jurassien. Cette appellation regroupe 21 domaines nordiques, disséminés aux quatre coins du massif. Cela représente 3 000 km de pistes de ski de fond et 700 km d’itinéraires raquettes ayant en commun de grands espaces sauvages où, dit-on, vivent et se cachent cerfs et lynx boréals. L’espace nordique jurassien permet d’expérimenter la montagne de manière sécurisée et authentique. A noter qu’ici ou en station, pour accéder aux pistes de ski de fond et de raquettes, il faut s’acquitter d’un droit d’entrée. Une nécessaire contribution au balisage, à l’entretien et à la sécurité de ces itinéraires.
Aux Rousses, l’Espace des Mondes Polaires Paul-Emile Victor
Né à Genève, Paul-Emile Victor a passé son enfance à Saint-Claude dans le Haut-Jura. Il était donc tout naturel que sa mémoire et son univers lui survivent ici. Depuis le printemps 2017, à Prémanon, l’Espace des Mondes Polaires a remplacé le vieillissant musée Paul-Emile Victor. Conçu par 2 architectes jurassiens, Gilles Reichardt et Gilles Ferreux, cette construction bioclimatique est en grande partie enterrée afin de réduire les déperditions thermiques. Pompes à chaleur, géothermie ou encore récupération des eaux de pluie viennent en renfort dans une logique éco-responsable. Ce complexe de 5 300 m² abrite l’office de tourisme des Rousses, une salle polyvalente, une patinoire-banquise et surtout le très bel espace des mondes polaires. La scénographie y a été pensée comme un cheminement linéaire et thématique où, de part et d’autre, l’Arctique et l’Antarctique se font face. Un musée très instructif et véritablement lumineux dans tous les sens du terme!
www.espacesdesmondespolaires.org
Le Fort des Rousses
Sur la commune des Rousses, cet ouvrage militaire conçu pour héberger 3500 soldats et 2000 chevaux a été construit sous le Second Empire. Le Fort des Rousses est la deuxième plus grande forteresse de France après le Mont Valérien. Issu d’une famille de fromager, Jean-Charles Arnaud a vite compris tout le potentiel de l’ouvrage : une hygrométrie de 91% et une température de 8 °C tout au long de l’année, voilà des conditions exceptionnelles pour un affineur. Il en a donc fait l’acquisition en 1997 puis s’est lancé dans d’énormes travaux d’aménagement.
Aujourd’hui, 135 000 meules de comté labellisées « Juraflore » y sont stockées en permanence pour un affinage minimum de 12 mois et de 36 mois maximum. Les nombreuses tâches de manutention sont assurées par des robots suisses très sophistiqués qu’il faut voir à l’œuvre et qui sont bien sûr aux ordres du chef de cave. Pour visiter le fort, la réservation préalable sur internet est obligatoire.
www.fort-des-rousses.com
Le Musée de la Boissellerie
A Bois d’Amont, dans une ancienne scierie reconstruite après un incendie, le Musée de la Boissellerie porte la mémoire d’un village qui, en son temps, a fait de l’épicéa sa principale richesse. Dérivée de « boisseau », la boissellerie est un ensemble de techniques artisanales employées pour fabriquer initialement des boîtes en bois. Par extension, le boisselier façonne d’autres objets, des jouets aux skis en passant par les tavaillons, de fines plaquettes d’épicéa servant à isoler les maisons. Dans ce musée, les techniques sont non seulement expliquées mais mises en œuvre sous nos yeux avec les machines et les outils de l’époque. L’arrivée du plastique sur le marché de l’emballage a de fait sonné le glas de ce savoir-faire. La Société Lacroix Emballage, créée en 1946 à Bois d’Amont, a cependant parfaitement réussi sa reconversion. Aujourd’hui spécialisée dans les emballages bois, carton ou plastique, elle emploie une centaine de personnes sur la commune.
www.museedelaboissellerie.com
Le Manoir des montagnes
A quelques kilomètres du village des Rousses, Le Chamois a fait peau neuve pour se métamorphoser en Manoir des Montagnes. Un hôtel de charme, 4 étoiles, très original et cosy, que son nouveau propriétaire, Vincent Clergeot, a décoré avec beaucoup de goût. Les 9 chambres et suites, toutes très différentes, ont en commun d’exposer les toiles du Baron David Lo Brusso Di Mistri. Omni-présentes dans l’hôtel, elles contribuent au caractère énigmatique des lieux. En annexe, le « Chalet Mamun » construit dans l’esprit des greniers forts jurassiens du XVIIIème siècle dispose d’une terrasse avec spa. Le restaurant panoramique de l’hôtel, feutré et stylé, propose quelques grands classiques culinaires et des spécialités locales comme le Mont d’Or au four accompagné de Saucisses de Morteau que nous avons apprécié. Compte tenu du succès de l’établissement, il est prudent de réserver à l’avance.
www.manoirdesmontagnes.com
Le Chalet du Lac
A la sortie des Rousses, le Chalet du Lac est un restaurant accueillant tenu par des Corses. Aussi, se côtoient sur la carte croûtes aux morilles et charcuteries corses, ce qui n’est pas pour déplaire. Eclairée par de larges baies vitrées, la grande salle intérieure est très lumineuse. Par beau temps, la terrasse panoramique qui surplombe le lac peut accueillir une trentaine de convives.
www.restaurant-chaletdulac.com
Aux Monts Jura, La Mainaz
Cet élégant 4 étoiles, rénové de fond en comble en 2016, se trouve au Col de la Faucille (1 250 m). Il jouit d’une vue exceptionnelle sur le Lac Léman et la Chaîne des Alpes. Il dispose de 21 chambres et suites très confortables pourvues d’un indéniable cachet. Un gros regret, l’absence de spa et ce d’autant plus que, face à une pareille vue, jacuzzi, sauna et bassin nordique seraient très attractifs! Le restaurant « La table de La Mainaz » est excellent et raffiné mais les portions servies sont peu généreuses… Pour les sportifs et les gros appétits, la brasserie « Le Panorama » sera sûrement plus appropriée.
www.la-mainaz.com
Le Chalet des Chalets
Pour rejoindre ce tout petit chalet d’alpage, il faut marcher dans la neige, équipé de raquettes, pendant une bonne heure. De nuit, muni de frontales, presque inutiles sous une belle lune montante, la progression en file indienne est lente. Seul le crissement de la neige sous les pas et la vie nocturne de la forêt se font entendre. Quelques haltes pour en apprendre sur la faune et la flore avec notre guide Nicolas et découvrir l’existence des zones de quiétude. De vastes espaces balisés où il est interdit de s’aventurer pour ne pas déranger le Grand Tétras, ce gros coq de bruyère fragilisé par les rigueurs de l’hiver. Parvenus au chalet, une copieuse fondue au Bleu de Gex est un réconfort mérité. Après tarte aux myrtilles et sapinette, un alcool local à base de sapin qui favorise la digestion, nous voilà d’aplomb pour une descente au clair de lune. Des accompagnateurs en montagne, à contacter via les offices de tourisme, proposent toutes sortes de randonnées de ce genre.
A Métabief
Nous n’avons pas encore séjourné à Métabief, ni découvert à proximité « Les Rives Sauvages », l’un des rares hôtels jurassiens avec spa. A suivre…
Dans L’Espace nordique jurassien
Le plateau de Retord
Le plateau de Retord se trouve dans le Haut Bugey, la partie Nord-Est de l’Ain. Il offre des paysages vierges de toute construction, à l’exception de quelques fermes, avec des champs de neige à perte de vue et des collines couvertes de résineux.
Avec 180 km de pistes nordiques balisées et 20 km de pistes réservés aux chiens de traineau, on ne s’y sent pas à l’étroit. Au départ de la Ferme Bertrand, un gite de 14 couchages, nous nous sommes initiés au mushing avec Joël et ses Malamutes d’Alaska accompagnés de Cyndy et ses Huskys de Sibérie. L’apprentissage est rapide, l’expérience plutôt grisante lorsque l’attelage prend de la vitesse en descente, mais pour en être rassasié, il faudrait tout un week-end.
Autre adresse à retenir : l’Auberge de la Chapelle de Retord tenue par les frères Bouvard. Eleveurs de Charolais, ils servent le même menu depuis 30 ans avec les mêmes garanties d’origine : jambon cru affiné par la maison, entrecôte de Charolais de la ferme, fromage blanc bressan et tarte aux myrtilles. Pour nous faire plaisir et mettre leur département à l’honneur, ils nous ont servi une spécialité de l’Ain : une volaille au vin jaune, à la crème et aux morilles, accompagnée d’un gratin de pommes de terre. Un véritable délice! Mais nous reviendrons pour goûter leur fameux Charolais. A 50 mètres de la ferme, la chapelle de Retord a été restaurée dans les années 50 par l’Abbé Frédéric Tarpin-Bernard. Celui-ci a également réalisé le mobilier taillé et sculpté dans le bois des forêts alentours. Une douce lumière filtrée par des vitraux modernes et colorés donne à l’ensemble une harmonie apaisante.
Photos©JLGuérin et DR
Pour se rendre dans le Massif du Jura
Les Monts Jura sont à 40 mn de la gare TGV de Bellegarde et à 30 mn de celle de Genève.
Les Rousses sont à 40 km de la gare TGV de Vallorbe (Suisse), à 45 km de celle de Genève et à 55 km de celle de Bellegarde.
Métabief est à 25 km de la gare TGV de Frasne et à 10 km de celle de Vallorbe (Suisse).
A noter qu’entre Genève et Paris, en première classe business, les TGV Lyria proposent un service de restauration à la place. La qualité et l’amabilité helvétiques y sont très appréciables!