Pour beaucoup, Besançon, c’était l’horlogerie et la citadelle Vauban qui domine la boucle du Doubs où se love cette vieille cité historique qui fut une grande ville romaine. L’horlogerie, c’est fini, balayée par les Japonais et les Suisses. La citadelle tient bon, site majeur et leader des ouvrages de Vauban désormais classés au patrimoine de l’Unesco. Moins connu, mais pourtant sans doute l’un des plus remarquables musées des Beaux Arts hors Paris, le musée de Besançon est doublement exceptionnel. Par son architecture muséale d’abord, oeuvre de l’élève préféré de Le Corbusier, Louis Miquel, qui a conçu un parcours d’accrochage des collections en béton brut, véritable deuxième bâtiment à l’intérieur de celui conçu au XIXème siècle par l’architecte emblématique de Besançon, Pierre Marnotte. Et puis, il y a les collections à voir absolument. Le musée vient de réouvrir après d’importants travaux de rénovation conduit par l’architecte Adelfo Scaranello, de Besançon lui aussi, et un réaccrochage des oeuvres, les peintures comme les pièces archéologiques. C’est l’occasion aussi de découvrir la ville dont le patrimoine historique est loin de se limiter à la citadelle.
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Dans le musée, ex future halle aux grains signée Pierre Marnotte en 1843, cet aménagement en béton brut de décoffrage, en fait comme un deuxième bâtiment à l’intérieur du premier, un labyrinthe qui détermine le parcours de visite et un accrochage des oeuvres, a été ajouté en 1970. Conçu par Louis Miquel, un élève et disciple de Le Corbusier, il a été la réponse à un besoin d’agrandissement du musée pour accueillir l’importante donation Besson d’art moderne.
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Beaucoup de perspectives et un parcours rythmé par des rampes inclinées pour passer de niveau en niveau.
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Dans la dernière rénovation, entre 2015 et la réouverture en novembre 2018, l’architecte Adelfo Scaranello a beaucoup travaillé sur la lumière naturelle notamment en créant des puits de lumière.
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Les néons de François Morellet.
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Couronne d’épines ? Vincent Barré
Ne serait-ce pour la collection réellement exceptionnelle du
Musée des Beaux Arts et d’Archéologie de Besançon créé en 1694, plus d’un siècle avant le musée du Louvre, et qui vient de réouvrir après une très importante rénovation (octobre 2015-novembre 2018 et 11 millions d’euros investis) conçue par le désormais troisième architecte du bâtiment,
Adelfo Scaranello, un natif de Besançon, le voyage en Franche-Comté vaut aussi et tout autant pour la découverte de ce curieux et passionnant objet architectural construit par
Louis Miquel, une construction en béton armé implantée dans la cour du bâtiment édifié à la fin du XIXème siècle par l’architecte « officiel » de Besançon ,
Pierre Marnotte, et initialement destiné à être une halle aux grains. Le traitement de surface de ce béton brut de décoffrage est très rustique -trop ?-, à la Le Corbusier dans l’agence duquel travaillait Miquel au point de passer pour son élève-disciple préféré, loin en tout cas du raffinement par exemple du Japonais Tadao Ando, autre grand maître dans l’utilisation du béton. Mais ce labyrinthe où l’on ne se perd pas trace un singulier parcours de visite où l’on progresse d’un niveau à l’autre en empruntant des rampes à pente douce qui ouvrent de multiples perspectives.
Un concept muséal inspiré du musée à croissance illimitée imaginé par Le Corbusier. On pense aussi à la rampe hélicoïdale du Guggenheim de Franck Lloyd Wright à New-York. Edifiée en 1970 pour agrandir le musée qui devait accueillir
la collection Besson, plusieurs centaines de peintures et de dessins modernes, ce musée dans le musée, initialement proposé à Le Corbusier lui-même qui, trop occupé par la construction de Chandigarh, du musée d’Ahmedabad et d’un autre à Tokyo, transmit la commande à Louis Miquel, est maintenant plus ouvert à la lumière naturelle, Adelfo Scaranello ayant notamment créé des puits de lumière en retravaillant les plafonds et prévu une plus grande ouverture des fenêtres de façade en abaissant leurs allèges dans la partie archéologie du musée. Si bien qu’on peut aussi voir les oeuvres depuis la rue. Superbe écrin pour cette collection présentée dans un nouvel accrochage.
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La Vierge, l’Enfant et saint Jean-Baptiste. Simon de Châlons. Vers 1540.
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Le tryptique de Notre-Dame des Sept-Douleurs. Bernard Van Orley. Vers 1530.
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Deux belles vitrines mises en scène comme des cabinets de curiosité avec des peintures de maîtres du XVIIème.
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L’une des oeuvres majeures du musée, ce grand Bronzino, Déploration sur le Christ mort, peint en 1543-1545. Considéré comme l’un des tableaux italiens les plus précieux des collections publiques françaises.
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Vierge à l’Enfant de Zanobi di Jacopo Machiavelli. Vers 1455-1458.
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Portrait d’homme. Tiziano Vecello dit Le Titien. Vers 1515-1520.
Coffre espagnol à secrets du XVème siècle.
Saint Ferjeux, Saint Ferréol, Saint Etienne, statues d’albâtre de Claude Arnoux, dit Lulier. 1549-1554.
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Le Saint Férréol de Just Bequet, sculpteur né à Besançon en 1829. Vers 1903.
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Pied en marbre de Mauro Corda, né en 1960 à Lourdes. 2005.
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Le Reliquaire, du même Mauro Corda. 2004.
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Querelle de joueurs dans un corps de garde. Attribué à Jean Valentin dit Valentin de Boulogne. 1591-1632. Il y a là comme une ombre du Caravage.
DE REMARQUABLES COURBET ET BONNARD
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Oeuvres du XIXème siècle. Au fond, les Courbet, le peintre franc-comtois né à Ornans.
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Jézabel mordue par deux chiens. 1889. Marbre blanc. Léon Auguste Perrey.
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La grande toile de Gustave Courbet, L’Hallalli du cerf, revenue du musée d’Orsay à Besançon.
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Buste de Gustave Courbet parJules Dalou, lui aussi républicain et proche de la Commune. 1887-1890.
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Les Courbet du musée de Besançon. Le Grour de Conche.
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Autoportrait.
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Les paysans de Flagey revenant de la foire. 1850; Gustave Courbet.
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« Et la neige. Il a peint la neige comme personne ! » disait Cézanne de Courbet.
La jalousie au sérail. 1874. Fernand Piestre, dit Cormon.
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L’Eternel Printemps. Vers 1884. Auguste Rodin.
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La Place Clichy. 1912. Pierre Bonnard. Panneau commandé par Georges Besson pour la décoration de son salon.
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Et un deuxième panneau de Bonnard: le Café du Petit-poucet. 1928.
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La Mer (Mer et rochers de Bretagne). Charles Lapicque. 1981.
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Présentation de la tablette interactive de visite du musée devant la Nature morte au lierre d’Henri Matisse. 1916. Et à droite, le Grand nu de Jean Puy. 1923.
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Le port de Naples. Albert Marquet. 1909.
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La Seine à Grenelle. Albert Marquet. 1922.
Marthe à sa toilette. Pierre Bonnard. 1919. Son modèle pour ses premiers nus. Il l’épousera en 1925.
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Dans la partie archéologie, les mosaïques du sol d’une villa romaine, Domus mise à jour en bordure du Doubs à Besançon.
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Le Triomphe de Neptune. Mosaïque romaine. IIème siècle apr.J.C.
C’est une succession d’importantes donations qui fait la richesse de ce musée, le premier créé en France à l’occasion de la donation à la ville de la collection d’un certain abbé Boisot elle-même très largement composée d’oeuvres venus de la famille Granvelle, l’homme du palais du même nom, l’un des bâtiments du patrimoine bisontin les plus remarquables. Nicolas Perrenot de Granvelle fut au XVIème siècle l’homme de confiance de Charles-Quint alors suzerain de la ville. Autre grand donateurs, Pierre-Adrien Pâris, architecte de Louis XVI, peintures, objets rapportés d’Italie, vestiges archéologiques étrusques et romains, puis à la fin du XIXème le peintre Jean Gigoux qui lègue 3000 dessins et 460 tableaux. Et pour l’époque moderne, c’est la donation Besson, 112 peintures et 221 oeuvres graphiques, avec ses Marquet, ses grands Bonnard entre autres oeuvres majeures, donation qui fut la raison de l’agrandissement du musée par Louis Miquel dans les années 60, un coup de maître de l’architecture muséale qui vaut presqu’à lui seul le déplacement à Besançon.
Outre sa section archéologique très riche du passé de capitale romaine de ce site de Besançon, parmi lesquels le spectaculaire taureau à 3 cornes dit Taureau d’Avrigney, du 1er s. après J.-C, le musée présente de belles collections du Moyen-Age et de la Renaissance avec une section consacrée à la Venise du XVIème siècle représentée par des oeuvres de Bellini, Titien, Bassano, Tintoret. Ce sera aussi l’occasion de découvrir les délicates huiles sur bois, Adam et Eve, deux panneaux de Lucas Cranach, dit l’Ancien.
Le XVII ème a son oeuvre majeure, l’un de ces tableaux qui provoque à lui tout seul le déplacement des amateurs, un peu le même syndrome que la Joconde au Louvres pour les Japonais. Ici c’est un Bronzino, Deploration sur le Christ mort. Grand format, une sorte de chapelle pour lui tout seul au détour de la rampe de béton. Bien mis en valeur. Tout amateur d’art se doit de l’avoir vu.
Il y a aussi une belle salle XIXème avec pas mal de Courbet dont le monumental Hallali du cerf qui fit dire à Cézanne qu’il peignait la neige comme personne.
On doit à la donation Besson de pouvoir découvrir ici quelques très beaux Bonnard, une grande Marthe à sa toilette, et des panneaux peints, La place Clichy, Le café du Petit-poucet qui décoraient le salon du collectionneur-donateur.
Et on ne manquera pas de remarquer toute une série d’oeuvres contemporaines accrochées ou posées ici et là, mitoyennes des oeuvres classiques. Des néons de François Morellet, des sculptures chimériques, surréalistes de Mauro Corda… En tout une quinzaine d’artistes vivant qui ponctuent le parcours et bousculent le regard qu’on porte sur toutes ces oeuvres de Maîtres anciens.
BESANCON, UN MUSÉE REMARQUABLE MAIS PAS QUE… IL Y A AUSSI TOUT UN PATRIMOINE ARCHITECTURAL
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Magnifiques fenêtres de la façade sur la Grande Rue du Palais Granvelle bâtit en 1532.
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La cour d’honneur du Palais Granvelle. 1532. Dans le style des palazzi Renaissance italiens.
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Galeries ouvertes au rez-de-chaussée et couvertes à l’étage. Granvelle était ambassadeur et Garde des Sceaux de Charles-Quint.
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L’entrée du Palais Granvelle, Grande Rue, qui abrite le Musée du Temps.
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L’église Saint Maurice dans la Grande Rue.
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La Porte Noire romaine, restaurée par Pierre marnotte, son premier grand ouvrage à Besançon.
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En perspective depuis la Porte Noire, le portail principal de la cathédrale Saint Jean.
Face à la cathédrale, bel hôtel XVIIIème.
La nef de la cathédrale Saint Jean, consacrée en 1148, a la particularité de relier deux absides, celle du choeur orientée ouest qui date du XIIème roman et gothique et une abside orientale de style baroque du XVIIIème.
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L’abside orientale baroque du XVIIIème.
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La Vierge aux Saints, chef d’oeuvre du florentin Fra Bartolomeo date de 1512.
Le tombeau de Ferry Carondelet (1473-1528), chanoine au Chapitre de Saint Jean et commanditaire de la Vierge aux Saints. Le gisant surplombe une expression plus tragique de la mort dans la partie inférieure.
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Beaux immeubles classiques dans le centre-ville.
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L’église Sainte Madeleine.
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Le quai Vauban le long du Doubs.
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La synagogue de style néo-mauresque construite par Pierre Marnotte en 1869. Inscrite aux Monuments historiques.
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La Tour de la Pelote tout juste restaurée. Elle date de 1475 et fut ajoutée aux remparts de la ville pour résister aux nouvelles armes à feu. Conservée par Vauban dans ses travaux de remaniement des remparts.
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La charpente d’origine a été intégralement reconstruite dans les règles.
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Face au Musée des Beaux Arts, rue Goudmel, le Temple et la Galerie du Saint Esprit.
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La statue du marquis Jouffroy d’Abbans (1751-1832), gloire locale qui fit la première expérience de navigation à vapeur sur le Doubs en 1776.
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Les bouches à feu dans la Tour de la Porte.
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L’entrée de la citadelle Vauban à Besançon.
ET LE FRAC DE FRANCHE-COMTE
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Le FRAC de Franche-Comté dans la Cité des Arts et de la Culture de Besançon. Un nouveau bâtiment conçu par l’architecte japonais Kengo Kuma inauguré en 2013.
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Celadonie de Swetlana Heger, c’est l’amour dans l’oeuvre utopique de Charles Fourier, natif de Besançon ( 1772-1832)
Site Internet
MBAA de Besançon
Site Internet
Besançon Tourisme
— Dominique Bouchet
Architecte de formation, journaliste par un détour de l'histoire dans les années 70. Une première approche du tourisme et du voyage via sa fonction de DGa au groupe Liaisons/Wolters Kluwer jusqu'au début des années 2000, l'hebdo pro Tour hebdo et le salon Mitinternational étant dans son portefeuille opérationnel.Puis, il a créé la Compagnie Editoriale, créatrice de magazines et fournisseur de contenus éditoriaux.